Après une formation à l’École nationale supérieure d’art dramatique de Saint-Etienne, Abdelwaheb Sefsaf participe à plusieurs mises en scène de Daniel Benoin et Jacques Nichet. En 1999, il fonde Dezoriental, un groupe de musique world à l’ascension fulgurante qui donne plus de 400 concerts dans les plus prestigieux festivals nationaux et internationaux et signe plusieurs albums chez Sony Music auprès du prestigieux Label Dreyfus. En 2006, le groupe reçoit le prix Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros.
Abdelwaheb Sefsaf, le nouveau directeur du théâtre de Sartrouville © Émile Zeizig - MASCARILLE.COM
Puis, en tant que comédien-chanteur, il travaille avec Claudia Stavisky et Claude Brozzoni autour du spectacle Quand m’embrasseras-tu ?, adaptation théâtrale et musicale des textes de Mahmoud Darwich et Jacques Nichet avec lequel il reçoit avec Georges Baux le Grand prix du Syndicat de la critique"Meilleure musique de scène" pour le spectacle Casimir et Caroline d’Ödön von Horváth. En 2011, avec la scénographe et plasticienne Souad Sefsaf, il fonde la compagnie Nomade In France avec l’ambition de développer un théâtre-musical de formes nouvelles qui traverse les âges, les cultures, les traditions et les genres, un théâtre d’ouverture et de décloisonnement. De 2012 à 2014, il est directeur du Théâtre de Roanne – Scène régionale (Loire). En 2014, il crée son premier texte de théâtre, Medina Mérika, qui partira en tournée pour plus de cent représentations et reçoit en 2018 le prix du Jury Momix, festival international de la création pour la jeunesse de Kingersheim. Depuis, ce sont sept spectacles, dont les deux derniers Si loin si proche et Ulysse de Taourirt forment un diptyque intime sur le récit de son enfance et l’histoire de son père immigré algérien arrivé en France en 1948. Il crée en complicité avec Georges Baux, Marion Guerrero, Marion Aubert, Rémi Devos, Jérôme Richer, Souad Sefsaf, Nestor Kéa, Daniel Kawka, André Minvielle et une large équipe de techniciens, comédiens, chanteurs, plasticiens, réalisateurs, dans une exploration permanente de la relation entre musique, théâtre et vidéo. En collaboration avec l’ensemble Canticum Novum, sa prochaine création Kaldûn, autour de la déportation des Algériens et Communards en Nouvelle-Calédonie est prévue à l’automne 2023. Parallèlement à ses projets de création, il mène auprès des publics des projets d’actions culturelles d’envergure mêlant écriture, théâtre, musique et vidéo.
Quels sont les défis à relever pour un directeur de centre dramatique national sur ce territoire de Sartrouville et des Yvelines ? Quels seront vos objectifs prioritaires ?
Le premier défi est de pouvoir encourager la création. Pour ce faire, il faut être en capacité de développer les ressources du théâtre afin d’accompagner la création et développer les publics, les augmenter, aller à leur rencontre. Il faut un public pour voir les créations, c’est pourquoi les premiers objectifs sont à cet endroit-là. C’est pour cela que j’ai souhaité associer à mon projet 4 artistes, Margaux Eskenazi, Odile Grosset Grange, Mathurin Bolze et Maurin Ollès, afin de donner, précisément, cette impulsion et indiquer le caractère intrinsèquement pluridisciplinaire du projet. Cette pluridisciplinarité est proposée dans l’identité de ce lieu depuis qu’il existe, puisqu’il est une scène nationale qui a fusionné avec un CDN jeunesse, ayant donc à la fois, dans son identité, le théâtre jeunesse et un caractère pluridisciplinaire.
