Partenaires fondateurs, acteurs de la première heure, nouveaux arrivants, tous, à l’occasion des premières rencontres du réseau Micro-Folie qui se sont tenues le 16 septembre dernier, au château de Versailles, ont témoigné du succès remporté par ces « lieux de vie culturels pour tous » depuis leur lancement. Retour sur cette journée.

« Les Micro-Folies sont une chance pour les territoires qui les accueillent ». C'est Franck Riester qui l’affirme sur le ton de l’évidence, en ouverture des premières rencontres du réseau Micro-Folie. Et pour cause : depuis leur lancement en 2016, ces espaces culturels d’un nouveau genre séduisent non seulement à l’intérieur mais aussi à l’extérieur des frontières de l’Hexagone grâce au réseau des établissements culturels français à l’étranger. Ainsi, on trouve une Micro-Folie aussi bien dans le cinéma de Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais, dans l’église désacralisée de La Souterraine dans la Creuse, qu’à l’Institut français du Caire ! Le ministre confirme leur déploiement à hauteur de « 1000 Micro-Folies d’ici trois ans » et annonce un doublement des crédits alloués au projet en 2020.

Vous, qui avez compris l’intérêt de cet objet fou, mais finalement si simple, c’est à vous d’imaginer les formes multiples que prendront demain les Micro-Folies (Franck Riester)

Proposer un service culturel de proximité

Quelles sont les raisons de ce succès fulgurant ? « En 2016, lorsque Didier Fusillier nous a proposé de nous lancer dans le projet de Micro-Folie, un nom emprunté à l’architecte Bernard Tschumi, tout restait à écrire, mais nous ressentions l’urgence à faire venir vers nous le public qui n’osait pas pousser la porte de nos établissements » se souvient Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du Château, du musée et du domaine national de Versailles qui, après le ministre, rend un hommage appuyé au Président de l’Établissement public du parc et de la grande halle de La Villette, initiateur du projet.

 

Micro-Folies, une plateforme culturelle

Nous, ce sont les douze établissements culturels fondateurs, parmi lesquels la Cité des sciences et de l’industrie, la Cité de la musique - Philharmonie de Paris, le musée du quai Branly - Jacques Chirac ou encore l’Opéra de Paris, qui ensemble ont œuvré au lancement du Musée numérique, « le cœur du dispositif » des Micro-Folies pour reprendre le mot de Franck Riester. Dans chaque Micro-Folie, où qu’elle se trouve - dans une médiathèque, un cinéma, un centre culturel et social… - les visiteurs ont  accès aux images haute définition de chefs-d’œuvre issus des collections de ces douze établissements publics nationaux. S’y adjoindront prochainement celles de la première collection internationale du Musée numérique, réunissant entre autres des œuvres du Palais Royal de Madrid, du château de Schönbrunn en Autriche, ou encore du Palais Royal de Caserte en Italie. Et bientôt aussi, comme l’annonce Didier Fusillier, celles de la Bibliothèque national de France, du Centre des monuments nationaux, et du Musée Guimet.  En fonction du lieu choisi pour accueillir la Micro-Folie et du projet conçu par et pour les habitants, plusieurs modules complémentaires sont ensuite possibles : un FabLab, un espace de réalité virtuelle, une scène, une bibliothèque ludothèque, un espace de convivialité. Les collections sont en outre complétées par des contenus pédagogiques et de propositions originales en réalité virtuelle grâce à un partenariat avec Arte.

 

Innovation et territoires

Modulables, ouvertes à l’innovation, les Micro-Folies, qu’il revient « à chaque territoire d’inventer », répondent à un objectif majeur souligne Franck Riester : « celui de proposer un service culturel de proximité accessible à tous les citoyens. Implantées au plus près de la vie des habitants, les Micro-Folies s’installent dans l’espace du quotidien, ce qui favorise leur appropriation par chacun ». Le ministre insiste sur le concours décisif apporté par le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales : « Par le biais du commissariat général à l’égalité des territoires, le ministère accompagne le déploiement des Micro-Folies dans le cadre d’un partenariat interministériel approfondi et ambitieux. Ce partenariat prévoit notamment que les collectivités se dotant d’une Micro-Folie puissent bénéficier des dotations en faveur des territoires prioritaires ».

