2003 ~ Littérature et sciences humaines ~
La publication
de Du vrai, du beau, du bien, en 1853, par Victor
Cousin, alors âgé de soixante et un ans, marque le retour en
grâce, attendu depuis longtemps, du vieux philosophe par les milieux
catholiques libéraux. Pour lessentiel, ce livre nest rien
dautre cependant que la reprise dun ouvrage publié une
première fois en 1818 et une seconde fois en 1846. Mais de lune
à lautre de ces éditions, Cousin rectifie et atténue
un propos qui avait autrefois choqué et avait contribué à
accréditer lidée que sa philosophie était purement
et simplement démarquée de celle de Hegel. Entre-temps, il avait
publié en 1828 un ouvrage qui lavait mis au plus mal avec les
catholiques : le Cours de lhistoire de la philosophie.
Lorsque surviennent 1848, puis la reprise en
mains par Louis Napoléon Bonaparte et enfin le coup dÉtat
du 2 décembre, Cousin se voit rapidement destitué des charges qui
avaient fait sa force, notamment la présidence du jury
dagrégation ; bientôt, il perd sa chaire de la Sorbonne et
son poste au conseil de lInstruction publique. Dès avant la
promulgation du Second Empire, en mars 1850, le comte de Falloux a obtenu la
liberté denseignement pour laquelle les catholiques
sétaient tant battus dix ans auparavant. Désormais, Victor
Cousin est un vieil homme qui na plus quune idée en
tête : faire amende honorable. Et cest à quoi sert la
nouvelle édition de Du vrai, du beau, du bien
où le philosophe déclare pour commencer quil est
allié «de toutes les bonnes causes », quil soutient le
sentiment religieux et que sa philosophie « apprend à tous les
hommes à se respecter et à saimer ».
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