Historique
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La vie de Victoire Calcagni bascule en 1949 quand elle perd son mari. Afin de la sortir de la dépression, l'artiste Marcel Bach, ami fidèle, décide de la présenter à Roger Bissière, avec lequel il a suivi les cours de l'école des beaux-arts de Bordeaux et qui vit retiré dans sa ferme, sur ses terres du Lot et-Garonne. Dès lors, Calcagni séjourne à Boissiérettes durant deux ou trois semaines chaque saison, une profonde amitié prenant forme entre " Chonchon " et " Viquette ", surnoms que les artistes se sont mutuellement donnés. Si le soutien amical sans cesse renouvelé de Calcagni réchauffe le coeur du vieil artiste, la fréquentation régulière de Bissière provoque chez la Bordelaise une profonde et durable mutation. À l'âge de cinquante ans, commence en effet pour elle une période nouvelle où l'acte de peindre devient vital. Jusqu'à sa mort, elle sacrifiera tout à son art, d'abord dans la lumière du maître, puis seule avec son souvenir. Elle sait combien elle lui en est redevable et reconnaît : " Je lui dois mon intelligence de la peinture et de l'art en général. " Le passage de la figuration à l'abstraction se fait toutefois lentement, en 1952 ou 1953, sous les auspices de Bissière qui la motive sans cesse et qui juge de l'état d'avancement de ses travaux en conseiller plus qu'en professeur. Sans pour autant copier le maître, elle adopte certains de ses procédés plastiques, comme l'encadrement ou, plus probant, la grille. Mais elle élabore un art personnel et pratique une nonfiguration qui tend à magnifier la nature par le signe, une peinture faite d'allusion et qui, en cela, répond au voeu de Paul Klee : être " abstrait avec des souvenirs ". Bien que maîtrisant avec fermeté la technique de l'huile, Calcagni est pourtant séduite par la gouache et l'aquarelle. Ces matières fluides, plus ou moins légères et transparentes, que l'on peut nuancer de manière subtile et qui gardent quelque chose de mystérieux jusque dans les zones les plus saturées, elle les emploie pour créer des oeuvres intenses, telles que Lumière rose sur la ville ou Nocturne . De ces deux " paysages abstraits ", il émane, au-delà de la recherche esthétique, une émotion sacrée. Car Calcagni, catholique sincère, est une femme profondément mystique qui souhaite exprimer son sentiment spirituel dans son oeuvre. TS
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Bibliographie
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2009, Collection particulière, a private collection, Bordeaux, ed. Le festin, (repr. cat. p. 157.)
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