Deux Micro-Folies emblématiques illustrent à merveille cette réussite. L ‘une, au cœur du quartier des Beaudottes à Sevran, éloigné de la culture, est la première à s’être implantée en France.  En plus du Musée numérique, elle comprend un FabLab et un espace convivial. « La Micro-Folie, qui a permis une reconquête territoriale à travers la culture, bénéficie aujourd’hui de l’adhésion de l’ensemble de la population. Nous travaillons de manière transversale avec l’ensemble des services de la ville. Le lieu est complètement ouvert aux habitants qui nous le rendent bien », se félicite son directeur Phaudel Khebchi. L’autre, à Lens, a ouvert ses portes il y a seulement six mois et comptabilise déjà 9500 visiteurs. « L’ouverture de la Micro-Folie a permis de monter d’un cran dans l’offre à destination du public jeune », explique Naceira Vincent, adjointe à la jeunesse, à l’enseignement supérieur, et aux nouvelles technologies à la ville de Lens. « Les jeunes se sont complètement emparés de l’outil et rivalisent de propositions. Il y a déjà eu un concours « incroyables talents », un projet d’écriture autour du slam…La Micro-Folie, où ils se sentent chez eux, valorise leurs compétences ».

 

Projets en cours

Du côté des projets en cours, l’impatience est palpable. À Morlaix, « ville riche de son patrimoine mais qui souffre d’enclavement, la Micro-Folie, installée dans une ancienne quincaillerie, va réparer l’injustice spatiale », se félicite sa maire Agnès Le Brun.  « Nous disposons déjà d’un très beau théâtre à l’italienne, mais l’abondance ne nuit pas, l’appétit vient en mangeant, pour la culture comme pour le reste », souligne-t-elle encore malicieusement. À Carrignan, dans les Ardennes, petit chef-lieu de canton à dix minutes de la Belgique, la Micro-Folie sera hébergée par la médiathèque qui a ouvert ses portes il y a un an. Denis Lourdelet, son maire, ne cache pas sa fierté : « La médiathèque va s’en trouver enrichie. Le numérique permet aujourd’hui d’offrir de nouveaux services en ruralité. C’est formidable de penser que nos administrés vont avoir accès aux collections de tous ces musées ».

« Vous, les pionniers qui avez compris l’intérêt de cet objet fou, mais finalement si simple, qu’est la Micro-Folie. Vous qui avez décidé de vous engager à nos côtés, et qui, à présent, faites partie du réseau des Micro-Folies, c’est à vous d’imaginer les formes multiples que prendront les Micro-Folies », conclut Franck Riester. Nul doute que pour l’assistance nombreuse venue assister à ce premier rendez-vous, parmi laquelle beaucoup sont sur le point de se lancer dans l’aventure, ces rencontres auront été utiles autant que galvanisantes.

 

Franck Riester : « Les DRAC se mobilisent pour les Micro-Folies »

Co-construction, cartographie, coordination… Le rôle des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) dans le déploiement des Micro-Folies est « multiple » et « essentiel », a expliqué le ministre de la Culture. Il l’a détaillé dans le discours qu’il a prononcé le 13 septembre lors de la première rencontre des Micro-Folies. « Pour que ce déploiement [de 1000 Micro-Folies d’ici 2022] se fasse avec la participation active des territoires, les DRAC seront particulièrement mobilisées, a souligné Franck Riester, en indiquant qu’« elles auront la pleine responsabilité de la cartographie des nouvelles implantations, en concertation étroite avec les collectivités et les préfets ».

Autre ambition : « Je souhaite également que les DRAC s’impliquent dans la co-construction des projets artistiques et culturels des Micro-Folies, en réunissant autour d’elles l’ensemble des parties prenantes », a-t-il assuré, en expliquant que « le rôle de coordination des DRAC doit permettre d’articuler les Micro-Folies à d’autres projets culturels et artistiques portés par des acteurs locaux. Je pense notamment aux résidences d’artistes du spectacle vivant comme des arts visuels, aux actions de valorisation des métiers d’art… Les structures labellisées par le Ministère et les artistes soutenus par l’Etat ont naturellement vocation à s’y associer ».