© Christophe Raynaud de Lage
Quel projet allez-vous mettre en œuvre en direction des habitants ?
imaginer un projet transversal ayant pour but de faire se rencontrer ces publics
Le département des Yvelines est un territoire très dichotomique, avec des quartiers prioritaires, des villes pauvres, d’autres riches, certaines hyper-urbaines, d’autres très rurales. C’est un territoire très étendu, un territoire d’Histoire dans lequel vit une histoire d’immigration et une histoire beaucoup plus ancienne qu’est l’Histoire de France. Il y a, en effet, des sites patrimoniaux très importants, sans même parler du château de Versailles ! En somme, c’est un endroit où se mêlent histoire contemporaine et histoire de France. Pour moi, c’est un véritable défi que d’imaginer un projet transversal ayant pour but de faire se rencontrer ces publics ; le défi étant précisément de les faire circuler, en même temps que l’on fait circuler la proposition artistique. Cela veut dire beaucoup de hors les murs, notamment à travers le festival Odyssée en Yvelines, qui, par essence, est un festival nomade, allant au contact du public Yvelinois, et déclinant dans la programmation des propositions qui seront destinées pour le hors les murs. C’est-à-dire des propositions qui pourront être créées sur les plateaux mais qui auront une version hors les murs, que l’on accompagnera avec un dispositif dont on va se doter dès la saison prochaine : un carbet. Un carbet est une construction amérindienne dont le principe est un toit et pas de mur, pour permettre justement ce caractère nomade, dans les villes, les campagnes, sur les places, en se protégeant des éléments mais pas des regards. En s’installant sous un carbet, on va évidemment susciter la curiosité, et c’est précisément le but.
J’ai rencontré le théâtre par la décentralisation, par la notion même de droit culturel qui intégrait l’idée que nous avions tous droit à la culture. Je n’ai donc pas été écarté alors que, sociologiquement parlant, je n’étais pas prédestiné à rencontrer le théâtre. Je l’ai quand même rencontré et j’en ai fait mon métier. Je sais donc ce que je dois à cette idée-là.
Comment êtes-vous passé de comédien-chanteur, auteur-compositeur et metteur en scène à directeur de théâtre ?
© Renaud Vezin
Tout cela n’est pas à part. J’ai fait un école nationale supérieure d’art dramatique. J’ai donc une formation d’acteur-comédien et ai d’ailleurs commencé par être comédien, avant de devenir metteur en scène par envie, celle de jouer certaines œuvres et certains rôles, surtout. C’était un désir d’acteur, j’ai été metteur en scène aussi pour me jouer ces rôles-là et mettre en scène mes amis. En effet, ma première compagnie était plutôt construite autour de ma promotion sortie de l’école. Puis, au fur et à mesure, j’ai eu besoin d’écrire pour le metteur en scène que j’étais devenu des textes qui allaient à des endroits où j’avais des choses à dire, des choses que je voulais entendre et que je n’entendais pas forcément au théâtre. Progressivement, je suis donc devenue comédien, metteur en scène-auteur. La musique, elle, finalement, a irrigué tout ça depuis le début. J’ai en réalité commencé par la musique. Adolescent, j’avais un groupe de musique, et lorsque j’ai fondé ma première compagnie, les premiers musiciens de cette compagnie étaient ceux qui constituaient mon groupe plus jeune. C’est avec ces musiciens qu’on a ensuite fondé le groupe Dézoriental. On ne s’attendait pas au succès que le groupe a eu : on a commencé à composer ensemble en mars, en juin nous jouions à la fête de la musique de notre ville, Saint-Étienne, en juillet nous enregistrions en studio, en octobre on signait chez Sony et en juillet de l’année suivante, on était aux Francofolies de la Rochelle, etc. C’est allé très vite et je ne m’y étais pas du tout attendu.
