Historique
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Le dieu, en bronze au plomb, en pied est représenté nu, au repos, en appui sur la jambe droite, la gauche en retrait provoquant un déhanchement prononcé. La main droite manque, les pieds, un peu grands et larges, sont creux. La calotte crânienne fondue à part est absente et forme une profonde cavité. Les défauts de fonderie sont visibles au poignet gauche, au sommet des cuisses, sur la poitrine, le flanc droit et autour du cou. Une réparation a été faite sur le sein droit. La face antérieure, d'une jolie patine gris-vert, homogène, a été polie et relativement soignée, alors que la partie postérieure paraît inachevée. Les concrétions de rouille sur le mollet gauche résultent de l'altération d'une tige interne en fer, la paroi, très mince en ce point, s'est fissurée, laissant apparaître les oxydes de fer. Le dieu, de type trapu avec une musculature puissante qui reste cependant insuffisamment détaillée, montre un visage jeune, tourné très légèrement vers la droite. Les traits du visage sont finement ciselés, le front bas, le menton arrondi, la bouche entrouverte, le nez aquilin, les arcades sourcilières proéminentes. Les yeux immenses en amande, dont la pupille est marquée légèrement à la pointe, regardent fixement. Tous ces traits dénotent l'origine hellénistique du modèle. La petitesse de la tête contraste cependant avec la raideur des épaules et des bras. Le visage est encadré par une chevelure abondante composée de mèches rayonnantes gonflées, stylisées, boucles régulières descendant bas dans le cou. Les profondes incisions détaillant les boucles de la chevelure lui donnent un aspect de "perruque" qui se conçoit assez bien dans la deuxième moitié du IIe siècle. L'exécution séparée de la calotte crânienne est un procédé attesté dans d'autres provinces de la Gaule romaine dès le IIe siècle. Dans la région, à Domart-en-Ponthieu, un exemplaire d'un buste d'homme barbu fut également retrouvé sans calotte crânienne. Le dieu est coiffé d'un diadème en forme de bicorne, une feuille de lotus se dresse en son milieu, ce qui le rattache à une série dite "Mercure égyptisant" (S. Boucher, Recherches sur les bronzes figurés de la Gaule pré-romaine et romaine, Paris, 1976, pp.110-112, fig.182, 184, 415). C'est le seul élément permettant de voir dans cette statuette un Mercure car ses attributs manquent. Le bras gauche, pendant le long du corps, devait tenir dans la main, un véritable "battoir" aux dimensions impressionnantes, une bourse tenue par le col, symbole des biens matériels ou spirituels que les divinités promettaient à leurs zélateurs. Le Mercure d'Halloy est en cela comparable à un autre Mercure, trouvé dans le lit de la Lys (Merville ?). Le canon très trapu, les membres inférieurs peu écartés, il tient également la bourse dans la main gauche. Mais ce cas de figure, que l'on retrouve à Orcines dans le Puy-de-Dôme, est assez inhabituel, le dieu tenant généralement la bourse dans la main droite et le caducée dans la main gauche. Il semble bien que toute une série de variantes existait à l'époque romaine, au point qu'il est parfois difficile de saisir le lien qui unit deux exemplaires romains pourtant redevables d'un prototype commun. Cette figurine est sans doute une adaptation éclectique à partir de schémas classiques. Le déhanchement, la ligne sinueuse du corps, la tête légèrement tournée vers la droite font songer à un modèle praxitélien. Cependant, l'exposition figée de la statuette, le manque de conception organique sont les caractéristiques d'un art provincial. La feuille de lotus se trouve associée à certaines figures représentant Mercure, tant en Gaule qu'en Italie (S. Reinach, Description raisonnée du musée de Saint-Germain-en-Laye, Paris, 1894, n°48-49, pp.65-67 (Mercure de Saint-Révérien, Nièvre) ; H. Rolland, Bronzes antiques de Haute Provence, XVIIIe suppl. à Gallia, 1965, p.44, n°38 ; S. Boucher, Bronzes romains de Belgique, Mainz, 1979, pl.27). Elle est attribuée à Hermès Parammon, l'Hermès égyptien. Cet at tribut ne permet pas cependant de qualifier cette pièce d'égyptienne, l'influence peut être indirecte mais elle est difficile à cerner. L'intérêt de la trouvaille est indéniable, les statuettes de ce type et de cette taille sont extrêmement rares dans notre région et certainement même en France. Le fait d'avoir été trouvé dans un fanum (temple), près de la cella (enclos sacré), indiquerait que nous sommes en présence d'un des dieux ou du dieu de ce petit temple ; en rapport avec : Statuettes en bronze, Mercure de Saint-Réverin, Nièvre, et autres statuettes en bronze
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