2003
~ Vie politique et institutions ~
Depuis la Libération, malgré les efforts des gouvernements successifs, aucun ministre de la Reconstruction nétait arrivé àbout de la crise du logement. Si tous avaient déclaré vouloir planifier la construction annuelle de plusieurs dizaines de milliers de logements, aucun nétait parvenu à en offrir suffisamment à une population de sinistrés, de mal-logés et de sans-abris, toujours en butte, au printemps 1953, à une grave pénurie dhabitations. Le 27 mars 1953, lAssemblée nationale vota par 479 voix contre 101 les principales dispositions dun nouveau train de mesures pour résoudre la crise du logement, appelées Plan Courant, du nom du ministre indépendant de la Reconstruction Pierre Courant, ancien maire du Havre. Ce plan entra en vigueur le 16 avril avec la parution au Journal officiel de plusieurs lois dont le but était de favoriser lédification rapide et massive de logements nouveaux. Des avantages spéciaux étaient ainsi accordés aux acquéreurs de terrains qui sengageaient à y aménager des locaux dhabitation répondant à des plans-types, pouvant être revendus ou loués pour des sommes peu élevées. Ils bénéficiaient de primes substantielles pendant 20 ans. Parallèlement, la création dune épargne-construction à taux réduit accompagnée de diverses bonifica-tions devait encourager linvestissement des populations à revenus modestes et des assouplissements permettaient aux sinistrés de garder leurs droits aux indemnités de dommages de guerre en ne réparant que partiellement leurs immeubles détruits. Enfin, pour libérer des logements urbains dans les villes sinistrées ou dans les agglomérations de plus de 10 000 habitants, des aides étaient accordées à tous ceux qui quittaient les villes pour sinstaller à la campagne. Loriginalité de ce plan, venu après bien dautres mesures pour essayer denrayer la crise du logement endémique depuis des décennies, est quil nouait ensemble pour la première fois une loi foncière, un mode de financement et une programmation normalisée. Il était par ailleurs inséparable de la création capitale dune contribution obligatoire des entreprises à leffort de construction : les entreprises de plus de 10 salariés devaient désormais consacrer 1% de leur masse salariale au logement de leurs employés. Ce type de mesure, à effet électoraliste sûr, ne pouvait cependant prendre effet quà moyen, voire long terme. Lhiver suivant, après la mort de plusieurs personnes sans domicile, labbé Pierre put mener une campagne contre la crise du logement en insistant sur lincurie des pouvoirs publics et lindifférence des nantis au drame des sans-logis.
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