Ministre de la Culture et de la Communication du 5 avril 1978 au 4 mars 1981
(Président de la République : Valéry Giscard d'Estaing - Premier ministre : Raymond Barre)

Attributions

Certaines compétences en matière d'architecture (espaces protégés, création architecturale et enseignement de l’architecture), sont enlevées au ministre de la culture et dévolues désormais au ministère de l'environnement et du cadre de vie par le décret du 12 juillet 1978.

Le ministre de la culture perd également les attributions relatives au tourisme et partage avec le nouveau ministre des Sports, des Loisirs et du Tourisme (Jean Pierre Soisson) la tutelle de la sous direction des Maisons de la culture et de l'Animation culturelle ( décret 78-536 du 12 avril 1978)

Il obtient, en revanche, le portefeuille de la communication qui figure pour la première fois, sous cette forme, dans les attributions ministérielles (décret 78-537 du 13 avril 1978)

Le décret 80-29 du 16 janvier 1980 transfère la tutelle de l'établissement public de diffusion TDF du ministère de la Culture et de la Communication au secrétaire d'Etat aux Postes et Télécommunications (Norbert Ségard)

Les axes prioritaires de sa politique

“Inventer” une politique du patrimoine

L’élargissement de la notion de patrimoine se traduit par des mesures qui prennent en compte le patrimoine ethnologique (création, le 15 avril 1980, du conseil et de la mission du patrimoine ethnologique), le patrimoine industriel et la culture technique, le patrimoine cultuel (création, le 15 avril 1980, de la commission pour la sauvegarde et l’enrichissement du patrimoine cultuel), le patrimoine photographique.

La réutilisation des monuments historiques, le vitrail (mise en place, en janvier 1980, d’une commission du vitrail et ouverture, le 2 juillet 1980, du Centre national du vitrail à Chartres), le patrimoine rural (création, au budget de 1981, d’une ligne budgétaire pour la sauvegarde du patrimoine rural non protégé / PRNP) constituent d’autres points marquants de cette politique.

Le conseil des ministres du 2 août 1978 déclare l’année 1980 "Année du Patrimoine". Cette initiative, qui remporte un large succès public et donne lieu à quantité de manifestations dans tout le pays, contribue à ancrer et à faire évoluer l’image du patrimoine dans l’esprit des Français.

Cette politique en faveur du patrimoine s’élargit aux archives (loi n°79-18 du 3 janvier 1979).

Renforcer et moderniser les enseignements artistiques

L'enseignement supérieur musical spécialisé est renforcé et réorganisé avec la rénovation du statut du Conservatoire supérieur de Paris et la création d’un nouveau conservatoire national supérieur de musique à Lyon (ouverture en octobre 1979). En même temps, une aide accrue est apportée aux collectivités locales pour développer les conservatoires et écoles de musique et en créer de nouveaux. Les crédits de l'enseignement musical spécialisé sont multipliés par 2,5 pendant la période.

Pour améliorer la qualité et l’efficacité de l’enseignement dispensé dans les écoles nationales, régionales et municipales d'art sous tutelle du ministère de la culture, le décret n°81-75 du 26 janvier 1981 harmonise le régime des études et crée, parallèlement au cycle long sanctionné par le DNSEP, un cycle court de trois années d'études post-baccalauréat, validé par le diplôme national des arts et techniques/DNAT.

Conduire une ambitieuse politique pour les musées

En matière d’équipements : la loi programme n°78-727 du 11 juillet 1978 sur les musées, qui couvre la période 1978-1982, réserve non seulement les crédits nécessaires à l'aménagement du Musée d'Orsay, mais affecte aussi à la direction des musées des moyens importants pour la rénovation des musées nationaux et des musées classés et contrôlés.

Les collections nationales s’enrichissent grâce au fonds du patrimoine (institué en 1979) et à d’importantes donations et dations : celles du Prince Napoléon figurent parmi les plus notables.

Autre mesure en faveur des collections, la loi n°80-532 du 15 juillet 1980 relative à la protection des collections publiques contre les actes de malveillance étend aux objets mobiliers non classés appartenant à des collections publiques (pièces d’archives, œuvres présentées dans les musées notamment) la protection et les sanctions déjà applicables aux biens publics immobiliers et aux objets classés.

La “charte des écomusées”, signée par le ministre le 4 mars 1981, a pour objet d’assurer à ces établissements les garanties juridiques et scientifiques destinées à leur assurer un développement harmonieux.

Promouvoir la création par des mesures innovantes

- pour les arts plastiques : extension de la procédure du 1 % artistique à l’ensemble des constructions publiques (décision du conseil restreint du 7 juin 1979 ; textes d’application publiés entre janvier et octobre 1980) ; mise en place, en 1978, sous une forme expérimentale, des premiers fonds régionaux d’art contemporain en Franche-Comté, Picardie et Bretagne (sur une idée de Bernard Anthonioz) ; mise en œuvre d’une politique volontariste en faveur des métiers d’art.

- pour le théâtre : relance du Théâtre national de Chaillot avec la décision (annoncée en juin 1980) d’y nommer Antoine Vitez à partir du 1er juillet 1981 ; création et aménagement du Théâtre du Rond-Point pour la Compagnie Renaud-Barrault (ouvert le 27 mars 1981) ; création du Centre dramatique national de Reims, confié à Jean-Pierre Miquel (1er janvier 1979) ; création des premiers centres dramatiques nationaux pour l'enfance et la jeunesse à Caen, Lille, Lyon, Nancy, Saint Denis et Sartrouville, en préfiguration depuis 1976 (1er janvier 1979).

