Initiée en 2015, La Bibliothèque grise est un ensemble de ressources à l’origine de productions et d’événements qui visent à explorer les modalités de circulation des savoirs et des connaissances pour en expérimenter des formes de transmission et de partage.
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec des œuvres de diverses collections (INSPÉ ; Ateliers d’Art de la RMN – Grand Palais ; Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs ; Marie-Jeanne Nouvellon), © photo Émile Ouroumov
Des livres, des documents, des films, des images...
Des livres, des documents, des films, des images et des objets, collectés ou réalisés par Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, constituent "la bibliothèque" et s’y agencent selon cinq catégories résultant de lectures croisées : "Enseigner et apprendre, arts vivants", "Une histoire de la lecture", "Une chambre à soi", "Habiter la Terre", "La Parole mangée" (d’après des titres empruntés respectivement à Robert Filliou, Alberto Manguel, Virginia Woolf, Yona Friedman et Louis Marin).
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec Digna Robert #6 (2018) de Sandra Foltz, © photo Émile Ouroumov
réunir des "objets parlants" porteurs de messages...
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec une reproduction du Monde renversé (1829), collection de la BNF, © photo Émile Ouroumov
À La Ferme du Buisson, le quatrième chapitre de La Bibliothèque grise réunit des "objets parlants", porteurs de messages par le biais de textes et d’images, à l’instar des assiettes dites "parlantes" illustrées de saynètes légendées ou de rébus comme cela était fréquent au XIXe et au début du XXe siècle. Il est en particulier question des liens entre nourriture et transmission, un champ d’intérêt articulé avec les précédentes recherches de La Bibliothèque grise, portant sur la pédagogie, la lecture et l’édition.
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec des modèles végétaux des Établissements Auzoux (XIXe siècle), collection de l’INSPÉ et des planches d’albums du fonds Jules Maciet, collection de la Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs, © photo Émile Ouroumov
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec une Affiche didactique : Les Champignons (1949) et 25 spécimens de champignons (1862) des Établissements Auzoux, collection de l’INSPÉ, © photo Émile Ouroumov
organiser des objets par une série de libres associations
Un jeu d’agencement permet d’organiser ces objets par une série de libres associations : des couteaux de la Renaissance servant de partitions de chant, des mouchoirs iconographiés tenant lieu de manuels, des modèles végétaux conçus à des fins didactiques par le Dr Louis Auzoux au XIXe siècle, des planches d’albums iconographiques constitués par le collectionneur Jules Maciet et poursuivis par les bibliothécaires du Musée des Arts décoratifs, une imagerie populaire véhiculant des figures du monde renversé à travers des estampes ou des assiettes illustrées (le mari s’occupant du domicile pendant que la femme sort se divertir, le bœuf faisant le boucher, le cheval menant l’homme au champ...), ou encore un ensemble de poupées textiles de Marie-Jeanne Nouvellon témoignant de son éducation et revendiquant l’émancipation des femmes depuis les années 1960-70.
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec Me/We (2012-14) de Laurent Sfar, des modèles végétaux des Établissements Auzoux (XIXe siècle), collection de l’INSPÉ et le moulage d’une Tête d’un cheval de Séléné du Parthénon (2020) des Ateliers d’art de la RMN – Grand Palais, © photo Émile Ouroumov
Certains de ces objets sont mis en perspective à travers deux films qui en resituent ou au contraire en décalent l’histoire et les usages. Le premier, La Réserve, a été réalisé en 2018 en explorant les réserves du Musée national de l’éducation (Rouen). Le second, finalisé au cours de l’exposition, combinera plusieurs figures historiques et contemporaines du monde renversé.
