Dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, des visites guidées par les archéologues sont organisées sur le chantier de fouille de l'Inrap à Meaux. Préalablement à des travaux d’aménagement 1 à 9 rue Saint-Fiacre à Meaux, une fouille préventive est menée par l’Inrap sur prescription de l’État (Drac Île-de-France) à l’emplacement de la ville antique de Ia(n)tinum. Les archéologues étudient les traces de l’occupation gauloise ainsi que les vestiges d’une rue antique et de quartiers d’habitations datés du Ier au IIIe siècle, qui reflètent l’importance régionale de la ville dès l’époque antique.
Un nouveau carrefour de rues antiques
Au cours du XIXe siècle, Antoine Etienne Carro, un historien local, reconnaît et interprète la découverte de quelques vestiges gallo-romains, apparus au cours de travaux urbains, comme un possible tracé de rues. La ville antique construite sur le modèle romain est organisée autour de voies perpendiculaires, les habitations et les échoppes sont installées le long de ces rues.
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
La fouille de la rue Saint-Fiacre met au jour une intersection entre deux rues, un cardo (axe nord-sud) et un decumanus (axe est-ouest). Elles se composent de nombreux niveaux de graviers et cailloutis plus ou moins compactés. Plus largement, l’ensemble s’intègre dans le réseau viaire de la ville antique de Ia(n)tinum dont la complexité se renforce au fur et à mesure des découvertes.
Le mobilier prélevé sur le cardo semble attester un abandon de ce dernier dès la moitié du Ier siècle. Les archéologues de l’Inrap supposent qu’il s’agit d’une rue secondaire par rapport au reste du réseau de voirie déjà étudié lors de fouilles précédentes à Meaux. Le decumanus offre, lui, un accès vers le théâtre antique, situé au niveau de l’actuelle rue Camille-Guérin.
Un quartier d’habitat ou d’artisanat ?
La fouille des diverses constructions bordant ces deux rues devrait apporter de précieuses informations quant au mode d’occupation gallo-romain.
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
Les archéologues y recensent de nombreux murs et soubassements en pierres. Parfois, des niveaux de sols en terre ou en cailloutis compact leur sont associés. Plusieurs caves ont également été découvertes, remblayées par la démolition des maisons qui se trouvent au-dessus. Vaisselle en céramique, restes osseux, éléments d’architecture en terre cuite comme les tuiles (tegula et imbrex) et même un fragment d’antéfixe (motif en terre cuite placé en bordure de toiture d’un édifice pour orner ou masquer l’extrémité d’une rangée de tuiles) sont autant d’indices susceptibles d’affiner la datation de ce quartier et son évolution, malgré l’impact des aménagements postérieurs sur les vestiges.
Pour le moment les découvertes de mobiliers archéologiques ne permettent pas de trancher entre ces deux types d’occupation, l’architecture des habitations ou des quartiers artisanaux étant très proche à l’Antiquité.
L’enduit peint : un décor à la mode
La fouille d’un quartier urbain antique est propice à la découverte de peintures, l’enduit peint constituant le mode de décor plaqué le plus largement répandu. Il consiste en l’application de pigments sur une surface enduite, cette technique peut être réalisée sur un enduit sec à l’aide d’un liant comme l’œuf mélangé au pigments ou sur un enduit humide ce qui entraine une réaction chimique qui scelle les pigments dans l’enduit. Au-delà de sa fonction de protection du mur (ici en terre crue sur soubassement en pierres), l’enduit plus ou moins luxueux est un marqueur social.
© Christel Delozanne, Inrap |
© Christel Delozanne, Inrap |
La fouille de la rue Saint-Fiacre a dégagé de nombreux fragments de ces décors. Les archéologues entrevoient les pratiques décoratives en cours dans la cité antique de Meaux au Ier siècle. Déjà, l’étude des peintures du pan de mur effondré in situ, découvert le long du cardo, montre qu’il y avait probablement une hiérarchisation des espaces, indice à prendre en compte dans l’identification de la fonction des lieux.
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
© Hamid Azmoun, Inrap |
La fouille actuellement en cours rue Saint-Fiacre se déroule jusqu’à début novembre. Les recherches se poursuivront ensuite par une longue campagne d’étude du mobilier découvert et l’interprétation des vestiges du site.
- Aménagement CIG Promotion et Capelli
- Contrôle scientifique Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
- Recherche archéologique Inrap
- Responsable scientifique Christel Delozanne, Inrap
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen. |
Informations pratiques
Dimanche 16 septembre de 10h à 12h (dernière visite à 12h) et de 14h à 17h (dernière visite à 17h). 1 à 9 rue Saint-Fiacre 77 100 Meaux
Il est conseillé de se chausser de bottes.
Annulation possible en cas de mauvaises conditions météorologiques.
Entrée libre.
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