Armand Pellier
Armand Pellier (1910-1989) est un sculpteur, tailleur de pierre, carrier et architecte actif en France, principalement dans le Gard, à partir 1935.
Armand Pellier est né en 1910 à Marseille, dans le quartier du Panier où son père exerce le métier de boulanger. Il étudie la sculpture à l’Ecole des Beaux-arts de Nîmes (1926-1930) puis, après une interruption due à son service militaire effectué au Moyen-Orient, à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (1932-1935). Dès cette époque, il utilise comme support de ses créations un tracé régulateur qui s’inspire du Nombre d’Or.
En 1935, Armand Pellier s’installe à Nîmes en tant que sculpteur statuaire. Cette même année, il rencontre Jean Bernard (1908-1994), sculpteur très impliqué dans la renaissance du compagnonnage et qui entraîne Armand Pellier dans cette aventure.
En 1940-1941, avec sa femme Madeleine, ce dernier remet en exploitation une carrière d’extraction de pierre du Pont-du-Gard située à Vers (Gard). Cette carrière, L’Authentique, fournit une pierre utilisée depuis l’Antiquité et remise à l’honneur lors de la Reconstruction (Immeubles du front de mer du Vieux-Port de Marseille, 1952-1954, arch. : Fernand Pouillon et André Devin). Cette pierre calcaire jaune paille, compacte à gros grains, devient la matrice de l’oeuvre d’Armand Pellier : de la sculpture, ce dernier glisse vers la fabrication de cheminées, puis vers la décoration (frontons des caves coopératives du Languedoc-Roussillon conçues par l’architecte Henri Floutier), vers la scénographie (Congrès eucharistique et Exposition artisanale de Nîmes en 1951 et 1956) et, enfin, vers l’architecture.
En 1952, tandis que Madeleine Pellier assure la direction de la carrière l’Authentique, Armand Pellier s’installe en tant que maître d’oeuvre en bâtiment grâce à l’agrément qu’il a reçu de la Fédération nationale des bureaux d’études et techniciens du bâtiment (Nîmes). Il ne sera inscrit sur la liste des agréés en architecture que neuf ans avant sa mort, en 1980.
Entrant en architecture par le biais de la décoration, Armand Pellier se constitue une clientèle privée pour laquelle il réalise de nombreuses villas individuelles à Nîmes et dans sa région : maison Costable à Milhaud ; Gosselin à Lédenon ; Tinaud, Milcent, Mari, Pellenc, Escolier, Roche à Nîmes ; Valette à Vauvert, Auréjal à Castillon ; Pascal à Bouillargues ; Conte à Caissargues. Il obtient un agrément pour un modèle de Maison économique type qui se caractérise par des toitures béton à pentes inversées.
Le domaine de l’architecture commerciale lui fournit également un terrain d’expression privilégié comme en témoignent l’hôtel Les Cabanettes (Arles, 1967 ; 1976-1978) ou encore les nombreuses agences du Crédit agricole qu’il réalise à partir du milieu des années 1960 (Aigues-Mortes, 1964 ; Beaucaire ; Bagnols-sur-Ceze ; Remoulins ; Sommières ; Saint-Génies-de-Malgoirès ; Saint-Ambroix).
La Maison des Compagnons de Nîmes (1969) et celle de Saint-Etienne (1975) figurent parmi ses réalisations majeures.
Bientôt, Armand Pellier accède à la commande publique : Centre sportif et culturel Robert Gourdon à Vauvert ; Bureau de Poste et foyer communal de Gallician ; Bureau de Poste de Congénies ; Agence Nationale Pour l’Emploi de Bagnols-sur-Cèze.
Tout autodidacte qu’il est, Armand Pellier façonne, en un peu plus de trente ans de pratique architecturale, une oeuvre d’une force rare. Sa démarche prolonge sa pratique artistique antérieure : plasticité de la matière (qu’il s’agisse de la pierre, du béton, du bois, du fer ou de la céramique), travail sur le volume et son inscription dans l’espace, rapports d’échelles et de proportions (tracés régulateurs) fondent sa démarche dans le domaine de la sculpture comme dans celui de l’architecture. S’y ajoute une recherche d’ordre organique qui vise à intégrer l’édifice dans son site non pas dans une logique d’osmose mais simplement d’ancrage, de dialogue et d’enrichissement mutuels. Les architectures d’Armand Pellier ne s’effacent pas mais, au contraire, naissent et vivent dans le paysage. Intégrant les données physiques, climatiques et plastiques du site, Armand Pellier prolonge ainsi la voie ouverte par Frank Lloyd Wright (1867-1953), notamment dans ses oeuvres de maturité, ou encore les recherches développées par Rudolph Schindler (1887-1953) et Richard Neutra (1890-1970) dans leurs réalisations californiennes de l’Entre-deux-guerres.
Sources
Bibliographie
- CAUE du Gard, Joseph Massota. Armand Pellier. Regards d’architecture en 1995, brochure d’exposition, Nîmes, CAUE du Gard, 1995.
- CAUE du Gard, A. Pellier, brochure de présentation d’un projet de publication, 2009.
- Llanta Anne-Marie, Peyzieu Jean, Prohin Robert, Pellier. Un rêve de pierre, notice de présentation d’un projet de documentaire, Nîmes, CAUE du Gard, 2006.
Sources imprimées
- Calvi M., « Matériau des architectes romains. La pierre du Pont-du-Gard aujourd’hui », Le Mausolée : Art et techniques des roches de qualité, revue mensuelle, juin 1968, n°382, 36ème année, p.1289-1325.
- Armand Pellier, catalogue d’exposition, Nîmes, 1991.
- S.N., « Une piscine en forme de bateau », Piscine, n°20, avril 1970, p.55-p.57.
Partager la page