Historique
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Élève de Paul Quinsac à l'école des beaux-arts de Bordeaux, puis de Cormon à Paris, Marius de Buzon obtient, en 1913, la bourse de la Villa Abd-el-Tif qui lui permet de s'établir en Algérie. Mobilisé en 1914, il y retourne après la guerre. Il parcourt les massifs montagneux de Kabylie, les vallées verdoyantes du M'Zab, dont il explore la vie rurale, celle des oasis ou des villages ocres à flanc de montagne, assimilant les colonnes de caravanes, les hommes et les femmes aux champs, dans les vignes ou au marché à des scènes d'une antiquité bucolique, toujours vivante. L'huile sur contreplaqué El-Ateuf, datée de 1927, évoque la place du marché de ce petit village proche de Ghardaïa. Sans brusquer les tons, l'artiste peint le moment de la halte, lorsque les chameaux sont à terre, les lourds chargements déballés et les hommes regroupés pour quelques palabres. La tonalité pastel des constructions reflète bien la réverbération de la lumière intense et le goût de ce village pour les murs crépis de teintes pâles, rose, bleu, ocre ou jaune. Marius de Buzon a participé au grand courant de renaissance de la décoration murale encouragé par les pouvoirs publics durant l'entre-deux-guerres. Lui a été confié, à Paris, le décor du salon des Ambassadeurs du Palais-Bourbon (Pastorales kabyles), à Alger, celui de l'escalier d'honneur du Palais d'été, résidence du Gouverneur, avec, à nouveau, des scènes de Kabylie (Cortège kabyle et Le Retour du marché). Lors de l'exposition des Arts décoratifs de 1925, il fit partie de l'équipe choisie pour décorer la tour des vins de Bordeaux. Face aux panneaux de Dupas (La Vigne), de Roganeau (La Forêt landaise) et de Despujols (L'Agriculture), il exécuta Le Port de Bordeaux et les relations d'outre-mer, nouvelle composition à la gloire du commerce de Bordeaux avec les colonies, à travers des figures allégoriques du Maghreb, des Antilles et de la Polynésie. Par la suite, il poursuivit de pair son oeuvre de paysagiste et de décorateur, multipliant paysages (Constantine ou La Baie d'Alger) et scènes de la vie algérienne et réalisant, pour le lycée Saint-Augustin de Bône, deux grandes toiles évoquant la vie du saint et de sa mère, sainte Monique, dans le cadre d'un paysage lumineux et coloré, celui de la région de Souk-Ahras, l'ancienne Thagaste, ville native du saint berbère. FG
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