j’ai vraiment voulu faire du théâtre musical
Pendant un temps, la musique m’a donc complètement sortie de la stricte sphère du théâtre, du fait qu’elle a pris beaucoup de place. On faisait 80-90 dates par an, avec des tournées internationales, ce qui prend beaucoup de temps. C’est une aventure où j’étais constamment occupé par mon métier, et c’est là que j’ai considérablement approfondi mon rapport à la musique. Je me suis aussi formé à la musique à travers cette expérience, ma formation académique étant théâtrale. Je n’ai fait que de la musique pendant 7 ans et, quand je suis revenu au théâtre, ce n’était plus possible pour moi de séparer les deux. J’ai donc vraiment voulu faire du théâtre musical, c’est-à-dire un théâtre qui intègre ces deux disciplines là, lesquelles sont mes deux passions. J’ai eu naturellement envie, lorsque j’ai eu le sentiment d’avoir créé une identité, artistique notamment, de la partager avec d’autres. Pour moi, la meilleure façon de le faire était d’intégrer un équipement, intégrer un théâtre, car c’est l’endroit à partir duquel l’on peut construire. Les CDN ont cette particularité d’être dirigés par des artistes, et d’accompagner les projets de cet artiste. L’identité des CDN, pendant un temps, c’est l’identité de l’artiste. A un moment donné et, pour moi, ça s’accompagne d’une certaine maturité du projet, ce qui était nécessaire. Il devait y avoir cette notion de transmission, de partage, et c’est ce qui m’a mené à cette envie de diriger un lieu.
Vous évoquez à plusieurs reprise le mot "identité". Est-ce possible, selon vous, d’avoir une identité ? Est-ce possible de donner une identité à un théâtre labellisé ? Qu’est-ce que c’est, finalement, l’identité pour vous ?
l’identité est l’inverse de l’immobilité : c’est le mouvement
Une identité est quelque chose en perpétuel mouvement. L’identité est l’inverse de l’immobilité : c’est le mouvement. Une identité s’écrit tous les jours, elle s’écrit au fil de nos rencontres. Simone Signoret disait "Nous sommes les enfants des gens que l’on rencontre". Je vais d’ailleurs faire pour la première fois, dans le cadre du festival Odyssée en Yvelines, une création jeune public , un fantasme que j’ai depuis toujours. J’ai toujours reculé l’échéance, mais en prenant mes fonctions et en héritant de ce magnifique festival, je me suis dit que je ne pouvais plus reculer, je devais me lancer. Je créé donc mon premier spectacle jeune public, qui s’appellera Malik le magnifique. Malik, c’est l’histoire d’un musicien avec lequel je travaille depuis un certain nombre d’années. En prenant de la réalité, j’ai monté une fiction, un comte qui s’adresse aux enfants dès 8 ans et qui, je l’espère, sera un comte intergénérationnel. Malik est né sous X dans le bidonville de Nanterre. Il est adopté par un couple de pêcheurs. A l’occasion d’une sortie en mer, ils lancent les filets et vont y apporter un violon… Malik va prendre soin de ce violon et, au fur et à mesure qu’il va jouer des notes de ce violon, il va remonter le fil de son identité. Pour moi, l’identité de Malik était une page blanche, plus que pour n’importe qui d’entre nous. Il l’a écrite, au sens propre comme au figuré, tout au long de son existence. On a toujours une partie d’héritage dans notre identité, et une part de choses que l’on construit. On fait le tri dans ce que l’on nous transmet, puis on se construit, au jour le jour. Pour moi, l’identité culturelle c’est ça : la notion de partage, de mouvement. Une identité se construit plus du point de vue de là où on va, de ce qu’on met dans le pot commun, de comment on construit une identité culturelle, une culture commune, de comment c’est inclusif, comment, par rapport à la notion d’identité nationale, nous sommes tous des français du futur à défaut d’être tous des français du passé. C’est une chose qui nous réunit fondamentalement et qui nous met, tous, sur un pied d’égalité qui fait que l’on peut tous apporter notre contribution, quel que soit notre héritage.
