1.1535 - La Castellane
Le Verduron, à l'extrême nord-ouest de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1535, p 47. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : La Castellane
boulevard Henri Barnier, quartier Verduron 13015
Lambert : lat. 3.00395 ; long. 43.3671
Accès : bus n° 25 : métro Bougainville - Saint-Antoine
propriétaire : Syndicat des Copropriétaires
programme : Groupe d'habitations de 1 249 logements.
Groupement de maîtres d'ouvrage :
Société d'HLM LOGIREM,
Société d'HLM de Marseille,
Société Nouvelle d'HLM,
Office Public départemental d'HLM des Bouches-du-Rhône,
S.A. d'HLM Provence Logis,
S.A.R.L. "La Castellane".
Ensemble de 10 immeubles et une tour. École, garderie, parkings, commerces, centre social.
dates, auteurs : Avis Préalable : 1966. Rectificatif : 1969. Conformité : 1974.
F. Boukobza, P. Jameux, M. Mathoulin, P. Meillassoux, architectes.
Bureau d'études, O.T.H. Omnium Technique.
Entreprise, Grands Travaux de l'Est.
site : Sur un terrain légèrement en pente et à proximité du grand territoire de la ville. Terrain initial de 1,58 ha. Altitude entre 71,10 et 96,30 m. Zone d'habitation secteur E et espaces libres public sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Les immeubles forment un plan masse très dense qui privilégie les figures fermées. Les barres sont disposées selon une trame perpendiculaire resserrée afin de créer des places monumentales entre chaque bâtiment.
bâti : Répétition d'une même cellule type entre type 3 et type 5 dans chaque bâtiment hormis la tour de plan carré et divisée en deux corps de bâtiment distincts reliés par passerelles. Structure en ossature poteaux-dalle béton. Les façades sont en panneaux préfabriqués sur coffrage perdu en béton brut. Utilisation des procédés TRACOBA et GTE2. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 22 (66.010), 165 W 859
Revue Prado n° 2, 1966
Contexte :
Située sur les terrains Foresta, La Castellane devait, avec Plan d'Aou et La Bricarde, faire partie du concours des 4000 Logements de Marseille organisé en 1958 par les sociétés d'économie mixte de la Société Immobilière de la Caisse des dépôts.
Les concours des 4000 sont mieux organisés que les précédents, terrains et financements sont réservés, ce qui donnera des projets plus concrets. À Marseille, les 4 000 logements sont dédiés au relogement des habitants des îlots insalubres en cours de résorption. Terminés au début des années soixante, ils abriteront une partie des rapatriés d'Algérie. Quatre sites étaient réservés à ce programme : La Viste, Malpassé, Saint-Barthélemy et les terrains dit de Foresta où, une dizaine d'années plus tard, on implantera Le Plan d'Aou, La Castellane et La Bricarde.
Les terrains Foresta sont situés au pied sud-est de la chaîne de la Nerthe au nord de Marseille sur un penchant déclinant à l'ouest en direction de l'Estaque. La Castellane se situe en partie basse de ces terrains.
L'ensemble est financé à 90% dans le cadre des programmes triennaux d'HLM. L'importance du groupe d'habitation (1 249 logements) mobilise cinq maîtres d'ouvrages différents, le comité interprofessionnel du logement (CIL) pilotant l'opération comme il l'a déjà fait pour l'ensemble Air Bel. Pour les architectes, c'est Pierre Meillassoux qui a élaboré le plan de détail au Plan Directeur d'Urbanisme pour les ensembles de La Castellane et Plan d'Aou, c'est encore lui qui va rédiger un descriptif commun selon la méthode analytique mise au point par l'Université Permanente d'Architecture et d'Urbanisme au mi-temps des années soixante.
Même si c'est le Collège des architectes qui a remplacé l'architecte conseil de ministère Xavier Arsène-Henry, son influence plane sur la réalisation proche de Pissevin-Valdegour à Nîmes qui lui est contemporaine.