- pour le cinéma : réforme de l’avance sur recettes ; abaissement de 17,6 % à 7 % du taux de TVA applicable aux spectacles cinématographiques (à compter du 1er novembre 1979) ; création de filiales spécialisées dans la production cinématographiques auprès des chaînes de télévision TF1 et A2 et de la SFP (1980).

- pour la danse : création du Centre national de la danse contemporaine à Angers avec Alwin Nikolais (octobre 1978) et implantation de plusieurs compagnie de danse contemporaine en région ; attribution, pour la première fois en 1979, d’un prix du ministère de la culture au concours de Bagnolet.

Engager la culture dans des voies nouvelles

- La reconnaissance de nouvelles disciplines artistiques : le cirque, désormais pris en compte comme domaine culturel (création d’un fonds de modernisation pour le cirque et de l’Association pour l’enseignement des arts du cirque, suppression du droit de timbre sur les places) ; les marionnettes (installation par le ministre du conseil d’administration de l’Institut international de la marionnette à Charleville-Mézières le 30 juin 1980) ; la chanson (mission de réflexion confiée à Henry Chapier le 16 novembre 1979 ; première série de mesures annoncées le 27 février 1981).

- La culture et “l’argent privé” : Jean-Philippe Lecat n’hésite pas à faire sien le concept naissant et encore mal accepté des industries culturelles. De même, il est le premier ministre de la culture à prendre clairement position en faveur du mécénat. Mais il est desservi, dans la mise en œuvre de ces politiques, par la faiblesse de son budget.

- Une stratégie nouvelle de sensibilisation du grand public : si l’Année du patrimoine est la première grande manifestation organisée sur l’initiative du ministère de la culture pour sensibiliser le grand public, le ministère prend alors d’autres initiatives du même ordre : Journée de la musique et de l’enfant (20 mai 1979), Fête de la sculpture (19 juin 1979), Journée de l’enfant et de la bibliothèque publique (12 décembre 1979)…

- Les technologies de l’avenir : le ministre est aussi particulièrement attentif au rôle des évolutions technologiques pour la diffusion de la culture. C’est lui qui dote le ministère de son premier schéma directeur de l’informatique (2 février 1981).

Définir les orientations d’une politique de l’audiovisuel

- Le maintien du monopole public de radiodiffusion et l’évolution du service public : la loi n°78-787 du 28 juillet 1978 prévoit des sanctions pénales pour toute personne qui aura diffusé des émissions de radio ou de télévision en violation du monopole, mais des expériences de radios locales et thématiques sont lancées, en 1980, dans le cadre strict du service public (trois premières antennes locales de Radio France : Fréquence-Nord, Radio-Mayenne et Melun FM ; Radio 7 pour les jeunes de la région parisienne ; Radio bleue pour les personnes du 3ème âge).

- Le renforcement des liens entre culture et communication : développement des retransmissions de spectacles artistiques à la télévision ; incitation à la création audiovisuelle (avec, notamment, la mise en place, en 1979, d’un fonds de création audiovisuelle) ; politique de coopération renforcée entre la télévision et le cinéma pour la création d’œuvres cinématographiques.

- La “protection” du téléspectateur : instauration d’un service minimum (loi n°79-634 du 26 juillet 1979 modifiant les dispositions de la loi de 1974 relatives à la continuité du service public, réglementant les grèves de la radio‑télévision) ; recommandations sur la violence à la télévision (octobre 1980) ; lancement du programme FIC “Jeunes téléspectateurs actifs” (septembre 1979).

Mener une vaste réorganisation de l'administration centrale ...

Le décret n°78-1013 du 13 octobre 1978 crée la direction du patrimoine qui regroupe ce qui reste de l'ancienne direction de l'architecture et les services auparavant autonomes de l'archéologie et de l'inventaire général, auxquels viendront s’ajouter le patrimoine photographique (1er janvier 1979) et l’ethnologie (15 avril 1980).

Le décret n°79-355 du 7 mai et les arrêtés du 23 octobre 1979 réorganisent en profondeur les services de la culture du ministère en les regroupant, pour l’essentiel, en sept directions (administration générale ; archives ; livre ; musées ; musique ; patrimoine ; théâtre et spectacles), complétées par la délégation à la création, aux métiers artistiques et aux manufactures, qui reprend les missions précédemment confiées au service de la création artistique et à la délégation générale à la formation et aux enseignements (hors architecture), et la mission du développement culturel, qui est chargée des politiques transversales et interministérielles ainsi que de la tutelle des maisons de la culture et des centres d’action culturelle.

… et affermir les réseaux de l’administration régionale

Jean-Philippe Lecat achève, au cours de son mandat, la constitution du réseau des vingt-deux directions régionales des affaires culturelles en métropole (nomination de directeurs en Champagne-Ardennes, Midi-Pyrénées, Auvergne, Franche-Comté, Picardie, Bourgogne, Haute-Normandie, Limousin) et s’emploie à renforcer leurs services (installation de nouvelles commissions régionales de l’Inventaire général, accroissement et diversification des conseillers sectoriels…) et leurs pouvoirs par la déconcentration de certaines procédures.

La répartition des compétences entre architecture et patrimoine entraîne une réorganisation des services extérieurs (décret n°79-180 du 6 mars 1979 instituant les services départementaux de l’architecture et du patrimoine / SDAP, qui remplacent les agences des bâtiments de France ; circulaire du 6 juillet 1979 mettant en place les conservations régionales des monuments historiques au sein des DRAC).