Précision sujet représenté
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Lieu de lecture et de correspondance réservé aux parlementaires, cette grande salle surmontée d'une verrière zénithale fut créée par Jules de Joly à l'emplacement de l'ancienne salle à manger du Prince de Condé. (...) Le palais Bourbon n'est pas ici représenté à l'occasion d'un évènement exceptionnel, mais dans son fonctionnement quotidien. Au premier plan se tiennent Hippolyte Faure (1841-1899), député de la Marne, maire de Châlons et Alfred Margaine, député radical-socialiste de la Marne. A droite, debout en contrebas de la statue d'Henri IV, Désiré Barodet (1823-1906), député radical et maire de Lyon s'entretient avec Adolphe Thiers (1797-1877). Au centre, Georges Clémenceau (1841-1929) et Charles Floquet (1828-1896), député de 1876 à 1893, puis sénateur, plusieurs fois ministre et Président du Conseil en avril 1885. A gauche de la porte centrale, Messieurs Martin Nadaud (1815-1898), député républicain socialiste de 1876 à 1889 et Antonin Proust (1832-1905), journaliste et homme politique, il fut titulaire du tout nouveau ministère des Beaux-arts sous Gambetta en 1881. Il créa l'Ecole du Louvre (1882) et assura le commissariat de l'Exposition universelle de 1889. Au fond à gauche autour de la table rectangulaire, Tony Révillon (1831-1898), député radical et Gustave Hubbard, député radical et Gustave Hubbard, député de Seine et Oise. Debout derrière le tableau que peint Victor Navlet, Camille Raspail (1827-1893) s'entretient avec Henri Maret (1837-1917), député radical de la Seine. Autour de la table ronde ont pris place Pierre Blanc (1806-1986), doyen d'âge de la Chambre et Nöel-François-Alfred Madier de Montjau (1814-1892), tandis que Charles Buvignier, député de la Meuse de 1881à 1894, debout près de la banquette à droite, s'entretient avec un huissier. Joseph Navlet a tenu à rendre hommage à son frère Victor en le représentant à gauche sur cette même toile qu'il est en train de peindre, présence qui signe l'oeuvre de son principal auteur. Ce souci d'exactitude dans la représentation des visages des acteurs de la vie politique a dû être grandement facilité par le recours à la photographie qui s'était largement développé depuis le milieu du XIXe siècle avec toute l'activité que déploient alors les studios Disderi ou Nadar. Plutôt que de reproduire un instantané, il a sans doute été ici animé par la volonté de représenter les parlementaires les plus célèbres et les plus actifs, ceux qui comptèrent dans cette assemblée. Les physionomies de Georges Clemenceau, Charles Floquet, Adolphe Thiers, Charles Buvignier ou d'Antonin Proust sont parfaitement fidèles. La présence du député-maire de Châlons, Hippolyte Faure, lui aussi formellement identifié, n'a pas éclipsée celle de son homonyme, le futur président Félix Faure pour des raisons de parti pris. L'absence de Félix Faure est liée aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat à la Marine qu'il exerca alors brièvement et qui permettent de dater précisément de l'année 1888 l'ajout des figures réalisé par Joseph Navlet. On reconnait dans cette oeuvre une remarquable qualité de composition de la scène qui a comme point de départ la statue d'Henri IV en défenseur du pays, la main gauche sur la poignée de son épée, faisant face à la République. Avec beaucoup d'habilité, les parlementaires sont répartis par petits groupes en adoptant un point de vue légèrement dominant qui situe le niveau des yeux sur la ligne formée par les visages des trois couples de personnages : Clémenceau-Floquet, Proust-Nadaud et Buvignier-huissier.
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