peinture ; Asie

gouache chinoise

Mandarin du cinquième ordre

1ère moitié 19e siècle

objet en rapport

Au début des années 1780, les Chinois utilisèrent du papier occidental pour la plupart de leurs peintures destinées au marché d'exportation. Les filigranes des papiers anglais ou américain (comme le filigrane " J. Whatman " retrouvé sur les oeuvres conservées à Dobrée) ont permis d'établir une datation assez précise des peintures. L'autre type de papier utilisé à partir de 1800 ou 1810 était le " pith paper " improprement appelé " papier de riz ". Ce papier là était fabriqué à partir de la moelle d'un arbre : l'Aralia papyrifera ou Aralia à papier. Le " pith paper " ou " papier en moelle d'Aralia " (en français) était un support très fragile et celui du XIXe siècle qui est parvenu jusqu'à nous est en général déchiré ou craqué

papier de Chine, papier en moelle d'aralia, gouache

Largeur en cm 36.8 ; Hauteur en cm 47.7

légende (chinois, anglais, latin)

légende, En bas au centre : Au crayon, en lettres cursives : "Quant - Cheou (?) - foo Law Mandree (counter N. 5)", traduction : Quant Cheou Foo Mandarin de loi (rang numéro 5)

Ces représentations vouées à l'exportation sont des visions européennes de la Chine et non pas des représentations de la Chine vue par les Chinois. La main portant le pinceau pouvait être chinoise mais l'idée directrice était bien occidentale. Ces figures apparaissent alors comme des " types " de représentations codifiées satisfaisant le besoin des Européens des XVIIIe et XIXe siècles de classifier et catégoriser toutes choses. La Chine était donc perçue en énumérant ces " types ", et une civilisation entière était comprise en réduisant sa complexité à un nombre d'images plus simples à assimiler (même si ces peintures d'export donnaient des illustrations assez précises et fiables de la Chine). On retrouve cette classification dans les collections du musée Dobrée : des hommes et femmes de Pékin, de Canton, du Tibet ou d'ailleurs, portent des vêtements colorés reflétant leur rang (en particulier pour les fonctionnaires) ou leur appartenance régionale. Les techniques de production de masse des ateliers de Canton et la persistance des

groupe de figures (homme, debout, manteau : dragon, chapeau, jeune homme, veste, robe, chapeau)

Homme moustachu, debout, vêtu d'un long manteau de couleur indigo sur une robe au dragon aux manches longues, évasées et garnies de fourrure. Il porte le collier de mandarin ainsi que le chapeau caractéristique avec au sommet une perle dont la couleur est difficilement identifiable. Il est accompagné d'un jeune homme à sa droite, qui est vêtu d'une veste courte noire sur une robe jaune. Il porte le même chapeau et tient un objet dans la main gauche (manuscrit?). Ce fonctionnaire est un mandarin du cinquième ordre. Dans l'ancienne Chine, l'apparence joue un rôle important et la classe sociale se distingue par la qualité et la forme des vêtements. Ce mandarin porte une longue " robe au dragon ", le mangpao, ornée de 9, 8 ou 5 dragons à 4 griffes, aux manches tombantes et bordée de fourrure, sous un manteau bleu, le pufu, bordé d'hermine et rehaussé d'un plastron, le buzi, brodé d'un faisan argenté. Ce plastron est l'un des attributs des fonctionnaires : à chacun des 9 grades (18 rangs officiels allant de 1A à 9B) correspond un oiseau (fonctionnaires civils) ou un animal (fonctionnaires militaires) précis. Le faisan argenté correspond à la 5ème classe. Les fonctionnaires de la 1e à la 5ème classe étaient autorisés à porter le " collier de mandarin " de 108 perles, le chaozhu, inspiré des rosaires des moines bouddhistes. Le degré du rang était indiqué par une petite perle de couleur sur le haut du chapeau. Cet insigne, appelé en Europe " bouton de mandarin ", fut instauré par l'empereur Yongzheng (1723-1735) dès 1727. Les dignitaires de la cinquième classe portaient une perle de cristal ou de verre transparent. Le jeune homme à ses côtés est un jeune lettré, sans doute bachelier et candidat à l'examen provincial qui a lieu tous les trois ans, ou bien candidat pour le doctorat qui se déroule à Pékin tous les trois ans également. Cet examen est le plus haut degré que peut atteindre un fonctionnaire, aussi les candidats y rencontrent des examinateurs très prestigieux. Une fois lauréats ils leur doivent le respect éternel, en retour ceux-ci les parrainent ou leur font profiter de leurs réseaux relationnels. On les appelle alors " maître et disciple "

Nantes ; musée départemental Dobrée

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

propriété du département ; legs ; Loire-Atlantique ; musée départemental Dobrée

Collection privée, Dobrée Thomas (I), (Commandé par) ; Collection privée, Dobrée Thomas II

2002.14.66 ; 544.46 (Ancien numéro)

Vente d'une collection de gouaches chinoises d'exportation à la Vente Internationale d'Art et d'Antiquités de Maastricht, 14-23 mars 2003, par Martyn Gregory, 34 Bury street, St. Jame's, London SW1Y 6AU, www.martyngregory.com (cf. dossier d'oeuvres)

Voyage à la Chine, Angers, 2002

Catalogue général des collections du Musée Th. Dobrée. par P. de Lisle du Dreneuc, conservateur, Mr l'Abbé Durville et M.P. Soullard, 1906. Nantes, imprimerie moderne. (p. 82)
"Voyage à la Chine" 1817-1827 Collection Th. Dobrée, Marie Richard, Nantes, 1988 (p. 87)
in "the world of interiors", juin 1989, pp. 160 à 169 (pp. 160 à 169)
Victoria and Albert Museum, Far Eastern Series, 1984
les éditions de l'amateur, 1997, Turin. (pp. 156 à 162)
Par Gilles Baud-Berthier, Michel Cartier, Didier Gauthier, Jérôme Kerlouégan, Françoise Wang, 2003.
Cl Crossman, The decorative arts of China trade, Paintings, furnishings and exotic curiosities, 1991no

© Nantes, musée départemental Dobrée, © Service des musées de France, 2012

© Chantal Hémon

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