4.Bron (Rhône) : villa Rhodania
La villa Rhodania présente au point de vue de l'histoire et de l’art un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de l’histoire du lieu et de sa proximité avec l'aménagement du parc de Parilly, vaste projet conduit par le conseil départemental du Rhône sur les communes de Bron et de Vénissieux, à partir de 1930.
- fin 19e - 20e siècles -
inscription au titre des monuments historiques le 09 décembre 2020 de la villa Rhodania en totalité, son jardin et ses dépendances bâties, ainsi que sa parcelle ceinte de murs.
© DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Sur cette parcelle, une première construction est due, dans le troisième quart du XIXe siècle, à Joseph Mons, négociant. À l’emplacement de cette première villa, dont certains éléments ont pu être conservés dans le nouvel édifice, une nouvelle villa fut élevée en 1919-1920. Elle prit le nom de Villa Hostein, du nom de son propriétaire Charles-Antonin Hostein, industriel à l’activité florissante, spécialisé dans la fabrication de poutrelles métalliques, ayant précédemment collaboré avec Tony Garnier pour la construction des abattoirs de la Mouche entre 1910 et 1914.
En 1934, un concours d’architecture fut lancé pour l'aménagement d’un grand parc départemental sur le site de Parilly. Le préfet Émile Bollaert (préfet du Rhône de 1934 à 1940), en sa qualité de représentant du Département, procéda à l'acquisition de la villa Hostein, jardin et dépendances, pour les intégrer dans le projet du parc de Parilly. Le 19 juin 1940, le préfet Bollaert fut pris en otage par l'armée allemande puis relâché. Le 25 septembre 1940, relevé de ses fonctions et mis à la retraite d'office pour avoir refusé de prêter serment au maréchal Pétain, le conseil général du Rhône l'autorise à séjourner dans la villa Rhodania, jusqu'à ce qu'il obtienne, pour lui et sa famille, l'autorisation de franchir la ligne de démarcation pour regagner son domicile parisien, en zone occupée. La villa hébergea également la veuve du Préfet Bonnefoy, mort en déportation. La villa fut par la suite mise à disposition par le Département aux préfets successifs comme lieu de repos. Au début des années 2000, sa mise en vente fut évoquée, sans suite. Elle reste utilisée par les services de la préfecture du Rhône. Située aux abords du grand parc et des voies de communication, de belle qualité architecturale et en lien direct avec la nature, la villa Rhodania fut épargnée de la destruction qui fut le sort de nombreuses constructions des environs en vue de l’aménagement du parc. Elle ne fut pas directement intégrée dans le parc en tant que telle, mais maintenue comme résidence départementale de proximité.
Patrimoine de la ville de Bron, cette villa occupe une extrémité de la balme de Parilly et possède un point de vue magnifique sur l'agglomération lyonnaise. Du point de vue de l'histoire de l'architecture, sa construction libre (peut-être réalisée sans architecte mais avec la technique d'un ingénieur constructeur) s'adapte bien à son environnement naturel, par de larges baies ouvrant sur le jardin. Les toitures sont à fort débord et les horizontales marquées suivent la morphologie du terrain en pente douce au sommet duquel elle trône. En matière d'architecture, les courants de pensée qui ont présidé à sa construction la rattachent à l'influence des écoles de Chicago et du style "prairie" selon la problématique de construire des habitations dans de grands espaces où l'aspect naturel prime sur l'aspect urbain. Un concept d'habitat très moderne pour l'époque, au cœur d'un espace organisé pour l'économie domestique et la plaisance, à l'échelle d'une famille aisée du début du XXe siècle.
Partager la page