Précision sujet représenté
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Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome ; La construction, bien que ravagée par un incendie et en partie détruite, reprend le plan architectural d'une église de type basilical à double collatéraux. Le peintre s'est positionné à l'entrée de la nef ; nous ne pouvons donc pas en déduire si un atrium, qui se situerait derrière lui, fut construit pour ce bâtiment. L'arc triomphal, richement décoré, est incrusté, dans sa partie inférieure, de deux niches avec figures. Au niveau de l'arc, et le cernant, on distingue de grands personnages peints, ornés d'angelots. Le coeur est constitué d'un important autel et des restes du transept semblent encore debout à gauche, dans l'alignement de l'arc triomphal, dominant le premier collatéral. Pour cette peinture, l'artiste anonyme semble avoir repris la leçon de paysage de Le Lorrain : deux colonnes du transept sont encore debout contre le bord gauche, au premier plan, et servent d'appui à une composition d'arrière plan, s'étalant sur toute la surface de l'oeuvre, plus sereine et étagée. Contre le bord droit, en écho au côté opposé, l'enfilade de colonnes, se déploie sur une grande surface, traverse tout le champ perspectif jusqu'au second plan et équilibre la composition. Ici, la scène s'ordonne autour d'un axe vertical, s'élevant au dessus de la braise au centre des décombres, et dont les proportions répondent à la règle du nombre d'or. La lumière venant de gauche, encore froide, indique une fin de matinée. L'incendie qui ravagea cet édifice pendant une nuit entière, ne laisse au petit matin, dans la nef, que les restes calcinés de charpentes encore fumants ainsi que des ruines prêtes pour l'histoire. Une légère tension nous saisit lorsque, après avoir contemplé ces vestiges, que rien ne pourraient distinguer d'autres ruines millénaires, la braise et les fumées nous apparaissent au premier plan, nous plaçant subitement au lendemain d'un drame épique. Comme un voyage à travers le temps, où l'histoire ne nous serait plus contée, mais recomposée sous nos yeux. (Benoît Mahuel)
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