La découverte majeure d'un reliquaire en plomb, en forme de cœur, a été réalisée le 19 novembre 2019 lors d'un sondage archéologique dans la cathédrale du Mans, au niveau de la chapelle haute dite des anges musiciens.

Les sondages ont été menés en plein accord avec l'évêché, affectataire de la cathédrale. La Ville du Mans a mené ces dernières années de nombreux travaux autour de la cathédrale comportant des fouilles archéologiques. Ce reliquaire, découverte rarissime, vient compléter notre connaissance sur l’histoire de la ville du Mans.

La cathédrale, monument historique propriété de l'Etat, fait l’objet d’une étude de diagnostic architectural commandée par la DRAC des Pays de la Loire à l'architecte en chef des Monuments Historiques, Christophe Amiot. Deux sondages ont alors été ouverts par Stéphane Büttner, archéologue au Centre d'Etudes Médiévales d'Auxerre, pour répondre à trois questions principales, à savoir la hauteur du sol de la chapelle au XIIIe siècle, l’emplacement de la barrière du chœur gothique et la présence d’un monument funéraire important au nord-ouest.

Le premier sondage archéologique positionné au centre de la chapelle, sous la clé de voûte de la deuxième travée depuis l’est, a révélé un contexte funéraire inédit d'une valeur exceptionnelle pour l'histoire de la cathédrale.

Un reliquaire contenant le cœur d'un personnage illustre

L’archéologue du Centre d’Etudes Médiévales d’Auxerre a tout d'abord retrouvé, à environ cinquante centimètres sous le dallage actuel, un objet en plomb en forme de cœur dans une petite fosse carrée d'une quarantaine de centimètres de côté creusée dans le premier sol de la chapelle haute. Il est vite apparu qu'il s'agissait d'un reliquaire, constitué d’un boîtier contenant le cœur, sans doute embaumé, d’un personnage illustre. Celui-ci fut inhumé dans une sépulture remarquable faisant l’objet d’une dévotion particulière à l'endroit le plus sacré de la cathédrale du Mans. La poursuite de la fouille a permis de comprendre que le cœur était enveloppé initialement dans un sac en tissu rempli de paille et avait été déposé dans un petit cercueil en chêne d'environ un mètre de long.

Un objet postérieur au 13e siècle et antérieur au 18e siècle

Ce reliquaire a sans doute été violé une première fois à une date encore indéterminée pour être redécouvert au XVIIIe siècle lors de travaux de rénovation du sol de la chapelle. Sans doute oublié, l’ensemble a été finalement scellé par le dallage actuel aménagé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le reliquaire est donc postérieur au XIIIe siècle, car sa mise en place recoupe le sol primitif de la chapelle gothique ; il est antérieur au XVIIIe siècle puisque découvert lors des travaux de reprise du sol à l'époque moderne. L’analyse en cours de l'ensemble de la sépulture permettra de préciser la datation du reliquaire en lui-même, d'identifier éventuellement le personnage illustre dont le cœur a été inhumé ici et enfin, de mieux comprendre le rituel spécifique à ce genre de contexte funéraire remarquable.

Une découverte exceptionnelle

Si quelques cœurs-reliquaires ont été retrouvés dans des cercueils en plomb datant de l’époque moderne, comme à l'église paroissiale de Châtillon-sur-Colmon (Mayenne) ou à l’abbaye des Jacobins à Rennes (Ille-et-Vilaine), il est en revanche exceptionnel d’en retrouver dans le chœur d'une cathédrale, dans une position aussi privilégiée. Le dernier exemple en date pour la région fut découvert au XIXe siècle dans la cathédrale d'Angers (Maine-et-Loire).

L'objet va être étudié en laboratoire pour évaluer les conditions de sa restauration et de sa conservation

A l’issue de son étude archéologique exhaustive dans la cathédrale, le cœur en plomb a été envoyé en laboratoire pour analyse afin d’évaluer au mieux les conditions de sa restauration et de sa conservation sur le long terme.