Historique
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Cette statue d'Alphée fait partie d'un groupe. Dessinées par Le Nôtre, ces statues furent sculptées, par Jean Hardy, académicien en 1688, et restaurées par Emile Jonchery. Alphée tient un cor dans la main droite, Aréthuse (inv. OA 4289) semble vouloir échapper au dieu. On peut lire dans une lettre de Le Nôtre adressée au prince de Condé et datée de septembre 1683 "Monseigneur, Voilà tout ce que je puis faire pour l'ornement du bas de votre grand escalier. Je souhaite qu'il puisse vous plaire autant qu'il me fait. Le fleuve se fera en stuc, le reste de même. Bertier posera la voulte toute de roche". Or il apparaît, après un examen attentif du marbrier, que les statues présentes ne sont pas en stuc mais en pierre de Saint Maximin. En effet le Devis approximatif des Travaux de Sculpture des Fleuves à droite et à gauche de la partie inférieure du grand Perron du Connétable", conservé dans les archives du musée Condé et daté du 20 février 1891, fait mention de travaux de restauration, certes, mais aussi d'exécution en pierre après remodelage, estampage et moulage. Les roseaux, eux, portent la date de 1830 et avaient alors été réalisés en un matériau différent. Alphée, dieu d'un fleuve du Péloponnèse, était, comme tous les fleuves, fils d'Océan et de Téthys, la plus jeune des Titanides qui personnifie la fécondité de la mer. Pour obtenir les faveurs d'Aréthuse, une suivante d'Artémis, la déesse de la chasse, il se fit chasseur comme elle. Elle lui échappa et s'enfuit jusqu'à Syracuse, dans l'île d'Ortygie. Elle fut alors transformée en source. Par amour Alphée mêla ses eaux à elle. Il existe une autre version plus tardive de la légende que l'on doit aux poètes alexandrins et qui vise sans nul doute à expliquer l'homonymie de deux sources, l'une située en Elide et l'autre en Sicile: un jour qu'Aréthuse se baignait dans un fleuve aux eaux fraîches, une voix sortit de l'eau. C'était Alphée. Effrayée, elle s'enfuit mais le dieu la poursuivit. A bout de forces, elle supplia Artémis de la sauver et elle fut transformée en source. La terre s'entrouvrit alors, pour éviter qu'Alphée ne mêlât ses eaux aux siennes .Guidée par Artémis, elle parcourut les chemins souterrains et parvint à Syracuse, dans l'île d'Ortygie qui est dédiée à la déesse de la chasse. C'est ainsi que les anciens Grecs pouvaient expliquer la présence d'une source d'eau douce venue de nulle part dans une île entourée d'eau de mer.
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