Description :
Le plan s'organise sur un mail central limité à l'est, sur le boulevard Barnier, par une tour géminée de quinze étages et à l'ouest par un bâtiment de deux étages porté par des pilotis de deux niveaux. Le mail est bordé par des immeubles de sept niveaux avec des magasins de pied d'immeubles. Au centre du dispositif se trouve un petit bâtiment d'équipement social orienté différemment du reste des façades. Le mail devait recevoir des bassins, remplacés par des plantations, deux de ces bassins prévus au pied de la tour géminée accentuent l'allusion à celle d'O. Niemeyer pour le Parlement de Brasilia (1958). De part et d'autre du mail, se trouvent quatre îlots, de formes différentes, plus ou moins ouverts, délimités par des immeubles de quatre à sept étages. Ces immeubles sont typologiquement très divers : barres, barres pliées, plans en avant-corps, équerres, grecques et même peigne. Cette variété en plan ne se retrouve pas sur les façades qui, malgré un béton architectonique blanc et des reliefs en pointes de diamant, souligne la répétition du système constructif. On a affaire ici au procédé TRACOBA, célèbre par les logements de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), procédé de préfabrication lourde parmi les moins ouverts. On peut lire dans les notices : "On s'attache à supprimer les variantes dans la mesure où la conception architecturale le permet". Avec l'Omnium Technique (OTH) comme bureau d'étude, il n'y aura que peu de variantes.
Les trames constructives sont identiques à 5,30 m d'entraxe, distribuant deux logements par étages : des 4 pièces ou un 5 pièces et un 3 pièces. Seuls quelques accidents sont possibles : figures de retournement (grecque), de connexion (peigne) ou raccord courbe (barre pliée). On reste éloigné des dessins d'origine signés F. Boukobza, avec plans d'eau, buttes paysagées sur fond de montagnes héroïques. C'est encore une citadelle qui apparaît au générique du film 1,2,3 soleil de B. Blier, les acrotères crénelées ne le démentent pas. Par contre, La Castellane est un lieu d'une vie intense, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, la jeunesse est dehors, nombreuse qui commerce, échange et part livrer à la ville sa stupéfiante énergie. Une forme de vie urbaine !
Auteurs :
Fernand Boukobza,
né en 1926 en Tunisie, diplômé en 1956, Atelier Castel Hardy, travaille chez André Devin sur l'immeuble Sulfur City à Marseille.
Il est l'auteur de plusieurs programmes privés :
lieux de culte : Synagogue de Sainte-Marguerite, 1973,
bureaux : siège IBM, 1968,
usine : Compagnie Fruitière, 1967,
et maisons particulières.
Dans le domaine du logement collectif, on lui doit : 816 logementts HLM pour la Phocéenne d'Habitation, Le Castellas en 1965, avec P. Jaume, P. Mathoulin, et P. Jameux.
Pierre Jameux,
né en 1927, est diplomé de l'Ecole Nationale des Beaux Arts en 1959. Il a travaillé dans l'atelier d'André Devin, par où passera une bonne partie de sa génération.
En matière de logement, il est l'auteur de :
l'immeuble de la rue Auger, 1963,
Le Grand Verger, 1967,
Le Massif des Roses, 1971,
Les Alpilles, 1974.
Pierre Mathoulin,
né en 1925 à Saint-Etienne, fils d'architecte de Auguste qui travaille pour le CIL avec E.Claudius-Petit, est diplômé en 1959.
1965, Le Castellas, 15e, 815 logements avec F. Boukobza, P. Jameu et P. Jaume,
1973, La Bricarde, 15e, 866 logements,avec P. Meillassoux et J. Rozan, chef de groupe secteur industrialisé,
1973, Les Escourtines, 11e, 232 logements, avec P. Meillassoux.
Pierre Meillassoux,
né en 1928 au Perreux est diplômé en 1957. On lui connaît, à Marseille :
1961, Parc des Amandiers, 12e, 246 logements,
1965, Nouveau Parc Verdillon, 10e, 140 logements,
1966, Clair Soleil, 11e, 119 logements,
1969, Résidence les Borels, 15e, 154 logements,
1970, L'Emérigone, 13e, 303 logements,
1971, Château Saint-Jacques, 11e, 1 175 logements,
1972, Beausite, 13e, 76 logements,
1973, La Bricarde, 15e avec P.Mathoulin et J. Rozan, chef de groupe, 866 logements,
1974, Les Escourtines, 11e, avec P. Mathoulin,
1974, Le Bosquet, 11e, 239 logements,
1976, Baille Marengo, 6e, 102 logements.
Fichiers associés :
- Carte du 15e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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