Monsieur l’Ambassadeur de France,Messieurs les Ministres,Mesdames et Messieurs les parlementaires,Monsieur le Gouverneur,Monsieur le Maire,Monsieur le Président de la Société Franco-Japonaise de Fukushima,Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,Mesdames et Messieurs,Chers amis,

La solidarité est intempestive - comme les catastrophes. Elle n’a jamais de
temps qui lui est propre, elle échappe au ballet incessant des opportunités,
elle est toujours inactuelle. Elle est tout simplement la marque de l’amitié.

Les mots me manquent pour vous dire l’émotion que je ressens à être
parmi vous ce soir, ici dans cette belle région du Tohoku, aux côtés des
habitants de la préfecture de Fukushima, dont le courage dans l’adversité a
rempli le monde entier d’admiration.

Il y a 4 mois, presque jour pour jour, le 11 mars 2011, le Japon était
foudroyé par le déchainement des éléments naturels. Le monde entier
assista, stupéfait, aux images du tsunami qui balaya la côte du Tohoku.
Puis, comme un nouveau coup du sort, vint la menace invisible émanant
de la centrale de Fukushima. Tout cela, nous l’avons vécu avec vous. Le
11 mars, nous sommes tous devenus des Japonais.

Après la stupeur est venu le temps du recueillement. Mes pensées vont ici
à l’ensemble des victimes, aux morts et aux disparus, et à leurs familles.
Elles vont aussi à tous ceux qui ont dû quitter subitement la terre où ils
vivaient, souvent depuis des générations. Je souhaite leur exprimer
aujourd’hui ma sympathie et mon profond respect.

Temps de recueillement mais aussi temps de reconstruction et d’espoir.
Tant de fois dans l’histoire du Japon le poisson-chat des anciennes
légendes s’est réveillé, tant de fois la terre a grondé, mais tant de fois aussi
le peuple japonais a su faire face. En 1923, le « poète-ambassadeur » Paul
Claudel avait été témoin du terrible tremblement de terre du Kanto. Il avait
décrit l’horreur de voir « la grande terre bouger comme emplie tout à coup
d'une vie monstrueuse et autonome ». Mais, il avait aussi été frappé par la
capacité du peuple japonais à surmonter les difficultés et reconstruire
l’avenir.

Aujourd’hui, la France, en célébrant sa Fête nationale à Koriyama, exprime
sa solidarité et sa confiance dans la reconstruction du Japon. La devise de
la République Française est « Liberté, Egalité, Fraternité ». C’est cette
fraternité qui nous réunit ici, pour renouveler l’amitié franco-japonaise. Car,
j’en suis certain, de même que le Japon sortira plus fort et plus fraternel de
l’épreuve, cette longue histoire d’amitié entre nos deux pays va voir s’ouvrir
une de ses plus belles pages dans les mois et les années à venir.

Dans l’histoire de cette amitié, nos relations culturelles occupent une place
centrale. Déjà très riches dans tous les domaines, nous pouvons les
intensifier. Demain, je me rendrai à l’Université du Tohoku, où se trouve un
remarquable département de langue et de littérature françaises. À Paris, au
début de l’année 2012, le Japon sera à l’honneur au Salon du Livre. Dans
le domaine du cinéma, qui est si cher à nos deux pays, des pistes s’offrent
à nous pour développer les coproductions franco-japonaises et notre
coopération en matière de formation de nos professionnels. Sur les terres
de l’art contemporain, là aussi, nos collaborations déjà étroites en termes
de soutien à la création peuvent s’avérer très fécondes.

À l’ère du numérique, enfin, les règles du jeu en matière de droit d’auteur et
de financement de la création sont en train d’être redéfinies, à l’échelle
globale. Le Président de la République m’a demandé d’organiser, dans le
cadre de la présidence française du G8 et du G20, un sommet sur ces
questions, qui sont cruciales pour l’avenir de nos politiques culturelles. Il se
tiendra en Avignon les 17 et 18 novembre prochain. Là aussi, la
participation du Japon à cette réflexion commune me paraît essentielle, car
c’est seulement ensemble que nous pourront agir sur la cartographie des
possibles.

Au nom de notre profonde amitié, je vous souhaite une excellente fête du
14 Juillet.

Ganbare Nippon ! (« Courage / tiens bon, Japon !»)