Des tableaux de grands maîtres, empreints de tradition et d’odyssée
Œuvres datant des 17e et 18e siècle, ces tableaux, commandés aux plus illustres peintres, témoignent de la qualité artistique de la peinture religieuse en France à cette époque. Treize Mays sont toujours présentés dans la cathédrale.
À partir de 1630 et jusqu’en 1707, la confrérie des Orfèvres parisiens offrait chaque année au 1er mai un tableau de grande taille réalisé par un artiste de renom représentant un sujet tiré des Actes des Apôtres. Le mois de mai s’écrivait alors « may », ce qui a donné le nom des Mays de Notre-Dame. Au début du XVIIIe siècle, la corporation cessa sa pratique. Le chœur de la cathédrale fût réaménagé par Louis XIV pour honorer le vœu de son père Louis XIII. Pour décorer ce nouveau chœur, les meilleurs peintres de l’époque réalisèrent huit grandes peintures illustrant la Vie de la Vierge.
Sur les 76 Mays offert, 13 étaient toujours présentés dans la cathédrale en 2019.
À la Révolution, les tableaux sont déposés au musée du Louvre et au château de Versailles ou sont dispersés dans toute la France. 52 Mays sont à ce jour localisés. En 1821, 21 Mays ont retrouvé la cathédrale. En 1844, Eugène Viollet-le-Duc débute la première restauration de Notre-Dame de Paris : les tableaux sont alors envoyés au Louvre, seuls quatre Mays restent dans la cathédrale. Le retour des Mays et des autres peintures à Notre-Dame est dû à l’opiniâtreté de Pierre-Marie Auzas, inspecteur des monuments historiques, dès 1943.
Les 25 œuvres de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, en plus d’être des toiles de grands maîtres, sont pour la plus part des tableaux de grande taille allant jusqu’à 4,5 m de haut et 3,5 m de large.
- 7 tableaux sont des dépôts du musée du Louvre
- 3 tableaux sont des dépôts de la ville de Paris
- 15 tableaux relèvent de la DRAC Île-de-France
Présentation des tableaux de Notre-Dame de Paris
De l’incendie à la restauration : deux années de préparation
2 700 000 €
Coût total de l'opération de restauration et de conservation
Dès le 15 avril 2019, 2 tableaux sont évacués vers le musée du Louvre, La Nativité de la Vierge des frères Le Nain et La Vierge de Pitié de Lubin Baugin. Le 16 avril 2019, 3 petits tableaux accrochés dans le trésor sont évacués vers le musée du Louvre qui représentent le Chanoine de La Porte, le Chanoine Guillot et le Cardinal de Noailles. Ces œuvre sont en bon état et ne nécessitent pas de restauration.
Des sociétés professionnelles ont été réquisitionnées pour évacuer les œuvres et les stocker dans des lieux temporaires pouvant accueillir de tels formats.
Le 19 avril 2019, 15 autres tableaux sont sortis, ceux de Baugin, Blanchard, Bourdon, Chéron, Élias, Francken, La Hyre, Le Brun, Loir, Poërson, Testelin, Vien et Vouet. 3 tableaux de Carrache, Jeaurat et Van Loo quittent la cathédrale le 24 avril. Enfin, les 2 dernières œuvres, de Reni et La Hyre, difficilement accessibles, sont évacuées en août 2020. Tous les tableaux ont été dépoussiérés face et revers et ont bénéficié chacun d’un constat d’état. Le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) est venu en appui de la DRAC pour organiser l’évacuation et la conservation des tableaux. Il a notamment mis en œuvre les opérations de dépoussiérage (face et revers) et de constats d'état détaillés effectués par des restaurateurs.
À l’été 2020, la DRAC, en partenariat avec le C2RMF, lance un appel d’offres pour trouver, en Île-de-France, un lieu unique de stockage des tableaux. Des installations spécialement aménagées pour l’opération de restauration sont créées en Essonne, avec un espace pour les traitements des supports toile et cadre, un espace pour les traitements de la couche picturale et une réserve. Ces espaces répondent à des conditions de sécurité et de conservation adaptées à la nature de ces œuvres.
