estampe

Saint Jérôme dans un ravin

BALDUNG Grien Hans (dessinateur, graveur)

BALDUNG : Schwäbisch Gmünd, 1484 ; Strasbourg, 1545

Allemagne

1er quart 16e siècle

1511

Baldung autour de 1511 livre trois bois gravés consacrés à la figure de saint Jérôme pénitent dans le désert ou dans un ravin, tel celui du Cabinet des Estampes et des Dessins (Mende 23). L'artiste représente l'ermite au fond d'une gorge, agenouillé près d'une rivière. Barbu, à moitié dévêtu, le personnage amaigri à force de jeûne et de privations médite devant un crucifix planté dans la roche, tandis qu'en signe de contrition, il se flagelle sans cesse la poitrine avec deux pierres, afin de se punir des tentations qui le harcèlent et ce, jusqu'à ce que Dieu lui accorde à nouveau la paix intérieure. Des trois estampes gravées vers 1511, celle que conserve le fonds strasbourgeois se distingue par l'auréole impressionnante dont Baldung a doté Jérôme afin d'en souligner le caractère saint. La scène, comme l'indique M. Matthias Mende, se réfère à un passage des Lettres de saint Jérôme, que Nicolaus Kessler avait publiées en 1492 à Bâle et dont Dürer avait gravé le frontispice. La petite chapelle se profilant à l'arrière-plan entre les abrupts rocheux qui enserrent l'anachorète, donne au pénitent en quête de sérénité la possibilité de se recueillir. La mise en situation dans un tel paysage, de surcroît au fond d'un gouffre, suggère bien la disgrâce du pécheur et sa sensation d'étouffement face à d'irrépressibles tentations. Le livre des Saintes Ecritures ouvert par terre, évoque son étude assidue des textes sacrés et participe au même degré que le chapeau cardinalice, le crucifix et le lion se désaltérant au premier plan à droite, des attributs essentiels de saint Jérôme. Le thème du saint pénitent reclus dans la solitude pour s'adonner au jeûne et à la mortification s'est développé au début du XVe siècle et se fonde sur la période de trois ans, de 375 à 378, où Jérôme s'était retiré dans le désert de Syrie pour y mener une vie d'ascète, selon un récit apocryphe amplement diffusé par la Légende dorée. Celui qui deviendra l'un des quatre Pères de l'Eglise latine, est ordonné prêtre en 379, puis rappelé à Rome en 382 par le pape Damase, dont il sera le plus proche conseiller. Or, à la différence de ce que raconte la Légende Dorée, Jérôme n'a jamais été ordonné cardinal. Le chapeau cardinalice, pourtant considéré comme l'un de ses attributs traditionnels, au même titre que le lion, le crucifix, le livre, la pierre et occasionnellement la tête de mort, évoque avant tout sa charge de conseiller papal. Quant au lion, la figure la plus emblématique accompagnant le saint, il n'apparaît qu'au XIIe siècle et l'origine du motif reste très discutée. D'après la Légende Dorée, Jérôme aurait retiré une épine plantée dans la patte d'un lion qui était entré en boitant dans le monastère, et une fois guéri, habita parmi les frères auxquels, par reconnaissance, il servit d'animal domestique. Désert, nature sauvage ou ravin, chez Baldung la nature environnant le saint pénitent est décrite comme un lieu devenu hostile, car privé d'ordre, d'ordonnancement et où de rares arbres, tous déracinés, évoquent la violence des tentations censées faire vaciller, céder saint Jérôme. Placée sur l'axe central de l'image, la petite chapelle servant de refuge à l'anachorète, symbolise la frontière entre le monde civilisé et celui du chaos. (2720-3256). (Anny Claire Haus)

papier vergé

gravure sur bois

Hauteur de l'oeuvre en cm 22.1 ; Largeur de l'oeuvre en cm 15.3 ; Hauteur de la feuille en cm 22.4 ; Largeur de la feuille en cm 15.5

monogramme

monogramme, Devant, en bas à droite : dans une cavité : HBG

scène (saint Jérôme, désert, agenouillé, crucifix, rivière, lion, boisson) ; fond de paysage (sapin, chapelle)

Restaurée en 2003-2004 Montée avec fausse marge.

Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

propriété de la commune ; ancien fonds ; Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

date d'acquisition inconnue

77.004.0.10 ; 77.R.2009.0081 (N° récolement)

STRASBOURG, Attraits subtils, 2007-2008 (Palais Rohan, galerie Heitz)

cat. expo STRASBOURG, Attraits subtils, 2008 (p. 138-139)
MENDE, Matthias, Hans Baldung Grien, 1978 (n°23 )
MEYER J., Allgemeines Künstler-Lexikon, 3 vol., Leipzig, 1872-1885 (T. II, p. 631, n°67)
Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (B VIII, p.312 n°35)

© Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins, © Service des musées de France, 2013

© BERTOLA

Renseignements sur le musée

00130065039