Le colloque « La céramique : épreuve du feu et transmutation de la matière » est organisé dans le cadre de l’axe de recherche « Les temporalités des pratiques artistiques contemporaines » du Centre de recherche en art et esthétique (CRAE). Il est ainsi consacré à la création céramique, thème porté par les structures de Beauvais, du Safran et de l'Université Picardie Jules Verne.
Ce colloque « s’inscrit dans un axe de réflexion sur les temporalités dans les pratiques artistiques contemporaines. Un certain nombre de thématiques dans le champ de la sculpture a déjà été traité dans des colloques précédents notamment celles de la répétition, de la réactivation, de l’éphémère. La question du processus qui développe des pratiques et engendre des formes est ici abordée dans le champ de la céramique en interrogeant cette spécificité propre aux arts du feu, la transmutation des états de la matière.
La maîtrise du feu a certainement participé à l’évolution de l’homme et celle de la température apparaît bien comme la variable qui commande les métamorphoses de la matière – solide, liquide, gazeux. L’« espace d’une cuisson » correspond pour Jean Girel au « cycle des roches dans l’univers ».
« Une pièce réussie qui sort de cette épreuve sera porteuse de ce paradoxe ; née dans l’espace d’un mois, d’une saison, dans le temps court d’une vie d’homme, elle donne à voir et à caresser, dans son existence minérale, le fruit du mariage intemporel des éléments, tout comme si sa genèse avait été l’éternité." (Jean Girel, Entretien avec Ghislaine Vappereau, juillet 2016). La céramique s’inscrit donc à la croisée d’une géophysique du monde, d’une dimension géologique du temps et d’une histoire culturelle et artistique (Jean Girel, La Sagesse du Potier, Éditions Jean-Claude Béhar, 2004, p.78-79).
Avant même d’être utilitaire, la céramique a souvent été associée à des rituels. La passion suscitée par la céramique depuis ses débuts (divination chamanique, dépôt funéraire, recherche de la porcelaine, cérémonie du thé…) repose en partie sur cette quête du sublime pris dans son sens premier – qui se transforme en gaz – comme dans son sens abstrait – qui atteint une excellence sensorielle et spirituelle.
Ce passage du feu ne rejouerait-il pas l’histoire des origines? La physique ne serait-elle pas en train de reprendre en charge la métaphysique? La théorisation a besoin de phases de représentation avant de produire de nouvelles anticipations. Ne pourrions-nous pas considérer que ces céramiques seraient à une bien moindre mesure ou peut-être à une échelle humaine, des représentations poétiques, artistiques de l'histoire de l’univers nourrissant l’imaginaire ?
Cette thématique à la base même de la céramique sera interrogée par des scientifiques, des historiens de l’art et par des céramistes contemporains qui expérimentent les assemblages de matières premières, de montées et descentes en température – accrétion, fusion, congélation, vitrification, déformation – comme autant d'intentions artistiques où le sens est consubstantiel à la technique et à la genèse de la forme ».
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