Ce projet émane d’une volonté de la DRAC de permettre à ses équipes et partenaires de superviser le chantier d’une part, et d’offrir un cadre de travail optimal aux restaurateurs d’autre part. Les tableaux ont été transportés sur le site de restauration, en décembre 2020, et les ateliers de restauration ont été achevés en mars 2021.
Il faut 8 à 10 personnes pour manipuler les plus grandes toiles.
Une restauration exceptionnelle, minutieuse et scientifique
C'est la première et la plus grande restauration simultanée de tableaux grands format en France
Découvrir toute la websérie sur la restauration des tableaux de Notre-Dame de Paris
Cette opération fondamentale est rendue nécessaire par le vieillissement naturel des matériaux et non en raison de l’incendie, qui n’a, heureusement, pas détérioré les tableaux. Les techniques de restauration anciennes ont permis une bonne conservation des œuvres dans le temps. La campagne de restauration, inédite par son ampleur, doit durer deux ans, afin que les toiles puissent retrouver la cathédrale pour sa réouverture, en 2024.
La saleté qui s’est déposée sur les œuvres s’explique par le passage du temps, accrue par les allers et venues de visiteurs. Les tableaux présentaient pour certains un décollement des toiles de rentoilage, un jaunissement des vernis et une modification des couleurs des anciennes retouches picturales. La DRAC a régulièrement entretenu ces œuvres par des dépoussiérages à plusieurs reprises, et avait récemment procédé à la restauration d’une toile (L'Assomption de Jean Jouvenet, 1716, Hauteur : 4,32 m ; Largeur : 4,41 m).
La restauration des tableaux s’effectue en 4 étapes dans des ateliers conçus spécifiquement, celle-ci terminée, les tableaux sont remontés avec leur cadre et entreposés dans la réserve en attente d’être raccrochés dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, quand les conditions le permettront. À l’issue de cet examens, des tests de restauration sont réalisés sur les tableaux, et une commission scientifique se réunit pour valider les proposition d’intervention. Les œuvres entrent alors dans les étapes de restauration à proprement parler.
De la dépose à la restauration, en cours, de l’ensemble exceptionnel de 22 tableaux de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la CRMH de la DRAC Île-de-France, pilote des opérations, a pu s’appuyer sur l’expertise du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), service de référence du ministère de la Culture.
Des installations à la hauteur de ce chantier exceptionnel
Pour permettre la restauration simultanée des tableaux, la DRAC a décidé de réaliser l’opération dans un lieu unique permettant d’accueillir ces grands formats. Un site unique, mis à disposition par l’entreprise Bovis Fine Art, situé dans le sud de l’Île-de-France a été choisi. Des travaux d’aménagement de seulement 6 semaines ont été nécessaires pour concevoir des lieux conformes aux attentes de la DRAC et permettant des conditions de conservation et de sécurité.
1 630 mètres carrés
La surface des installations spécialement conçues pour cette opération
Une restauration qui redonne tout son éclat aux œuvres de Notre-Dame de Paris
Voici un exemple de la restauration complète d'un des 22 tableaux, l'œuvre de Nicolas Loir, Saint Paul rendant aveugle le faux prophète Bargésu, daté de 1650.
Partenaires :
- Musée du Louvre – Département de conservation
- C2RMF - Centre de recherche et de restauration des musées de France
- COARC - Conservation des œuvres d'art religieuses et civiles de la Ville de Paris
Relations presse
Service communication
presse-dracidf@culture.gouv.fr
Découvrez le dossier de presse de l'opération
Photo presse à télécharger @ dr
Dans un sujet diffusé au JT de 20h le 25 décembre 2021, France 2 a suivi le démarrage de cette restauration spectaculaire.
Le journal Le Parisien poursuit la couverture de ce chantier extraordinaire dans un sujet disponible depuis le 2 mars 2022.
TF1 revient sur cette opération exceptionnelle dans un reportage diffusé dans le JT de 13h du 14 avril 2022.
France 24 diffuse l'opération à l'international dans un reportage du 8 septembre 2022
France culture s'entretient avec les restaurateurs de la restauration
Lire l'article Notre-Dame de Paris : la restauration active de tableaux monumentaux
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