Historique
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L'estampe est à rapprocher de celles que Sebald, à l'instar de son frère Barthel (cat. n°), consacre à des scènes de combat d'hommes nus armés, mêlés parfois à des chevaux montés. La gravure témoigne du plaisir de Sebald à décrire l'anatomie humaine, en multipliant les poses des figures. Le cheval aussi compte parmi ses sujets de prédilection, mais lui vaudra d'être expulsé une seconde fois de Nuremberg, à la suite de la publication en 1528 de son ouvrage consacré aux proportions anatomiques du cheval. Accusé en effet, de plagiat relativement à une oeuvre que Dürer n'avait pu faire paraître avant sa mort, Sebald se voit condamné à quitter la ville. La présente gravure réunit les deux thèmes en une composition libre illustrant un épisode de la guerre des Amazones, qui participe des Travaux d'Hercule. Arès avait offert une ceinture merveilleuse à Hippolyte, reine des Amazones en Cappadoce. Hercule se voit enjoint de rapporter cet objet exceptionnel à la fille d'Eurysthée. Parvenu au palais d'Hippolyte, il réussit à convaincre la reine de lui céder la ceinture. Mais Héra, dans son délire de vengeance, ne peut accepter une issue aussi facile et, déguisée en Amazone, fait courir le bruit que Hercule s'apprête à enlever la reine. Les Amazones prennent les armes et le héros se croyant trahi par Hippolyte, la tue ainsi que ses guerrières (Hacquard, 1976, p. 134). Dans l'estampe étudiée, Hercule, au centre, est cerné de chaque côté, par un cheval cabré monté par deux figures. Placées en deuxième position sur la croupe, les amazones se tiennent à leur partenaire. Le groupe de droite se tourne le dos et l'amazone à l'arrière, s'agrippe au bras tendu du coéquipier, prêt à décocher une flèche de son arc. La manière dont l'artiste a positionné les deux combattants à cheval, en fait, ne permet pas de savoir avec certitude s'il s'agit de figures masculines ou féminines. L'on rencontre en effet dans l'oeuvre de Sebald Beham, des héroïnes, dont la corpulence et la musculature sont davantage assimilables à une anatomie masculine, telles les figures de Judith (cat. n°), de Cléopâtre debout (B. 76) ou les Sept Arts libéraux (B. 121-127). La violence de l'affrontement est signifiée par l'aspect du gros bâton brandi par le cavalier de gauche, et que Hercule a " déchiqueté " en s'en emparant. Ce combat inégal entre Hercule, sans armes, et le cavalier muni d'un crâne de cheval en guise de bouclier, souligne la force exceptionnelle du héros mythologique. Sebald utilise d'ailleurs pour le groupe de gauche le même motif que celui visible dans L'enlèvement de Iole (B. 99), qui fait partie de la série des douze Travaux d'Hercule gravée entre 1542 et 1549. Le présent Combat, débarrassé des détails narratifs, gagne en clarté et révèle la maîtrise de la composition de Sebald Beham. Conçue sous forme de frise proche des métopes grecques, la scène se détache sur un fond gris neutre à l'instar des estampes italiennes de Marcantonio Raimondi et d'Antonio Pollaiuolo, dont le Combat d'hommes nus (cat. n°), constitue incontestablement le prototype du genre. Figures et chevaux atteignent à une plasticité, grâce à l'utilisation très concise du trait, soulignant avec justesse le modelé des corps. Les ombres projetées au sol inscrivent les protagonistes au plan de la réalité ; celle que connaît aussi le spectateur. (Anny-Claire Haus)
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Bibliographie
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Cat expo STRASBOURG Les Dieux comme les ho. 2003 (p. 141 ) Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (n°95) HACQUARD, Georges, Guide mythologique de la Grèce et de Rome, éd. Hachette, 1976 (pp. 129-143.)
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