Vitrine des savoir-faire des architectes, la huitième édition des Journées nationales de l’architecture, du 13 au 15 octobre prochains, va permettre, de célébrer cette discipline sur tout le territoire à travers plus de 1 200 événements. Pendant trois jours, des rencontres et débats, des visites d’agences d’architecture et de chantiers, des promenades urbaines, des portes ouvertes, des expositions, des projections de films ou encore des ateliers jeune public sont organisés dans dix-huit régions, y compris les collectivités en Outre-mer.
Cette année, l’évènement se met au diapason des grands thèmes actuels de la société : celui de la transition écologique, de l’adaptation et la résilience face au changement climatique. « En la matière, les architectes sont aujourd’hui incontestablement des acteurs essentiels, aussi bien parce qu’ils transforment la ville et les paysages pour les adapter aux besoins de la société en réponse aux effets du climat, qu’ils soutiennent le développement de filières courtes de construction en s’appuyant sur des savoir-faire locaux ou parce qu’ils réemploient et adaptent ce qui existe, pour ne citer que ces exemples », explique la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Gros plan sur ces architectures qui prennent en compte ces nouveaux enjeux.
Recyclage et matériaux écologiques
Chaque année, plus de 120 millions de tonnes de gaz à effet de serre* sont émises par le secteur du bâtiment, soit près du quart des émissions nationales. Le secteur est donc un domaine clé de la transition écologique et les architectes multiplient les initiatives pour renouveler les procédés de construction et concevoir des bâtiments les plus sobres possibles.
Il s’agit tout d’abord de privilégier le recours à des matériaux écologiques et responsables qui ont un impact significatif sur l’environnement, qu’ils soient biosourcés - issus de matières organiques renouvelables d’origine végétale ou animale comme le bois, le chanvre ou la paille - ou géosourcés - appréciés pour leur caractère écologique et local, leur sobriété énergétique et leur confort. Le réemploi de matériaux ou éléments de construction issus de déconstructions pour la reconstruction et le recyclage des déchets de chantier pour obtenir de nouveaux éléments de construction est également une des solutions.
Réhabilitation et réversibilité
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’édification d’une maison individuelle nécessite près de 40 fois plus de matériaux qu’une rénovation, voire 80 fois plus dans le cas d’un immeuble de logement collectif. L’urbaniste Sylvain Grisot ajoute que construire un immeuble « produit cinq fois plus d’émission de gaz à effet de serre qu’une réhabilitation ». Les architectes sont donc confrontés au défi de redonner une seconde vie au bâti en préservant et en adaptant l’existant avec des réhabilitations. Au niveau du ministère, le palmarès RéHAB XX récompense des réhabilitations exemplaires de l’architecture de la seconde moitié du XXe siècle est organisé en partenariat avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA). Les prochains lauréats seront annoncés avant la fin de l'année.
Des bureaux qui peuvent devenir, au fil des besoins, bureaux ou logements, tel est le principe de la réversibilité, qui consiste à concevoir des bâtiments capables de changer d’usage au fil du temps, moyennant des modifications et adaptations minimes. Cette technique peut se révéler très utile en cas de déséquilibre entre l’offre et la demande de logements et représente donc une alternative à la démolition des bâtiments, contribuant ainsi à diminuer l’empreinte écologique du secteur. À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les Journées nationales de l’architecture mettent également en lumière les initiatives vertueuses imaginées pour l’ensemble des installations et infrastructures sportives. Ainsi, le village Olympique se transformera après l’événement en quartier mixte doté d’équipements majeurs, dont un nouveau groupe scolaire et le Centre Aquatique Olympique.
Architecture en lien avec l’environnement et le vivant
L’architecture cohabite aujourd’hui avec les êtres vivants et l’environnement, notamment avec l’architecture bioclimatique, qui renoue avec des traditions architecturales. Avec elle, des bâtiments sont conçus en adéquation avec les spécificités du site sur lequel ils sont construits comme la géographie, l’orientation du terrain, le microclimat, afin de réduire au maximum les besoins en énergie des occupants. Il s’agit par exemple de mettre en place des dispositifs techniques permettant de capter le rayonnement solaire et de diffuser la chaleur en hiver ou de favoriser la circulation naturelle de l'air en été.
Les projets architecturaux accordent également une plus grande place au vivant avec la végétalisation des toitures, des façades et des terrasses ou encore l’installation de gîtes, de nichoirs et d’hôtels à insectes conçus pour accueillir des petits mammifères, des oiseaux et des pollinisateurs, et favoriser la protection de la biodiversité animale.
Ces projets ambitieux et novateurs sont encouragés dès la sortie d’école par le ministère avec RESEDA qui récompense les Projets de Fin d’Etudes (PFE) les plus écoresponsables réalisés par les étudiants en dernière année au sein des vingt Écoles nationales supérieures d’architecture. Créé cette année par le ministère de la Culture, ce palmarès révèlera ses premiers lauréats à l’occasion des Journées nationales de l’architecture. Ils bénéficieront d’une résidence à la Villa Médicis dans le cadre du festival des Cabanes qui invite chaque année des architectes, artistes et chercheurs à investir les jardins historiques de l’Académie de France à Rome pour travailler sur des constructions sur le thème de l’habitat durable et modulable.
*selon les Ministères Écologie Énergie Territoires
Les autres temps forts de cette huitième édition
• « Levez les yeux ! » : comme pour les Journées européennes du patrimoine, la première journée sera consacrée aux scolaires avec l’opération « Levez les yeux ! », fruit de la synergie entre le ministère de la Culture et celui de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Le vendredi 13 octobre, les élèves de la maternelle à la terminale pourront sortir de leur classe et explorer les paysages environnants pour s’éveiller à une culture architecturale, urbaine comme rurale.
• Label « Architecture contemporaine remarquable » : créé en 2016, il permet d’identifier, de mettre en valeur et de mieux faire connaître au public les immeubles, ensembles architecturaux, ouvrages d'art et aménagements de moins de cent ans d'âge. Des cérémonies de dévoilement de ces plaques seront organisées pendant les Journées nationales de l’architecture.
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