Céline Ahond - lauréate de la procédure 1% artistique pour le collège Pierre Curie à Bondy - et tous les collégiens invitent le public le jeudi 2 février 2017 à 18h30 à découvrir le livre et le film-performance réalisés sur l’année 2015-2016. Le collège est situé 128 route de Villemomble à Bondy (Seine-Saint-Denis).
Il y aura de la peinture en bâtiment de That’s Painting, des conversations, des histoires vraies, des histoires fausses, de la performance car jamais nous ne cesserons de jouer à faire semblant pour de vrai.
© Collège Pierre Curie / Céline Ahond / dr
Jouer à faire semblant pour de vrai
En octobre 2015, j’active l’œuvre Jouer à faire semblant pour de vrai par un lâcher de ballons à l’occasion duquel j’invite tous les collégiens à répondre à la question "À quoi tu rêves ?" : c’est l’Ouverture. Par cet évènement, le 1% artistique du collège Pierre Curie à Bondy en Seine-Saint-Denis s’annonce aux yeux de tous et devient le terrain de création d’une performance qui se déroulera sur une année scolaire. Plusieurs registres de langages sont déliés et reliés avec les acteurs principaux du quotidien de ce lieu : les collégiens.
La circulation de l’œuvre au sein de l’établissement s’amorce par des rendez-vous réguliers dans le cadre du collège, hors temps scolaire : là, ensemble, nous énonçons la réalité commune d’un espace collectif hors champ. L’engagement qui s’opère dans ces rencontres génère une forme de résistance : par nos échanges, la singularité de chacun suscite du récit, et c’est dans ce dialogue que nous construisons la place des uns et des autres.
Les peintures vertes d’incrustation vidéo, révélatrices de toutes les images possibles, sont réalisées par l’entreprise That’s Painting Productions ; elles déterminent des zones, que nous nommons espaces de tournage, afin de rejouer l’histoire de notre rencontre. Nous apprenons à apprendre en associant à notre travail la découverte d’un ensemble de gestes et de savoir-faire : peindre, éclairer, filmer, enregistrer, organiser, accueillir un visiteur, mettre en page, bouger, se placer, s’écouter, c’est inventer la possibilité d’une adresse. Sur ce terrain entre l’art et la vie, les collégiens prennent à nouveau la parole et sont les acteurs, les réalisateurs de leur propre image. Nous élaborons un film-performance.
C’est en captant le courage des collégiens, véritables complices de travail, que j’ai retrouvé une liberté de création et la force d’accomplir cette œuvre.
Afin que cette œuvre existe, il m’a fallu créer son espace : cet entre-deux, celui d’une vraie rencontre. Celle qui déjoue les contraintes de l’indifférence et va au-delà des incompréhensions. Le désir ne s’explique pas, il est vain de le forcer. Seule la confiance en notre curiosité nous emmène sur le terrain inconnu de la découverte de l’autre. C’est en captant le courage des collégiens, véritables complices de travail, que j’ai retrouvé une liberté de création et la force d’accomplir cette œuvre. Ensemble, nous avons fait le chemin nécessaire et décalé la réalité de quelques degrés.
Pour regarder ce que nous avons fabriqué, le livre du film-performance est publié : mémoire active du récit de ce dispositif partagé, il déploie autrement le territoire de cette aventure. Et de sorte que rien jamais ne se fige dans ces pages maintenant imprimées, je continue de me demander si parler est une écriture. Que vous l’ayez entre les mains ou qu’il accompagne la projection du film-performance, ce livre rentre en dialogue avec son contexte et pose là un cadre autour duquel la parole circule : où qu’il soit, les images parlent.
Dans quel film vivons-nous ?
Parce qu’il y a eu rencontre, ce livre existe et la prolonge. Ensemble, nous avons incarné ce que nous voulions raconter. Accomplir cette forme artistique habitée par nos présences vivantes, c’est aussi amorcer une brèche ; celle de la distance entre les collégiens et moi. Que reste-t-il de vivant quand l’intensité des rencontres se déplace et que chacun part à la découverte de soi ? Ouvrir alors un nouvel entre-deux au-delà de nous-mêmes : c’est la possibilité pour un lecteur de s’y projeter.
Et il est alors temps de conclure ce texte d’introduction par un point qui ne sera pas final. Jouer à faire semblant pour de vrai : c’est définir par la rencontre que cette œuvre, ici, est bel et bien ouverte à toutes et à tous, et qu’elle poursuit insatiablement son mouvement pour savoir Dans quel film vivons-nous ?
© Collège Pierre Curie / Céline Ahond / dr
"Je remercie là tous ceux et celles qui tout du long ont accompagné cette aventure artistique, humaine de rencontres et de performance : Morten Salling et Isabelle Boulord de la mission arts visuels du Service de la Culture DCPSL au Département de la Seine-Saint-Denis, Valérie Moty et Aurélia Toupiolle du centre socio-culturel Sohane, Sylvie Laroche, Julien Dagneaux, Corinne Orsi, Elisabeth Jain, Karine Martinière, Tatania Ngoma, Menel Rahiel, Yasmina Ouaktouf, Philippe Pusset, Elodie Usta, Rhalia Moufrij, Mariama Fofana, Josiane Lend des équipes administrative pédagogique de maintenance d’accueil et de restauration du collège Pierre Curie à Bondy, Tania Young en tant qu’invitée, Céline Guimbertaud de amac en tant que regard extérieur, Graziella Zanoni et FK studio pour son rapport à l’image, et enfin toute l’équipe de ce 1% artistique "Jouer à faire semblant pour de vrai" réunie sans faille et avec solidarité : Marie-Charlotte Hautbois, Cédric Fabre, Nassima Hasnaoui, Kaddour Djamil M Hadji, Elise Minyas, Bernard Brunon, Thierry Charlier, Philippe Roy, Tom Menigault, Valerie Tortolero, Célia Pernot, Lidwine Prolonge, et tous les collègiens."
- Projection à venir le 4 avril 2017 sur une invitation de Sophie Lapalu pour le programme vidéo-action de Mains d’Œuvres.
- Œuvre réalisée dans le cadre du dispositif du 1% artistique de Céline Ahond au collège Pierre Curie à Bondy Département de la Seine-Saint-Denis - EIFFAGE."
Informations pratiques
Collège Pierre Curie à Bondy, 128 route de Villemomble - 93140 Bondy
Céline Ahond
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