1.1514 - Parc Maurelette
La Delorme, est du 15e arrondissement, nord de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1514, p 45. 2005
Label Patrimoine du XX° siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Le Parc Maurelette
boulevard Gay Lussac, rue Le Chatelier, quartier de La Delorme 13015
Lambert 3: latitude 3.03789 ; longitude 43.3467
Accès : métro n° 1 et 2
bus 27 : M° La Rose - Saint-Exupéry, bus 28 : M° Bougainville - Aygalades , bus 31 : Canebière - Aygalades
propriétaire : Gestionnaire : Unicil-Logecil, 2 place de la Préfecture, 04 91 13 91 13
programme : Unité de Voisinage, groupe d'habitations avec commerces, santé, culture et loisir.
Maître d'ouvrage : Société Immobilière La Tour - Comité interprofessionel du Logement.
Programme de 745 logements. Équipements commerciaux et culturels intégrés.
dates, auteurs : Permis de Construire initial : 1962. Livraison : 1964.
Eugène, Pierre et Jacques Chirié, architectes.
Laboratoire de Recherche Sociale, Aix.
J. Sgard, paysagiste.
B. Lassus, coloriste.
BET OTH.
Entreprise générale, EGBC.
site : Terrain de la bastide La Maurelette, proximité de La Delorme et Les Aygalades. Butte entre le ruisseau des Aygalades et La Mure. Altitude entre 84,00 et 98,00 m. Terrain initial boisé de 132,3 ha. Zone d'habitation ordre discontinu. Secteur E (Ville verte) du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Composition en deux groupes de part et d'autre de la bastide, à partir d'une série de places délimitée par des immeubles bas, continus et ponctués de tours. Ensemble d'immeubles R+4 et R+10, tours R+17. Traitement élaboré des espaces extérieurs.
bâti : Constructions sur refends de 2,75 à 3,30 m d'entraxe maximum. Façades en pâtes de verre, posées en fond de moule avec polychromie signée, et organisée en alternance végétal et minéral. Bon état général. Pâtes de verre remplacée par des peintures.
sources : AD : 2071 W 23 (68.113), 165 W 597, 780, 75 J 603-626, 1348-1379
Revue L'Oeil n° 170, 1968
Revue Technique & Architecture : 28° série - n° 6, 1968
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M.H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Notice :
Même si les ZUP ont remplacé les grands ensembles succédant aux cités dortoirs, la question de la qualité de la vie dans les grands ensembles reste au centre des questions d'urbanisme dans la France des années soixante. Une des réponses va être la conception de projets par des équipes pluridisciplinaires. La Caisse des dépôts avait développé une pluridisciplinarité technique, les ingénieurs tenant le haut du pavé, les Comités Interprofessionnels du Logement, collecteurs du 1% logement des entreprises feront des enquêtes sur leur parc-logement et leurs locataires pour éviter certaines déconvenues.
C'est dans cet esprit que l'agence Chirié va engager l'étude de La Maurelette sur des terrains très humanisés. La bastide de La Maurelette se trouve entre des bastides prestigieuses et d'égale importance comme Saint-Joseph, La Delorme, qui ont façonné tout un paysage de jardins. Cette dimension paysagère induira l'appel à un paysagiste pour l'étude et l'implantation des projets sur le site. Au-delà de ces qualités architecturales, le projet représente une expérience de travail d'équipe sous la conduite d'un maître d'ouvrage, et d'architectes ouverts aux apports de différentes disciplines autres que celles purement techniques : sociologie, paysage, ambiances visuelles.
Ce n'est qu'en 1963 que les architectes acquièrent le droit de créer des associations avec des confrères et d'autres professionnels dans l'acte de bâtir.
Description :
Pour décrire leur projet, les auteurs font référence à des situations existantes ; ils rapprochent la succession de patios des places urbaines et les comparent les unes aux autres. Ainsi, un des plans établit des parallèles entre la place de Lenche, le parvis de l'Opéra, la place Montyon, ou la place de la Bourse, et le projet. La référence urbaine est présente dans le discours et le projet s'éloigne des abstractions compositionnelles du moment. En fait, dans une compréhension du logement qui reste productiviste, l'idée est d'améliorer les démarches de conception pour en éviter des erreurs. La sociologie est utilisée comme enquêtrice susceptible de mieux faire connaître les habitants et leurs demandes en matière de logements.
Au résultat, la bastide sera conservée avec allées d'arbres, terrasses et bassins, dessinant une silhouette depuis l'autoroute. Un programme de maison de la culture et des loisirs lui sera dédié par la suite. Pour le reste, on a affaire à une unité de voisinage réussie qui articule logements et équipements, paysage et constructions. À la juxtaposition de blocs, de tours et de barres, est opposé un tissu continu qui délimite une dizaine de vides successifs, places ou patios, et forme une sorte de dédale lié au cheminement des piétons, rigoureusement séparé des voitures. L'influence du Team X est frappante, notamment celle de Candilis, Woods et Josic à La Viste.
Le tissu continu intègre les tours qui émergent de la silhouette générale de la résidence sans solution de continuité, elles ne font que scander un espace perçu dans le mouvement des habitants-piétons. Le cadre du projet se veut une alternance d'espaces, à dominantes végétale ou minérale, se référant au contexte des villes méditerranéennes. Le plan général réunit deux groupements de part et d'autre de la bastide, l'une sur un point haut est plus résidentielle, et au sud un ensemble plus en contact avec l'espace public, qui reçoit, sur dalle, l'essentiel des équipements commerciaux et de santé. Le tout suit la pente par un épannelage dégressif vers le sud.
Une des questions posée par les ensembles de logements conçus sous l'égide de l'industrialisation à la française reste la monotonie engendrée par la répétition. Ici, la structure béton est réalisée par un coffrage tunnel sur deux trames : 3,30 m pour les immeubles bas et 2,75 m pour les tours. Les panneaux de façades seront préfabriqués et revêtus de pâte de verre posée en fond de moule. Cette finition sera à l'origine d'une très brillante polychromie de Bernard Lassus, qui à elle seule aurait mérité une protection avant même que se posent les questions de son vieillissement et le coût de sa restauration. Aujourd'hui, en effet, on a déjà remplacé une partie de la pâte de verre par une simple peinture minérale.
La démarche des architectes ouvrira plusieurs voies, notamment celle d'une certaine confiance dans le travail collectif des équipes pluridisciplinaires. Au moment de la création du grand ministère de l'Équipement, cette approche du travail architectural va déboucher, dans la région, sur les Universités Permanentes d'Architecture et d'Urbanisme. Cette forme d'autoformation des architectes verra l'émergence de l'écologie pour définir les caractères méditerranéens de l'architecture.
Auteurs :
Eugène, Pierre et Jacques Chirié
Avec trois générations, la famille Chirié est une des rares lignées d'architectes à avoir traversé le XXe siècle. Eugène Chirié 1902-1983, est connu pour la réalisation de salles cinémas dans tout le sud-est de la France. Nommé architecte en chef des Postes Télégrammes et Téléphone au début des années quarante.
Après-guerre il est architecte chef de groupe sur la reconstruction du Vieux-Port pour deux îlots, en association avec Jean Rozan.
Bien qu'il figure pour la réalisation de La Maurelette, ce sont ses fils, Pierre et Jacques Chirié qui en seront les véritables auteurs. Élèves d'André Leconte à Paris, ils sont diplômés au début en 1963. Ils signeront également La Simiane en 1972 et La Cerisaie en 1977.
Fichiers associés :
- Carte du 15e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page