Monsieur le Préfet,
Monsieur l’Ambassadeur Gerhard KÜNTZLE, Représentant Permanent auprès du Conseil de l’Europe et Consul Général de la République fédérale d’Allemagne à Strasbourg,
Monsieur le Député, Président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale, Cher Bruno STUDER,
Madame la Sénatrice, chère Fabienne KELLER,
Mesdames et messieurs les Parlementaires,
Monsieur le vice-Président du Conseil Régional, cher Philippe MANGIN,
Monsieur le Président de l’Eurométropole, cher Robert HERRMANN,
Monsieur le Maire, Cher Roland RIES,
Monsieur le premier adjoint, cher Alain FONTANEL,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
« Il paraîtra plaisant de parler de nation européenne à l'heure où certains peuples affirment leur volonté de s'accroître, aux dépens de leurs voisins […] ; où les autres s'attachent, avec une force accrue d'autant, à conserver leur être menacé ; où les moins appétents, parce que les mieux repus, n'admettent pas de résigner la plus petite partie de leur souveraineté.
Pourtant, au sein de chacun de ces peuples, il existe des Hommes qui veulent unir les peuples, des Hommes qui pensent à « faire l’Europe » ».
Ces mots de Julien BENDA auraient pu être prononcés aujourd’hui. Et ils auraient trouvé un écho particulier, ici à Strasbourg, où ces Hommes n’ont jamais cessé de lever la voix. Penser à « faire l’Europe ».
L’actualité, la permanence de cette injonction nous a été rappelée, avec une violence inédite cette année. La décision prise par le Royaume-Uni d’engager sa sortie de l’Union nous a ramené à une évidence que nous ne voulions plus voir : lorsque l’on cesse de la faire, l’Europe se défait.
Cette exposition est une sublime plongée dans le passé, mais c’est au fond un brillant rappel au présent, avec, plus largement, la manifestation organisée dans toute la ville par les Musées de Strasbourg et l’Université. L’Europe a été portée, elle a progressé. Nous n’en sommes plus au stade du « laboratoire ». Mais elle reste à « faire ».
C’est l’une des grandes priorités du Président de la République, pour ce quinquennat. Je suis totalement mobilisée pour l’accompagner. C’est par la Culture, que nous refonderons le projet européen. Et je crois que nous pouvons le faire en nourrissant, par la Culture, trois promesses fondatrices : la protection, la liberté, et la solidarité.
La protection, d’abord. C’est la première promesse de l’Europe à ses citoyens. Et c’est effectivement à cette échelle que la protection se construit désormais : sur le plan économique, sur le plan sécuritaire, et aussi sur le plan culturel. Ce n’est plus seulement à l’échelle nationale. Nous avons donc à porter une Europe protectrice de notre modèle, c’est-à-dire une Europe protectrice du principe d’exception culturelle, car c’est à cette échelle que se négocient les grands accords commerciaux.
Une Europe protectrice du principe de diversité culturelle, car c’est aussi à cette échelle que se jouent les régulations face aux géants numériques. C’est de façon collective, avec nos voisins, que nous devons faire front commun : pour le strict respect du droit d’auteur, la lutte contre le piratage, la juste répartition de la valeur. Et une Europe protectrice, aussi, de notre patrimoine.
C’est un terrain sur lequel je suis particulièrement mobilisée. Le patrimoine que nous abritons en France est aussi exceptionnel que fragile. Nous devons sans cesse le défendre, le restaurer, le conserver. Les musées comme le vôtre participent directement de cette ambition. Nous en avons plus de 1 000 en France. Un réseau unique. Ils accueillent plus de 60 millions de visiteurs par an. Je suis évidemment pour les soutenir.
Le patrimoine est un enjeu qui se porte aussi à l’échelle européenne. Le Président de la République l’a réaffirmé dans son discours à Athènes, le 7 septembre : « Il nous faut une Europe du patrimoine ». Il a invité au lancement d’Assises européennes du patrimoine, pour définir une approche coordonnée sur le sujet. Je suis extrêmement mobilisée, depuis mon arrivée, pour conduire les discussions avec nos voisins sur ces sujets.
