Le Mois de la Photo à Paris aura lieu en novembre 2014. Cette 17e édition s'attachera tout particulièrement à trois thèmes: "La photographie méditerranéenne", "Anonymes et amateurs célèbres" et "Au cœur de l’intime". Pour Henri Chapier - Président de Paris Audiovisuel, Maison européenne de la Photographique – cette biennale est "Un Mois de trésors". "Du côté des amateurs célèbres, on se bousculera au Pavillon Carré de Baudoin pour Michel Houellebecq, mais aussi à l’Institut Hongrois, qui affiche la genèse du photojournalisme dans ce pays. A la Maison Européenne de la Photographie, on accueille Michel Frizot". Et de souligner aussitôt : "Au cœur de l’intime, David Guiraud expose dans sa galerie "Le Corps Masculin", en réplique ou en complément à la récente manifestation du Musée d’Orsay. Dès le début septembre, la Fondation Henri Cartier-Bresson inaugure le passage du noir à la couleur traité par William Eggleston." Puis, Henri Chapier remarque avec intérêt : "Quant à la photographie méditerranéenne, qui bénéficie d’une sélection abondante, le visiteur n’a que l’embarras du choix, contraint de surcroît à un parcours marathonien à travers les galeries et face à des artistes qui instaurent un véritable dialogue des cultures." Enfin, il rappelle que "Ce panorama stimulant représente deux années d’un travail acharné des commissaires chargés d’illustrer les thématiques choisies par le directeur de la Maison européenne de la Photographie, Jean-Luc Monterosso, au terme d’une concertation collégiale."
Le miroir d’une société, Jean-Luc Monterosso (Commissaire général). Quatre délégués ont orchestré les trois grands thèmes de ce Mois de la Photo : Giovanna Calvenzi et Laura Serani pour la photographie méditerranéenne, Valérie Fougeirol pour les photographes anonymes et amateurs célèbres, et Jean-Louis Pinte pour les expositions au cœur de l’intime. Trois thèmes qui traversent et irriguent la création photographique contemporaine. La méditerranée, dont l’actualité brûlante nous donne à voir chaque jour son lot d’images tragiques, mais qui fut et reste encore le berceau de notre civilisation.(…)Du traditionnel album de famille aux réseaux sociaux, cette production façonne l’univers du visuel d’où émerge de temps à autre une personnalité inattendue : cinéaste, peintre ou écrivain. Enfin, l’intime, dont on ne répétera jamais assez qu’il constitue un ultime enjeu dans un monde où la sphère du privé se dissout peu à peu dans une toile de plus en plus envahissante. L’édition 2014 du Mois de la Photo répond ainsi à travers une centaine d’expositions et d’événements aux interrogations d’une société en perte de repères.
© Jean-Christophe Ballot Thessalonique Le travail sur la ville de Thessalonique, réalisé en 2013, est son tout dernier "portrait de ville" . Il a été réalisé dans le cadre d’une résidence d’artiste organisée avec le soutien du Musée de la photographie, de la ville et de l’Institut Français de Thessalonique. Jean-Christophe Ballot, vit et travaille à Paris. |
Giovanna Calvenzi et Laura Serani, Déléguées artistiques. Face à la multitude des cultures qui y cohabitent, à la complexité des réalités sociales et politiques des pays qui s’y reflètent, la photographie représente un instrument décisif pour réfléchir, documenter, dénoncer ou perpétuer la mémoire. Tous les langages, toutes les grammaires, toutes les techniques deviennent possibles. La structure incisive du photojournalisme pour témoigner, à plusieurs voix, de la crise profonde qui affecte la Grèce ; le langage documentaire, théorisé par Walker Evans, pour raconter l’histoire des côtes françaises, ou de la ville de Thessalonique ; ou encore, le mythe d’Ulysse et de son odyssée itinérante, revisités sous le prisme du smartphone ; la vidéo pour évoquer les souvenirs de famille et recueillir les témoignages de ceux qui ont été contraints à l’exil. Venise et la Sicile, Israël et le Maroc, l’Algérie et l’Espagne, sont racontés par des auteurs qui ont su voyager dans les lieux, le temps, les souvenirs. Le prétexte géographique de la Méditerranée, ses frontières à la fois précises et précaires, l’histoire que racontent ses vestiges, les références littéraires, sont déclinés à travers des regards jeunes, et d’autres plus mûrs. |
