Villeneuve-Loubet - Villa Barberis
- département : Alpes-Maritimes
- commune : Villeneuve-Loubet
- appellation : Villa Barberis
- adresse : avenue Logis de Bonneau
- auteur : Guy ROTTIER (architecte)
- date : 1962
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 16 novembre 2006
Le lien d'amitié entre Guy Rottier et Charles Barberis s'établit à l'occasion du chantier de l'Unité d'habitation de Marseille dans lequel le premier était directeur des travaux dans la première phase du chantier et le deuxième adjudicataire du lot menuiserie.
Après avoir réalisé, en 1952, le cabanon de Roquebrune-Cap-Martin pour Le Corbusier, Charles Barberis propose à Guy Rottier, qui avait entre temps ouvert son propre cabinet à Paris, de réaliser ensemble des cabanons en bois pouvant satisfaire une demande de maisons de vacances minimales et peu coûteuses.
A l'occasion de cette collaboration, Barberis demande à Rottier de donner une "allure plus moderne" à sa maison familiale de style provençal sise à Villeneuve-Loubet. L'architecte élabore plusieurs propositions de transformation de la maison, cependant aucune ne le satisfait vraiment, et aucune non plus n'obtient une franche approbation de Barberis. En 1961, la décision est prise de démolir l'ancienne maison et de réaliser à sa place une villa moderne. Le programme prévoit une maison pour la famille de Charles Barberis (parents et trois enfants, dont deux garçons et une fille), plus un logement pour le gardien et un pour les amis, et enfin un garage spacieux. Le chantier, qui démarre en 1962 avec une entreprise de confiance de Barberis, avance lentement à la suite de difficultés financières de son entreprise de menuiserie. Il finira par s'arrêter brusquement après le décès de Madame Barberis, en 1965. Petit à petit, Charles Barberis rend habitable le rez-de-chaussée et s'y installe jusqu'à sa mort, en 1980. La maison est alors abandonnée jusqu'en 1987, date à laquelle François Barberis, fils de Charles, contacte Guy Rottier pour achever les travaux. Les locaux sont aujourd'hui loués par une école de design et par des parents proches de François Barberis.
Comme les autres maisons que Guy Rottier réalise au début des années 60, la villa Barberis révèle encore une profonde influence de l'architecture de Le Corbusier.
L'évocation de quelques uns des "cinq points de l'architecture" est ici associée à la recherche plus expressive et lyrique qui caractérise les travaux d'après guerre du maître. Selon le projet d'origine, les 340 m2 d'habitation réservés à la famille sont concentrés au premier étage auquel on accède en partie haute du terrain par un emmarchement extérieur. Le rez-de- chaussée, même s'il n'est pas marqué par des pilotis, conserve une fonction de service par la présence du garage et du logement destiné au gardien. Le dynamisme qui caractérise l'espace du premier étage a la fluidité du "plan libre", avec des poteaux parfois isolés et parfois combinés avec des murs porteurs.
Dans ce "plan-enveloppe", une série de boîtes aux formes géométriques pures ayant un rôle structurel (la cuisine et les trois chambres avec leurs pièces d'eau) est positionnée selon une irrégularité savante. Des cloisons courbes non porteuses et des éléments de mobilier délimitent l'espace sans l'enfermer. Le séjour est un grand espace unique, il est articulé en deux zones fonctionnelles par le sommet du triangle occupé par la cuisine et séparé de l'entrée par une cloison courbe. Les trois chambres semblent avoir été greffées à l'extrémité du plan avec un geste dynamique qui les fait pivoter vers l'extérieur de la maison.
Cet agencement produit des volumes surprenants et des éléments d'ouverture très expressifs. Les façades sont donc caractérisées par un effet de "déboîtement" et d'extrusion, associé à une alternance finement étudiée d'éléments enduits, blancs ou colorés, et d'éléments en béton brut.
La forme en "boomerang" de la maison donne fluidité et dynamisme aux lignes horizontales de la façade sud. Un escalier à vis permet d'accéder au toit qui devait initialement être végétalisé. Une ouverture est réservée en toiture pour apporter de la lumière dans la maison par l'intermédiaire d'une cour-patio plantée.
Trois "évènements" émergents construisent les liens entre la villa et son environnement : un mur de clôture affirme l'ancrage au sol, la séquence d'accès (escaliers, claustras) amarre le niveau principal au terrain, la sculpture abstraite du toit terrasse accessible suggère la direction du ciel.
La reprise du chantier par François Barberis marque un changement d'usage : l'étage d'habitation est transformé en bureaux destinés à la location sans entraîner de modifications majeures de la distribution prévue à l'origine.
- Rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo, Raffaella Telese - Laboratoire INAMA / ENSA Marseille, 2005-2008
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