J’ai d’ailleurs invité les ministres européens de la culture à une rencontre : mi-octobre, en marge de la Foire du livre de Francfort, dont la France est l’invitée d’honneur. Nous aborderons les enjeux que je viens d’évoquer.
La seconde promesse européenne, c’est la liberté. Et là encore, c’est un principe fondateur que nous pouvons renforcer par la Culture. C’est l’esprit de l’Erasmus de la culture qui vise à favoriser la mobilité des artistes, la circulation des professionnels de la culture d’un pays à l’autre : les conservateurs, les traducteurs…
C’est en renforçant cette liberté que nous favoriserons les ponts, les collaborations, les échanges. C’est en renforçant ces échanges que nous renforcerons l’esprit européen de nos concitoyens. Louise WEISS disait que c’est ici, à Strasbourg, qu’il est « le plus ouvert et le plus pur ».
Je sais pouvoir compter sur chacun, pour en répandre le souffle, pour le partager. Je veux saluer les initiatives « hors les murs » déployées dans le cadre des différentes expositions et manifestations de ce programme, qui sont accompagnées par le tissu associatif, qui permettent à cette initiative de traverser tous les quartiers de la ville.
Cela m’amène d’ailleurs à mon dernier point… La troisième promesse européenne que nous pouvons nourrir par la culture, c’est la solidarité. Elle commence au sein de nos propres frontières, et c’est un axe structurant de notre politique culturelle. Solidarité entre les citoyens, entre les territoires : nous ferons « plus » pour ceux qui ont « moins ».
Nous accompagnerons en priorité les plus isolés, les plus éloignés de la culture.
Solidarité, ensuite, avec nos voisins européens, et je pense ici aux accompagnements conjoints que nous pourrons organiser, pour accompagner nos artistes, nos créateurs, nos industries culturelles.
Je pense aux collaborations entre musées, justement. Ou à des fonds de soutiens communs, comme celui que nous portons avec l’Italie dans le cinéma. L’Europe, c’est cela. L’idéal de solidarité européen, enfin, a une portée universelle. Une portée qui peut oublier les frontières. Je pense à l’accueil réservé aux migrants qui arrivent sur le continent.
Et je veux ici rappeler des mots que notre Président de la République a eu, particulièrement juste : c’est « un défi immense, mais qui requiert aussi une immense humanité, une humanité exigeante », a-t-il dit.
Les initiatives prises par les milieux culturels dans ce domaine sont nombreuses, et absolument essentielles pour permettre aux familles d’apprendre le français, ou d’accéder à des activités, à des sorties culturelles. L’esprit européen, c’est aussi celui-ci. Et encore une fois, la culture le fait grandir. Voilà les quelques mots que je voulais avoir aujourd’hui.
En nous plongeant dans cette période fondatrice – 1880-1930 – cette exposition et cette manifestation portées par Strasbourg nous rappellent l’urgence du présent. Et la responsabilité qui est la nôtre : décideurs publics, acteurs culturels.
Je veux remercier les deux commissaires de cette exposition :
Joëlle PIJAUDIER-CABOT, directrice des musées de Strasbourg, dont je sais que cette exposition est la dernière et qui nous laisse un héritage splendide.
Merci à Roland RECHT, également, qui l’a précédée dans ses fonctions, et qui continue d’accompagner le travail ici.
Merci à Michel DENEKEN, Président de l’Université de Strasbourg.
Merci à tous les partenaires de ces événements ;
Merci aux collectivités territoriales mobilisées.
Merci de contribuer, ici, à Strasbourg, à « faire l’Europe ».
En portant la triple promesse que j’évoquais.
Le ministère de la Culture sera toujours là pour vous accompagner.
Je vous remercie.