Si les investigations sur l'architecture du second XXe siècle datent maintenant d'une dizaine d'années, ce patrimoine reste largement moins reconnu par l'édilité et le public, d'où l'intérêt des recensements et des travaux monographiques proposés ici.
En toute logique, après la phase de recensement délimitant le corpus des ensembles et résidences à Marseille dans son extension, il s'est agit ici d'en réduire les contours pour en développer une plus grande compréhension, formalisée par les fiches monographiques. Par définition celles-ci ne rendent compte que d'un seul objet du corpus, mais l'ensemble des monographies constitue une collection portant ainsi sur une série d'objets analogues autorisant par la suite la construction de typologies, de classifications et de comparaisons.
1.0807 - Cantini
le 8e arrondissement, bord de mer au sud de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0807, p 14. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Cantini, 62 avenue J. Cantini, 10-18 rue Gaz du Midi, quartier du Rouet 13008
Lambert 3 : latitude 3.05266 ; longitude 43.2826
Accès : bus 18 : Préfecture - Le Bosquet
bus 43 : Castellane - Sainte-Marguerite Dromel , bus 50 : Castellane - Les Escourtines
propriétaire : Syndicat des copropriétaires 74 avenue J. Cantini, 13008, Marseille
programme : Groupe d'habitations de 144 logements.
Maître d'ouvrage : SAI de construction de l'avenue J. Cantini.
Immeuble de 7 entrées, parkings, annexes rue Gaz du Midi.
dates, auteurs : Permis de construire : 1955. Déclaration d'achèvement de travaux : 1957.
A.J. Dunoyer de Segonzac, R. Dabat, architectes, H. Sauvaire et B.E.R.T.
Entreprises Rave et Viaud.
site : Face à la Gare de l'est, aujourd'hui Parc du 26e Centenaire, accès autoroute est. Altitude entre 22,00 m (avenue Cantini) et 16,00 m (rue Gaz du Midi). Zone d'habitation ordre continu, Secteur B du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Immeuble à l'alignement, nappe bureaux et parkings sur la rue Gaz du Midi.
Épannelage : R+10.
bâti : Ossature porteuse apparente en façade, poteaux, poutres, béton banché formant séparatif d'appartements. Panneaux menuisés formant modénature. Assez bon état général.
sources : AD : 2071 W 9 (32.950), 165 W 117, 74 J 87-88 ; 89 J 21-28, 102-118
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M.H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Revue Prado n° 9, 1979
Contexte :
Le quartier du Rouet est encore largement industriel lors de la construction de l'immeuble Cantini, la gare de l'est est encore une gare de fret, mais n'est plus reliée au port par le transbordeur et le tunnel. Le Plan Directeur d'Urbanisme de 1949 définit l'arrivée de l'autoroute de l'est sur l'avenue Cantini à proximité de la place Castellane. Il prévoit un secteur industriel de type J où la construction de logements peut être autorisée. Cinquante ans plus tard, la crise industrielle marseillaise aidant, les immeubles résidentiels gagnent la rive droite de l'avenue.
En 1952, sont créés les financements LOGECO : primes à la construction visant à créer des logements privés normalisés. C'est grâce à ce financement que l'immeuble Cantini a pu être mis en œuvre.
Description :
L'immeuble suit l'alignement sur l'avenue Cantini déjà mis en oeuvre plus haut, vers Castellane, où Delbes, Arati et Boyer réalisent des programmes de logements. L'arrière tissu de l'îlot est largement saturé de constructions basses et la partie ouest du terrain est dédiée aux espaces d'activités (agence de Roger Dabat). Un commerce de pied d'immeuble est même implanté au sud, sur l'angle de la rue Gaz du Midi.
La succession des plans montre une étude reprise pour parvenir à la rationalité constructive d'exécution qui deviendra un thème récurent du chantier. Celui-ci sera divisé en unités de taches : spécifications techniques et planning restent liés.
L'immeuble juxtapose différentes cages distribuant deux logements traversants par étage. Ils suivent une répartition de deux 3 pièces ou un 3 pièce et des 5 pièces, le pignon sud étant réservé aux très grands logements. La taille des logements, relativement modeste, provient d'un souci économique et fonctionnel : l'application d'un type normalisé de surface minimum.
L'effet de barrière avec le quartier du Rouet, consécutif à la construction selon l'alignement, est atténué grâce à une large transparence en rez-de-chaussée de la galerie et de ses pilotis découpés dans le voile de façade.
La galerie réunit les sept cages et s'ouvre sur la terrasse couvrant les activités de la rue Gaz du Midi.
La façade, en partie issue du système constructif des voiles de 0,20m, se conclut par des poteaux de 0,40 et un intervalle de 5,00m. Les subdivisions du cloisonnement se calent sur les meneaux des châssis menuisés. Cette solution, assez fragile d'un point de vue phonique, devient problématique au franchissement des séparatifs entre les logements. L'un des axes de recherches des auteurs, mis en œuvre également pour Bel Horizon, porte sur la préfabrication des menuiseries extérieures. Organisées en panneaux menuisés assemblés à l'intérieur de la construction, les menuiseries constituent une sorte de mur-rideau inséré dans la trame du gros œuvre dont le béton reste brut de coulage. Les panneaux qui intègrent un bandeau d'allège et le bandeau contenant les volets roulants prennent un relief qui les associent à la modénature des travéations de béton.
Pour autant, la façade régulière n'est pas exempte de composition. La notion de registre est suffisamment marquée : un balcon en plancher haut file du second étage en délimitant un soubassement et transforme le premier étage en entresol. Le couronnement est dessiné d'un simple retrait sur l'alignement en profil continu.
Le plein corps de façade est également orné d'un motif de trois balcons superposés dont la seule raison est de composer une façade régulière. On peut évoquer ici une icône moderne, celle du concours de 1922 pour le Chicago Tribune par Walter Gropius dont la façade tramée est rehaussée de planchers saillants formant autant d'accentuations sur les volumes épurés.
Auteurs :
André Jacques Dunoyer de Segonzac,
né à Paris en 1915, diplômé en 1942 dans l'atelier Beaudouin,
1949, Îlot XIV, 49 logements reconstruction, 13002,
1951, Concours de Strasbourg, Secteur Industrialisé, primé avec P. Vago et P. Dupré,
1952, Plan de masse pour Saint-Gabriel (Secteur Industrialisé), à cette période la cathédrale de Saint-Domingue va retenir toute l'attention de l'architecte,
1955, Plan pour la Sauvagère,
1956, Bel Horizon, 133 logements, 13003,
1962, Bernabo, 89 logements 13015,
1971, Plan d'Aou, 915 logements, 13015,
1973, Résidence Saumaty, 145 logements, 13016,
1978, Plan pour Bonneveine.
Roger Dabat,
né en 1925 dans les Pyrénées-Orientales, diplômé en 1953, il est associé à A.J. Dunoyer pour Plan d'Aou et la cathédrale de Saint-Domingue.
Fichiers associés :
- Carte du 8e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005