Précision sujet représenté
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A droite, sont assis sur le même siège le mari et la femme, Thésée et Phèdre. Thésée, de profil, le poing serré, contemple son fils Hippolyte avec fureur tandis que Phèdre, de face, un glaive sur les genoux, regarde vers le spectateur et le prend à témoin. A ses côtés se tient Oenone sa nourrice. A gauche, Hippolyte debout, les yeux baissés, le bras gauche étendu, récuse les accusations. Le peintre illustre le mythe grec de Phèdre. Ses sources littéraires sont nombreuses ; dans l'Antiquité, Euripide et Sophocle ont écrit des pièces de théâtre sur ce sujet qui sera repris par Sénèque, philosophe romain au Ier siècle et par Racine au XVIIème siècle. Le dramaturge français en fait une tragédie de la prédestination : en l'absence de Thésée que l'on tient pour mort, Phèdre a déclaré sa passion à son beau-fils Hippolyte. Le retour inattendu de son mari a surpris Phèdre ; sur les conseils de sa nourrice Oenone, elle a accusé son beau-fils d'avoir tenté de lui faire violence. Au moment où elle allait avouer la vérité à Thésée, elle a appris qu'Hippolyte aimait Aricie d'un amour partagé. Sa jalousie lui inspirera de garder le silence et Hippolyte mourra. Désespérée d'avoir été à l'origine de ce meurtre, Phèdre se donnera la mort. Guérin s'inspire de ce texte, même s'il prend des libertés par rapport à lui. Il a en effet rassemblé dans son tableau des personnages qui ne se trouvent pas réunis dans la pièce sauf pour le dénouement. La composition est dominée par les verticales et les horizontales. La silhouette d'Hippolyte à gauche forme un triangle rectangle auquel répond à droite un autre triangle rectangle composé par la silhouette assise de Phèdre. Le corps de Thésée est exactement parallèle à la diagonale du triangle de droite. Cette composition donne une impression de très grande stabilité. Le dessin joue un rôle extrêmement important, que ce soit dans la représentation des plis et du motif ornant les draperies ou dans l'évocation du mobilier et des armes. Au cours de leur formation, les peintres apprenaient également à réaliser des "têtes d'expression" ; c'est ainsi que le visage de Thésée évoque la colère, celui de Phèdre doit inspirer la terreur et la pitié (les deux ressorts de la tragédie classique) et celui d'Hippolyte la dénégation. La technique : Le support, une toile de lin au grain serré, a reçu plusieurs couches d'enduit passées en couches fines et poncées afin d'obtenir une surface lisse et sans grain, sur laquelle le peintre a travaillé avec une peinture très fluide ; il a dessiné avec ses pinceaux et obtenu des dégradés parfaits. Ce "faire porcelainé" ainsi que le réseau très important de craquelures sont caractéristiques du néo-classicisme
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Exposition
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1963, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, Delacroix ses maîtres, ses amis, ses élèves, (n° 184) - 1964, Tel Aviv, musée des Beaux-Arts, Les trésors des Musées de Bordeaux, (n° 67) - 1992, Paris, Musée Eugène Delacroix, Guérin et Delacroix, (n° 17) - 2002, Paris, cité de la musique, Aux sources du romantisme,
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Bibliographie
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Catalogue et estimation des tableaux du Musée de la Ville de Bordeaux, Bordeaux, s.d., (p. 19, n° 549) - Guédy T., Musées de France et collections particulières, Paris, [1882 ou 1889], (p. 103, n° 499) - Lacour P., Delpit J., Catalogue des tableaux, statues, etc. du Musée de Bordeaux. Nouvelle édition revue et augmentée des acquisitions faites jusqu'à ce jour par Gué O., Bordeaux, 1862, (supplt p. 5, n° 562) - [Lacour P., Delpit J.], Catalogue des tableaux, statues, etc. du Musée de Bordeaux, avec un supplément de [Gué O.], 1863, (p. 76, n° 562) - [Lacour P., Delpit J.], Catalogue des tableaux, statues, etc. du Musée de Bordeaux, avec un supplément de [Gué O.], Bordeaux, 1864, (p. 75, n° 562) - [Lacour P., Delpit J.], Catalogue des tableaux, statues, etc. du Musée de Bordeaux, avec un supplément de [Gué O.], Bordeaux, 1869, (p. 75, n° 562) - [Lacour P., Delpit J.], Catalogue des tableaux, statues, etc. du Musée de Bordeaux, avec un supplément de [O. Gué], Bordeaux, 1875, (p. 75, n° 562) - [Lacour P., Delpit J.], Catalogue des tableaux et statues, etc., du Musée de Bordeaux avec un supplément de [Gué O.], Bordeaux, 1877, (p. 75, n° 562) - Vallet E., Catalogue des tableaux, sculptures, gravures, dessins, exposés dans les galeries du Musée de Bordeaux, Bordeaux, 1881, (p. 165, n° 499) - Vallet E., Catalogue des tableaux, sculptures, gravures, dessins exposés dans les galeries du Musée de Bordeaux, Bordeaux, 1894, (p. 175, n° 603) - Alaux D., Musée de Peinture de Bordeaux, Catalogue des tableaux, Bordeaux, 1910, (p. 89, n° 460) - Vergnet-Ruiz J., Laclotte M., Petits et grands Musées de France, Paris, 1962, (p. 238) - Schnapper A., "Copies, répliques, faux III L'âge classique. La copie institutionnelle", in Revue de l'art, Paris, n° 21, 1973, (p. 21) - Rapetti R., Le Leyzour Ph., Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux : Guide des collections, Bordeaux, 1987, (repr. p. 47.)
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