2003
~ Arts ~
> programme
des manifestations Raoul Dufy est né au Havre en 1877. Après avoir parfait ses dons innés de dessinateur et reçu une bourse de sa ville natale, il rejoint son ami Friesz à Paris, où lart des Impressionnistes lattire plus que lenseignement académique de lécole des Beaux-Arts. Limpressionnisme attardé de ses premières uvres, son adhésion au Fauvisme qui lui révèle « le miracle de limagination dans la couleur et le dessin » puis une attirance passagère pour un Cubisme cézan-nien témoignent de ses recherches dacqui-sition dun style personnel. Dès 1910, Dufy poursuit une carrière féconde en uvres picturales indissociables de créations dans le domaine des arts appli-qués. Les xylographies pour le Bestiaire ou Cortège dOrphée dApollinaire inaugurent, en 1910, une activité dillustrateur douvrages littéraires menée tout au long de sa carrière. Ce chef-duvre de lart graphique du début du XX e siècle initiera son engagement dans la décoration textile, dabord pour Paul Poiret en 1911, puis pour les soyeux lyonnais Bianchini - Férier entre 1912 et 1928. Sa collaboration avec le céramiste catalan Llorens Artigas, entre 1924 et 1937, donne naissance à des créations originales. Il réalise parallèlement des tentures sur toile de Tournon, pour la péniche Orgues de Poiret lors de lExposition des arts décoratifs de 1925, et des cartons pour tapisseries dun mobilier sur le thème de Paris, tissées à Beauvais. Pour Marie Cuttoli, en 1936, puis, en 1947-1949, pour son marchand Louis Carré,il renouvellera cette activité, enrichie dun style pictural désormais affirmé. Les Courses,thématique privilégiée lors de différents séjours en Normandie (1923-1935) et en Angleterre (1930-1936), illustrent sa théorie de la couleur-lumière qui sous-tend son uvre : « À suivre la lumière solaire, on perd son temps. La lumière de la peinture cest autre chose : cest une lumière de répartition, de composition, une lumière-couleur ». Ses décorations murales pour le docteur Viard et pour Weisweiller, réalisées à la même époque, annon-cent son uvre monumentale : La Fée Électricité (Musée dart moderne de la ville de Paris), commande officielle à loccasion de lexposition internationale de 1937. Cet hymne à la modernité constitue une étape majeure dans une carrière désormais reconnue. Suivront alors ses grandes compositions pour le bar du fumoir du nouveau théâtre de Chaillot, Itinéraire de Paris à Sainte-Adresse et pour la singerie du jardin des Plantes, Les Explorateurs puis Les Savants (1939). « La mer et la musique ont bercé ma jeunesse » : ainsi se justifie une vocation naturelle à des thèmes et motifs privilégiés : plage et baie de Sainte-Adresse, avec ses baigneuses et son cortège dembarcations, mais aussi, vers les dernières années, orchestres, concertos, hommages aux grands compositeurs, expressions picturales unitonales, reflets dun épanouissement intérieur que les souffrances physiques dune polyarthrite sévère ne purent altérer. Suprême hommage, Raoul Dufy fut promu en 1949 au grade de Commandeur de la Légion dhonneur. Liberté dinvention dans le dessin, utilisation arbitraire dune couleur dissociée de la ligne, interprétation très libre et subjective dune représentation où se mêlent réel et imaginaire : telles sont les constituantes du style original de Raoul Dufy déterminant ses différentes expressions plastiques qui déclinent thèmes et motifs récurrents, recréés, amplifiés, transfigurés tout au long dune carrière féconde. Un an avant sa mort, le grand prix de peinture de la XXVI e biennale de Venise devait couronner, en 1952, lensemble de loeuvre marquante de Raoul Dufy.
- Sommaire
|