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© Rudolf Balogh L’exposition de l’Institut hongrois de Paris (6 novembre 2014 - 13 décembre 2014) propose une sélection de photos de guerre conservées au Musée hongrois de la photographie, réalisées par des soldats et correspondants de guerre, sur et à l’arrière du front. Les milliers de négatifs de Balogh, conservés au Musée hongrois de la photographie, sont des déclinaisons de ses reportages de guerre. |
Valérie Fougeirol, Déléguée artistique . La photographie dissimule des trésors cachés, anonymes ou amateurs. Souvent modestes et uniques, ces images se dénichent et appellent simplement un nouveau regard. Leur présence intime et familière évoque des moments de vie. La pratique photographique amateur, grâce à la maîtrise de l’instantané, permet l’apparition des premières photographies-souvenirs, et le portrait de studio s’installe dans les familles. L’amateur-photographe est aussi présent lors d’événements importants : pendant la Grande Guerre, à la Libération on encore aujourd’hui, les images amateurs circulent et sont publiées. Les événements marquants de la vie privée révèlent eux aussi quelques perles photographiques : l’album d’un amoureux ou encore l’archive d’ouvriers sportifs, apportent des regards personnels et intimes. Anonymes ou amateurs, les artistes contemporains s’emparent de ces images et nous permettent de les redécouvrir. Stéphanie Solinas répertorie les Déserteurs du Père Lachaise, Miki Nitadori parle de la diaspora japonaise à Hawaï, et Romaric Tisserand interroge les négatifs d’un soldat portugais en Angola. |
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Jean-Louis Pinte, Délégué artistique. Un rempart à la vulgarisation de soi. L’époque est à la banalisation de l’image, à son dévoiement. Facebook en est le principal artisan, son manipulateur. Tous des artistes ? Non ! Selfies, portraits volés, insignifiance de tous les instants d’une banale existence font croire à ceux qui font et diffusent ces images à une sorte d’intimité du regard et de la pensée, alors qu’il s’agit la plupart du temps d’une volonté d’exister à travers le narcissisme, l’égocentrisme voir le voyeurisme. Une chambre noire de fantasmes et de frustration. L’intime est tout autre. C’est d’abord un rempart à la vulgarisation de soi, c’est la volonté d’entretenir son propre mystère, c’est voiler ses désirs. Retenir ses émotions. Être ce que l’on est. "Le photographe est un traqueur d’intime. Par le regard qu’il pose sur le monde, sur les gens, les objets, par sa volonté de témoigner, de transmettre l’instant vécu. Parfois cet intime lui échappe, et pourtant il est présent, sans qu’il le sache fidèle à son propre mystère. D’autres fois il surgit, dans l’éclat d’une émotion trop vive dans sa bouleversante violence, ou sa douceur extrême. L’intime est alors prisonnier de l’image, ou révélateur d’une rencontre impromptue entre deux regards… L’intime, c’est abandonner ce que l’on connaît de soi, l’offrir aux autres. C’est se quitter. C’est donc comme témoin que le photographe se glisse dans l’intime, au cœur de ce qui fait la beauté de son regard. Ainsi Marianne Rosensthiel, Richard Schroeder, Carole Bellaïche, Roberto Frankenberg, Jean-Robert Dantou, Roman Vishniac… une trentaine d’artistes pénètrentils au coeur de cet intime. Cet intime qui dévoile l’amour qu’ils ont pour leur art. Et les gens." (Extraits du catalogue). |
"(...) Je suis portraitiste. J’aime photographier mes modèles dans des lieux qui m’inspirent, et qui racontent des histoires. J’aime aussi faire le portrait des lieux et des objets qui m’envoûtent, comme le réveil d’un souvenir. Quand je rencontre un lieu qui fait partie de ma « collection », il entre dans ma mémoire. Ce n’est plus mon histoire qu’il raconte, mais l’histoire de tous, l’histoire d’une maison, d’une vie, d’une époque. Je collectionne d’une façon obsessionnelle ces images de lieux de vie, comme une mémoire partagée." Galerie Basia Embiricos 23 octobre 2014 - 23 novembre 2014 © Carole Bellaïche |
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