Historique
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Vers 1513, deux ans à peine après avoir abordé la gravure sur bois, Altdorfer se lance dans une série impressionnante consacrée à l'histoire de la Chute et de la Rédemption de l'Homme, dont participe Le couronnement d'épines : vaste programme, ne comptant pas moins de quarante tableaux, qui s'inscrit dans le sillage des grands cycles xylographiques créés par Dürer à partir de 1496, et publiés ou réédités en 1511 (L'Apocalypse, 1496-1498 ; La Grande Passion sur bois, 1497-1511 ; La vie de la Vierge, 1502-1511 ; La Petite Passion sur bois, 1509-1511). La suite d'Altdorfer, en effet, reprend dans son ensemble les épisodes évoqués dans la Petite Passion sur bois du maître de Nuremberg. Depuis la Chute de l'Homme et l'Expulsion du Paradis, jusqu'au Jugement dernier, les phases principales de la vie du Christ y sont relatées. Altdorfer, toutefois, y insère avant l'Annonciation, des scènes liées à Joachim et Anne, et une indépendante, la Vierge en gloire couronnée par deux anges, qui, selon le cas, vient se placer en ouverture ou en fermeture du cycle. Plus encore que le nombre de pièces gravées, c'est le format préconisé par Altdorfer qui se trouve être surprenant et témoigne d'une intégration véloce du médium récemment adopté. Réduit d'un tiers en hauteur et de la moitié en largeur, relativement à la Petite Passion sur bois de Dürer,, chaque gravure procède d'un cadrage original, livrant l'essentiel de la scène. Altdorfer se joue de la réduction du format, en créant des subtilités plastiques propres à repousser les limites du champ de vision. Dans Le couronnement d'épines, le Christ est présenté de manière frontale face au spectateur, contrairement à celui de Dürer vu de profil. Malgré la petitesse du visage, les traits y sont parfaitement lisibles : à partir de 1511, en effet, la figure chez Altdorfer, quitte progressivement son aspect de poupée de chiffon, pratiquement interchangeable, pour gagner en expression individualisée. Le Christ se trouve être cantonné à la moitié inférieure de l'image et sur une partie réduite au maximum en raison de la présence de trois individus. Ces personnages, de par leur différence de positionnement, proposent diverses investigations de l'espace : celui bidimensionnel de l'image et celui tridimensionnel de la profondeur de la scène, très restreinte ici. En fait, le fond d'architecture romane, l'arche ombrée, le bâton horizontal enfonçant la couronne d'épines dans la tête du Christ, ainsi que l'homme de dos et agenouillé au premier plan, suggèrent l'absence de toute échappatoire possible. Dans un dessin réalisé vers 1512, Altdorfer avait déjà abordé le thème de la violence exercée sur un être de croyance spirituelle autre, notamment Une femme contrainte à idolâtrer de faux dieux (Copenhague, Statens Museum for Kunst, inv. n° 6703), que Winzinger assimile à sainte Catherine, martyrisée en raison de sa foi en Dieu (Hans Mielke, cat exposition Berlin-Ratisbonne 1988, p. 134, n° 63). (Anny-Claire Haus)
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Bibliographie
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Cat expo STRASBOURG Les Dieux comme les ho. 2003 (p. 120) The New Hollstein, 1993- (Albrecht and Erhard Altdorfer, w. 24) MIELKE, Hans, Albrecht Altdorfer Zeichnungen Deckfarbenmalerei Druckgraphik, cat. de l'exposition pour le 450e anniversaire de la mort d'Albrecht Altdorfer, Berlin, 12 février - 17 avril 1988 ; Ratisbonne, 6 mai - 10 juillet 1988. (p. 154-157) Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (n°24)
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