Parmi la programmation du festival, La DRAC présente deux focus. Le premier est consacré à la violoncelliste Marie Ythier, artiste en résidence à Royaumont (2021-2024), le second est dédié à l'Ensemble Dialogos et Katarina Livljanić avec Hécube, reine de Troie. Un spectacle ambitieux qui revisite des textes de la Renaissance avec l'aide de chantres traditionnels croates.
Le Festival de Royaumont est composé de rencontres avec des artistes. Durant 10 jours, 27 rendez-vous sont programmés. Le festival invite à la redécouverte de la musique ancienne et de la création contemporaine, de la recherche chorégraphique aux rencontres transculturelles. L’ambition de Francis Maréchal, directeur général de la Fondation est de célébrer : "La diversité : diversité des répertoires, diversité des talents réunis, à l’orée ou à l’apogée de leurs carrières" et de proposer au public "chaque journée un "lever de rideau" animé par la journaliste Priscille Lafitte".
Marie Ythier, un violoncelle en partage, Orchestre national d’Auvergne + Sillages + Arne Deforce
(samedi 23 septembre)
Un grand nombre d'interprètes contribuent à faire avancer l’histoire de la musique. Marie Ythier, par exemple, n’a rien d’une banale violoncelliste. Elle a entièrement conçu le programme qu’elle présente en compagnie de l’Orchestre national d’Auvergne, de l’ensemble Sillages et de son confrère Arne Deforce. Elle a notamment obtenu une commande d’État pour De l’un, l’autre, le concerto inédit d’Augustin Braud. Elle a longuement dialogué avec Bastien David – dont elle apprécie l’imaginaire lumineux depuis Riff, une collaboration qui date de 2017 – avant que ne naisse le double-concerto L’ombre d’un doute, auquel l’Orchestre national d’Auvergne donne une remarquable profondeur.
La violoncelliste Marie-Ythier © Kamir-Meridja
Michele Gagliano, fidèle mécène de Royaumont, a provoqué la rencontre de la violoncelliste et du compositeur Matteo Gualandi ; l’Italien a donc créé pour elle une œuvre inspirée par le tissu de sons que produit son instrument, un violoncelle du dix-neuvième siècle. Virtuose visionnaire, Marie Ythier est ainsi sans cesse à l’affût de nouvelles idées, qu’elle n’hésite pas à aller chercher à la source. Une interprète au plein sens du mot, aussi créative qu’une traductrice de poésie, doublée d’une formidable repéreuse de talents, qui a composé autour des Ramifications de Gyorgy Ligeti le plus capiteux des bouquets.
"Hécube, reine de Troie". Ensemble Dialogos + Katarina Livljanić
(samedi 30 septembre)
Un spectacle ambitieux qui revisite des textes de la Renaissance avec l'aide de chantres traditionnels croates. La guerre de Troie n’est pas finie. Elle se rejoue continuellement, au travers de mille adaptations du mythe initial. Au cinquième siècle avant Jésus-Christ, Euripide avait écrit l’histoire d’Hécube, reine meurtrie qui se transforme en monstre furieux à la mort de ses enfants et trouve dans la vengeance la seule issue à sa fureur. Érasme a traduit en 1506 la tragédie en latin. L’écrivain vénitien Lodovico Dolce l’a adaptée à l’italien de la Renaissance quelques années plus tard, avant que son confrère de Dubrovnik, Marin Druzic, ne s’en inspire pour une nouvelle version.
Portrait de Katarina Livljanić : © Matko Petrić
A l’heure ou ces deux écrivains, nés et morts les mêmes années, reposent dans deux églises voisines de la cite des Doges, Katarina Livljanić mêle leurs mots. Grecs et Troyens chantent et s’affrontent désormais en dialectes italiens et croates. Ce sont les solistes de l’Ensemble Dialogos qui les incarnent, tandis que les chantres traditionnels dalmates de Kantaduri interviennent comme un chœur antique. Cet assemblage avait déjà fait merveille en 2015 pour Dalmatica, un programme centré sur les chants sacrés de l’Adriatique.
L'Ensemble Dialogos à l'abbaye de Royaumont lors de sa résidence © François Mauger
Pour Hécube, reine de Troie, ce sont les techniques d’improvisation de la Renaissance qui ressurgissent, ainsi que L’âpre chant traditionnel de la région de Dubrovnik. La force des arrangements, l’intensité qui s’en dégage subliment les dix voix vivement colorées et puissamment dramatiques. La guerre de Troie reprend. A Royaumont, elle jette à nouveau un éclairage saisissant sur l’âme humaine et sa palette tout en nuances de sentiments contradictoires et profonds. D’après les textes de Marin Držić (1559) et Lodovico Dolce (1543), Chants traditionnels hérités de Dubrovnik et de Venise au XVIe siècle
27 rendez-vous sont organisés pour révéler : les mouvements du temps avec Remix Factory 93/23, reprise d’une œuvre d’Hervé Robbe de 1993 et "Les Siècles & Isabelle Faust", les créations avec "Court-circuit", un ensemble engagé depuis trois décennies en faveur de la création, la soprano Johanna Vargas et l’électrique guitariste, Yaron Deutsch (concert de l’Académie Voix Nouvelles), la Vienne de 1900 où les œuvres de Gustav Mahler et Alexander von Zemlinsky sontportées par le baryton, Christian Immleret le pianiste, Andreas Frese.
Orchestre Les Siècles et Isabelle Faust © Jean-Pierre-Gilson
En début de soirée, place aux "Nuits de Vienne" d’Arnold Schönberg à Erich Wolfgang Korngold, les nouveaux ensembles en résidence avec L'Ensemble Apotropaïk (en résidence à Royaumont 2023-2025) pour les musiques du Moyen Âge et L'Ensemble Semblance, pour celles de demain.
Axelle Fanyo © Capucine de Chocqueuse
"Les Corps à cordes" avec la soprano Axelle Fanyo, Grand Prix du concours Nadia et Lili Boulanger 2021, le pianisteTanguy de Williencourt et le Quatuor Diotima, ombres et lumières avec "Light & shadow", polyphonies anglaises par l’ensemble vocal Vox Luminis, spécialiste du répertoire baroque des XVIIe et XVIIIe siècle, sous la direction de Lionel Meunier.
Portrait du barytonChristian Immler © Marco Borggreve
De la danse avec "C’est toi qu’on adore" dont la chorégraphie est signée Leila Ka, artiste associée au 104.
Leila Ka ©Pierre Planchenault
Les odyssées avec Keyvan et Bijan Chemirani. Les splendeurs vénitiennes sont accompagnées par la claveciniste Béatrice Martin, la mezzo-soprano Adèle Charvetet l’ensemble de musique de chambre. Le Consort, l’art de la mélodie et du lied avec les Duos de l’Académie Orsay-Royaumont : Cyrielle Ndjiki Nyasoprano et Kaoli Ono piano, Adrien Fournaison baryton-basse et Natallia Yeliseyeva piano, Brenda Poupard mezzo-soprano et Anne-Louise Bourion piano, Dan D’Souza baryton et Dylan Perezpiano.
image d’accroche "Bella-Donna" femme sublime fleur mortelle L'Ensemble Apotropaik © Royaumont
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