Description
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Argile, peinture noire mate, incisions. ; Le vase a été reconstitué à partir de nombreux fragments. Les formes carénées très particulières de cet askos offrent une large surface au décor peint. Abstraction faite des lignes ondulées, en forme de S, imbriquées les unes dans les autres, de l'anse, et du motif de languettes délimitant la périphérie de la paroi supérieure du corps cylindrique du vase, le répertoire est exclusivement animalier. Dans le médaillon, un daim bondissant, aux longues oreilles, aux pattes très fines, tourne le dos à un cheval au galot, la queue volant au vent, le naseau frémissant. Sur les parois du vase, sous le col, deux panthères affrontées, la tête tournée vers le spectateur, semblent se taquiner de la patte. Plus loin, un bouc à longue corne recourbée et à la courte barbiche est opposé à un chien à l'air altier, le long museau dressé, les oreilles aux aguets. Sous l'attache de l'anse, un singe, de face, le poitrail et les pattes couverts de longs poils notés par des incisions, tourne la tête vers un fauve à l'épais pelage qui lui-même fait face à une biche. Les askoi, caractéristiques par leur embouchure évasée très proche de l'anse en forme d'étrier surplombant le corps du vase, étaient destinés à contenir et à verser les liquides. L'exemplaire du musée d'Amiens ne présente pas le faciès arrondi traditionnel de ce type de vase qui imitait peut-être les outres en peau de bêtes. Si l'askos est original dans sa forme, il l'est également dans son décor. Un décor au trait nerveux et incisif à la peinture noire sur le fond orangé de l'argile, à la fois très sobre par l'absence de rehauts de couleur que l'on trouve pourtant en abondance dans la céramique contemporaine, mais en même temps très généreux dans le recours à l'incision pour souligner les détails anatomiques ou la pilosité abondante des animaux. Ce bestiaire à la fois exotique et familier rappelle à notre mémoire le goût des artistes béotiens pour les vases plastiques où l'animal apparaît volontiers dans un naturalisme souvent saisissant. Bien que l'image ne soit pas ici en trois dimensions, elle n'a rien perdu de son éloquence. La vivacité des mouvements, le naturel des attitudes, la justesse des silhouettes témoignent de la capacité du peintre à saisir ce qui fait le propre de chacun des animaux et à l'exprimer en quelques touches rapides.
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Bibliographie
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Noël Mahéo (dir.), "Les Collections archéologiques du musée de Picardie", Amiens, Trois Cailloux, Musée de Picardie, 1990, 331 p. (p. 96 et 97, n° 36 (notice de Sylvie Drivaud).)
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