Vous qui êtes un artiste pluridisciplinaire, qu’est-ce qui vous inspire et nourrit vos créations ?
révéler l’intime peut être la forme la plus universelle des expressions artistiques
© Émile Zeizig - MASCARILLE.COM
Ce qui nourrit ma création est la rencontre avec les gens. Très souvent, j’écris des spectacles après des rencontres, à partir de témoignages. Ce qui stimule mon envie d’écrire sont les autres œuvres et la lecture. J’ai eu, littéralement, des chocs émotionnels à travers des lectures. Ça me donne très souvent envie de me mettre à écrire. Bien souvent, lorsque je vais au théâtre, ou voir des spectacles, et que je prends une grosse claque, la première envie que j’ai est de me mettre moi-même à écrire. C’est comme si mon être profond se mettait en vibration, parce que le quotidien l’éteint. On a tendance à devenir morne, à s’assécher. Et là, subitement, face à une œuvre d’art, on peut retrouver cet état de vibration. C’est à ce moment-là que j’ai envie d’écrire. C’est là que je pense être le plus juste et dire le plus profondément ce que je suis fondamentalement. Parce qu’il s’agit de me révéler, aux autres et à moi-même. Les seules œuvres qui m’interpellent sont, je crois, celles qui sont impudiques dans le sens où elles tendent véritablement à dire une chose de l’artiste qui me parle, sans tricherie, sans vernis, avec une volonté de se révéler et d’aller le plus profondément dans l’intime. Révéler l’intime peut être la forme la plus universelle des expressions artistiques, parce que quand on provoque l’intime, on se rend compte que les sentiments sont universels. C’est cela qui me déclenche l’envie d’écrire ou de composer. Ce qui m’inspire le plus sont les échanges.
Le projet Kaldûn en est un parfait exemple, puisque dans ce projet-là, il y a un projet parallèle de documentaire vidéo autour de la notion de comment on transforme la rencontre, le sensible, en acte artistique. Dans ce projet, je réécris ce qu’on me dit, ce qu’on me raconte, mais je n’invente absolument rien.
Que raconte votre prochaine création Kaldûn ?
Kaldûn raconte aussi l’histoire d’Aziz... L’histoire d’Aziz rencontre l’histoire des autres
Kaldûn raconte l’histoire de trois révoltes, trois peuples et trois continents : la révolte de la Commune de Paris (1870), la révolte d’El Mokrani (7 mois après la révolte de la Commune) et la révolte des kanaks de 1978. Kaldûn retrace le destin de Louise Michel envoyée au bagne pendant 7 ans, en Calédonie, en pensant être condamnée au bagne à vie, alors même qu’elle réclame la condamnation à mort pour rejoindre ses camarades fusillés. C’est aussi le destin du guerrier Hâtai, dont la tête coupée, perdue et réclamée pendant 150 ans après avoir été exposée en France, et notamment à l’exposition universelle, ne sera enterrée qu’en 2021 et, le deuil levée en 2022. Ce destin sans trajectoire, sans sépulture, est aussi celui d’autres sépultures, puisque des communards seront aussi enterrés sans sépulture, dans des fosses communes, sans même savoir qui est enterré là, ni même l’endroit exact de l’emplacement de leurs cadavres. Kaldûn raconte aussi l’histoire d’Aziz, un des deux leaders de l’insurrection que sont El Mokrani et Cheikh El Haddad. L’histoire d’Aziz rencontre l’histoire des autres, de Louise Michel, d’Hâtai, et tant d’autres.
