Une grande voix du théâtre s’est tue. C’est avec une grande tristesse que j’ai appris hier le décès du comédien, metteur en scène et directeur de théâtre Didier Bezace à l’âge de 74 ans.
Didier Bezace avait commencé sa carrière avec la prometteuse aventure collective de la Cartoucherie. Avec Jacques Nichet, récemment disparu, et Jean-Louis Benoît, ils cofondent en 1970 le Théâtre de l’Aquarium. Après 27 ans pendant lesquels il codirige le lieu et participe en tant que comédien ou metteur en scène à tous les spectacles, il quitte ce site exceptionnel du bois de Vincennes pour rejoindre la ville d’Aubervilliers. A la tête du Théâtre de la Commune, Centre Dramatique National d’Aubervilliers, qu’il dirigea pendant 16 ans, Didier Bezace fut sans relâche l’ardent défenseur d’un théâtre public exigeant et populaire.
Parallèlement à ce parcours exceptionnel, récompensé en 2005 par deux « Molière » pour son adaptation et sa mise en scène de La Version de Browning, il a toujours poursuivi ses activités de comédien au cinéma et à la télévision. Il s’est illustré dans des registres les plus divers, des films de Bertrand Tavernier (L.627, Ca commence aujourd’hui) aux comédies de Jeanne Labrune. Sa voix chaude et grave, reconnaissable entre toutes, est probablement ce qui marque le plus nos mémoires.
Depuis 2014, il poursuivait ses activités de création théâtrale au sein de sa compagnie L’Entêtement amoureux avec l’accompagnement du ministère de la Culture. Infatigable défenseur du verbe, il n’a cessé de témoigner de son amour des mots, comme récemment encore avec les textes de Louis Aragon et d’Elsa Triolet qu’il partageait avec délectation aux côtés de sa complice Ariane Ascaride.
Franck Riester, ministre de la Culture, adresse à sa famille, ses amis et à ses proches ses plus sincères condoléances.