1.1362 - Les Lauriers
la ZUP, 13e arrondissement, nord-est de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1362, p 37. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Les Lauriers
rue de Marathon, rue d'Entremont , quartier Malpassé 13013
Lambert 3 : latitude 3.07474 ; longitude 43.3284
bus n° 27 : La Rose - Saint-Éxupéry , n° 32 : Canebière - La Batarelle , n° 38 : Bougainville - Malpassé
propriétaire : Habitat Marseille Provence, 25 avenue de Frais Vallon, 13013, Marseille, 04 91 10 80 00
programme : Groupe d'habitations inclus dans la ZUP n° 1.
Aménageur SOMICA.
G. Gillet, archiecte en chef.
Maître d'ouvrage : OPHLM Ville de Marseille.
400 logements en un seul bâtiment.
dates, auteurs : PC initial : 1964. Achèvement des travaux : 1968.
P. Franceschini et P. Yard, architectes.
Réhabilitation : 1976, 1982-87.
site : Secteur est de la ZUP n° 1, Secteur L Malpassé Versants coteaux ouest. Altitude entre 95,00 et 97,60 m. À la croisée de rocades : la L2 et la grande rocade des Chutes-Lavie (non réalisée) proche de l'hôpital Laveran.
plan de masse : Inscrit dans le plan d'ensemble de Guillaume Gillet, qui prévoit dès l'origine un réseau de tour associé à des barres pliées. Épannelage : Immeuble unique R+13. Place des Piérons commune avec Les Cyprès.
bâti : Constructions sur refends segmentaires (voiles poteaux de 3,80m d'entraxe). Plancher poutrelles-hourdis. Façade avec panneaux en pierre d'Estaillade. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 24 (68.554), 165 W 959, 12 O 2393
ZUP n° 1
Revue Marseille n° 58, 1965
Marseille Information n° 84, 1977
La saga des projets de la ZUP n° 1 Marseille, 2000
Contexte :
Les zones à urbaniser en priorité (ZUP) sont créées en 1958 pour favoriser la création, hors des contraintes parcellaires, de quartiers nouveaux. Logements, mais aussi commerces et équipements sont répartis selon des grilles normatives.
La ZUP n° 1 de Marseille ou "ZUP du Canet" a ses prémisses dans les plans de Jean de Mailly, vers 1953. C'est Guillaume Gillet qui en dessinera la composition à partir de 1960. Le remembrement parcellaire propre à la ZUP conduira à utiliser les terrains acquis sur l'emprise de la seconde rocade initiée dès 1931 dans le plan Greber-Castel. La partie ouest de la ZUP sera consacrée à la résorption, par la Logirem, des grands bidonvilles occupant le site : essentiellement sur la Busserine, Font Vert ou la Benausse.
Plus tardive, la partie est, Saint-Jérôme et Malpassé, propriété presque exclusive de l'Office municipal (HMP), est le résultat de la densification générale du projet. Les tours y dominent et sont disséminées sur plusieurs secteurs pour éviter une trop grande uniformité des grandes barres.
Description :
Située au carrefour de deux rocades, dont seule la L2 sera réalisée, la grande échelle du bâtiment ne peut se comprendre autrement que par cette situation mais aussi par le territoire qu'elle borde. En effet, plusieurs constructions de cette envergure, situées du même côté du projet de rocade des Chutes-Lavie, laissent penser à une composition décidée et dessinée. Du sud vers le nord, on trouve successivement Bellevue (Campagne Signoret) - R+9, Les Lauriers - R+13 - et Les Oliviers A - R+11 - qui dessinent comme une enceinte en redent marquant une des limites de la ZUP, alors pensée comme une entité singulière. Ces grands immeubles ont en commun d'être des barres pliées à leurs extrémités (double inflexion angulaire) donnant cette succession de plissements qui apparentent le dispositif à un rideau de théâtre.
Les barres infléchies sont une des réponses au hors d'échelle et à la monotonie des trop longs bâtiments (cf. Le Haut du Lièvre à Nancy, B. Zehrfuss, 1956-62). L'inflexion est ici une déformation sans cause particulière, à but purement plastique et qui conserve le principe du chemin de grue. En effet pour une même longueur, un bâtiment ne sera pas perçu de la même façon s'il s'agit d'une barre droite ou d'une barre pliée dont certaines parties sont dérobées à la vue.
L'oeil est fait, dit-on : le jeu ici est purement perspectif, comme dans les dispositifs baroques. Le résultat sera moins de varier les apparences que d'amplifier encore la longueur des bâtiments qui prennent alors des dimensions encore plus importantes. C'est le cas de l'architecture des frères Arsène-Henry qui se situent dans cette intention d'une ville dense à l'échelle colossale. Xavier Arsène-Henry, architecte-conseil du ministère de la Construction pour le département au début des années soixante, aura une forte influence dans le choix de la composition des plans de masse pour lesquels il donne son accord préalable. On peut citer les barres infléchies de la Rouvière et de Valmante parmi les plus importantes de la ville.
En ce qui concerne les Lauriers, la longueur totale de l'immeuble est supérieure à 237 m (100 m de plus que la Cité Radieuse). En fait, on n'en perçoit jamais la totalité.
Le dessin de la barre dans sa longueur se fait par addition de cages d'escaliers identiques desservant, sur les 13 niveaux, deux appartements traversants par étage.
La structure est faite de poteaux-voiles (voiles segmentaires sur quatre files pour 12 m d'épaisseur du bâtiment) d'environ 0,22 x 0,72 m pour des portées de 3,80 m d'entre axe.
Au 9e étage, sur la façade ouest, on remarque une césure horizontale ressemblant à une coursive, mais elle n'est en réalité qu'une suite de loggias continues. Ce dispositif permet de dessiner des registres qui sont soulignés par l'utilisation de garde-corps légers à barraudage (4e, 8e et 19e étages) au lieu des allèges pleines. À ces divisions horizontales s'opposent les verticales des bandes de pierres d'Estaillade en remplissage ainsi que des portes-fenêtres alignées, munies de garde-corps légers. Allié à la structure apparente en façade, l'ensemble donne une impression d'entrelacs, de tissage, qui ajoute à l'ampleur du bâtiment.
Auteurs :
P. Franceschini et P. Yard (né en 1906),
architectes associés, se sont fait connaître sur la reconstruction du port, puis dans des programmes sociaux, voire très sociaux à Marseille :
Les Catalans, 1955, revue Urbanisme n° 68,
Saint-Joseph, Cité d'urgence LEPN, 1955,
La Grotte Rolland, Opération Million, 1960,
La Renaude, programme de relogement, 1964.
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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