© Seb
Aziz va être déporté en Calédonie à l’époque de la Commune, avec tous les autres. Les communards seront amnistiés après 7 ans et, en revenant, plaident la cause des algériens qui obtiennent l’amnistie de leur peine 24 ans après, ce qui est énorme pour avoir seulement défendu leur terre. Ils sont amnistiés de leur peine de bagne mais pas de leur peine de prison et sont donc toujours prisonniers à vie sur ce que l’on appelle le caillou, c’est-à-dire le territoire principal de la Calédonie, la grande terre. C’est la seule population qui n’a pas le droit au rapatriement, alors qu’ils ont été déportés sans leur femme et sans leurs enfants, bien qu’ils avaient pour la plupart d’entre eux femmes et enfants en Algérie. Pour les acculturer, on leur interdit de porter un prénom musulman, on les marie pour faire souche… On se rend compte qu’en une seule génération, ils perdent la langue et la culture. Cet homme, Aziz, va avoir une partie de sa vie en Calédonie, mais tente de retourner, à la fin de sa vie, sur sa terre. Il paie un bateau commerçant pour se rendre à Sydney, en Australie, puis de l’Australie va prendre un autre bateau pour Marseille avant de remonter à Paris pour rejoindre ses amis communards. Il rejoint Paris et plus précisément Belleville. Fatigué, vieux et malade, il décède à Belleville. Ces amis communards, conscients de sa volonté d’être enterrer sur sa terre, se cotisent et envoient sa dépouille. En annonçant son arrivée, des milliers d’individus convergent pour venir accueillir l’accueillir. Mais, entendant la rumeur, le gouverneur d’Alger détourne le bateau et fait disparaitre la dépouille. C’est donc l’histoire de Kaldûn, que je vais raconter en musique, par le verbe et par le vidéo, parce qu’il y a plusieurs prismes à cette histoire. L’aboutissement pour moi, et le projet, est de rendre par cet acte artistique une forme de sépulture à ce qui n’en ont pas eu.
Vous avez vous-même subi le racisme au cours de votre vie, et même en tant que directeur de théâtre. Comment avez-vous vécu ces violences et comment avez-vous réussi à les digérer ?
diversité-parité, c’est pour moi le même combat
Grâce à la mémoire de mon père : il avait toujours ses valeurs d’apaisement. Il aurait pu être diplomate s’il n’avait pas été orphelin et avait dû aller à la mine. Il a toujours rassemblé, apaisé et je veux être fidèle à sa mémoire et à ses valeurs.
© Renaud Vezin
Lorsque je pense à mes premier souvenirs de violences racistes, j’ai du mal à me dire que je les ai vraiment vécues – j’étais dehors, je discutais avec un ami à moi pendant le ramadan. Il y a eu des manifestations de racisme extrêmement violentes. Ça passait par tout un tas de choses, le regard que l’on pose sur nous quand on veut prendre un appartement… Des exemples comme ceux-là, il y en a pleins. Enfin, des choses où l’on veut tout simplement vivre, exister tout à fait normalement. Mais, même dans les métiers de la culture ! Quand je fonde ma compagnie et que je deviens metteur en scène, c’est parce qu’il n’est pas évident, quand je m’appelle Abdelwaheb Sefsaf, qu’on me distribue dans le rôle de Dom Juan ou dans un rôle majeur d’une pièce de Shakespeare.
Aujourd’hui, on est dans un environnement culturel à priori plus éclairé, plus bienveillant, mais qui perpétue tout de même cela. Effectivement, je prends très vite conscience du combat à mener, je me rends compte que je serais, si je ne me débats pas, un enfant à vie, tout comme les femmes qui ont mené le combat d’être enfin considérées comme des adultes. Parce que c’est exactement la même chose. Diversité-parité, c’est pour moi le même combat. Je me reconnais parfaitement dans les femmes qui candidatent à des postes et qui ont bien conscience qu’elles ne correspondent pas au modèle dominant. Elles sont donc dans l’obligation de se créer une légitimité, de se convaincre qu’elles sont légitimes à être à cet endroit-là. Le premier chemin est celui-là. Puis forcément, après, c’est plus difficile pour elles. On a beaucoup plus peur. J’ai personnellement vécu la même chose, je ne correspondais pas non plus au modèle et il a fallu, d’abord, que je me convaincs de ma légitimité. Finalement, je trouve cette détermination dans le calme et l’apaisement de la mémoire de mon père. La motivation, quant à elle, vient de mes enfants. Je veux bâtir pour eux un monde dans lequel ils ne rencontreront pas tout cela. C’est utopique, mais j’ai l’impression que ma nomination, qui ne s’est pas faite sans mal, est tout de même quelque chose qui va dans le bon sens. C’est encore symbolique, même si ça ne devrait plus l’être. Au fil du temps, je me rends compte qu’il faut prendre de la hauteur, comme le fait toujours Amin Maalouf, qui est à ce titre un exemple d’apaisement et de prise de distance.
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