Jérôme Dupeyrat, Sandra Foltz et Laurent Sfar, Plans de table* – agroécologie et agriculture urbaine (journal), 2020-21, production : Pavillon Blanc Henri Molina ; Quai des savoirs ; La Ferme du Buisson, avec le soutien de la Drac Île-de-France, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, © photo Émile Ouroumov
Jérôme Dupeyrat, Sandra Foltz et Laurent Sfar, Plans de table* – agroécologie (détail), 2020, production : Pavillon Blanc Henri Molina et Quai des savoirs, avec le soutien de la Drac Île-de-France, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, © photo Émile Ouroumov
La valeur d’usage de cette collection est intensifiée tout au long de l’exposition par des protocoles d’activation ou d’utilisation : cueillir puis cuisiner des champignons poussant en volée sur des structures insérées dans l’architecture du centre d’art; se restaurer autour d’un service de table restituant une enquête sur la transition agro-écologique; arpenter collectivement un livre à propos des figures de renversement du monde…
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, en collaboration avec Sandra Foltz et Rovo, Plans de table, 2020-21, production : Pavillon Blanc Henri Molina ; Quai des savoirs ; La Ferme du Buisson, avec le soutien de la Drac Île-de-France, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : « Objets parlants », 2021, La Ferme du Buisson, © photo Émile Ouroumov
*L’œuvre Plans de table de Jérôme Dupeyrat, Sandra Foltz et Laurent Sfar, 2019-2020, a reçu le soutien de la DRAC d’Île-de-France - ministère de la Culture.
Le projet artistique "La Bibliothèque grise" de Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar
Depuis 2015, Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar mènent en duo le projet artistique "La Bibliothèque grise". Parallèlement, ils poursuivent des projets menés individuellement, qui alimentent cette collaboration.
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, Pleurotus cornucopiae, 2020-2021, production : La Ferme du Buisson, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, © photo Émile Ouroumov
La pratique de Laurent Sfar s’organise autour de deux axes : l’édition de livres d’artistes qui spatialisent des textes littéraires (série Ex-libris : La disparition de George Perec, Moi-même de Charles Nodier, Flatland de Edwin Abbott Abbott…) ainsi que la production d’installations en lien avec l’espace public (dont l’ONF Melun Sénart, la Scène Nationale de Belfort, les jardins du parc du Château de Versailles).
Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, vue de l’exposition La Bibliothèque grise – Ch. 4 : "Objets parlants", 2021, La Ferme du Buisson, avec des figurines de La deuxième vie de Suzy B (2006-15) de Marie-Jeanne Nouvellon, © photo Émile Ouroumov
Le travail de Jérôme Dupeyrat s’inscrit initialement dans le champ de la recherche, de la critique d’art et du commissariat d’exposition, et porte en particulier sur les liens entre art, édition, médias et pédagogie. Depuis 2010, il coopère également de façon fréquente à des projets artistiques aux côtés d’artistes ou de designers graphiques : Laurence Cathala, David Coste, office abc (Brice Domingues et Catherine Guiral) et Laurent Sfar.
LABEL Centre d’art contemporain d’intérêt national (CACIN)
Le Festival Pulp à La Ferme du Buisson @ Thierry Guillaume
Créé en 2017 pour les lieux exerçant une "activité d’exposition, de production d’œuvres et de diffusion des arts visuels et contemporain", le label CACIN témoigne du soutien et de la reconnaissance de l’État envers un lieu pour son engagement dans le champ des arts visuels et son action envers le public. Il distingue la qualité de l’accompagnement des artistes ainsi que la logique d’expérimentation dans l’ensemble des actions menées faisant la part belle à la liberté de création et à sa transmission. Il compte vingt-sept bénéficiaires (février 2020).
Au sein du projet pluridisciplinaire de la Ferme du Buisson, le Centre d’art contemporain est engagé depuis 1991 dans un soutien actif à la création à travers un travail de production, de diffusion et d’édition. Tout en permettant de découvrir des artistes français émergents ou des artistes internationaux méconnus en France, le Centre d’art fait dialoguer les disciplines et propose des formats d’exposition et de médiation originaux.
Des expositions
Le Centre d’art présente deux expositions par an alternant des expositions monographiques et des expositions collectives thématiques. Dans tous les cas, les projets sont conçus spécialement pour la Ferme du Buisson et font l’objet de commandes d’œuvres nouvelles et de scénographies qui métamorphosent le lieu à chaque fois. Considérant la scène artistique comme indissociable de la scène sociale, politique et culturelle, les expositions présentent des propositions visuelles variées (installations, dessins, sculptures, vidéos, photographies, etc.) qui se nourrissent d’autres champs, artistiques, en particulier le théâtre, la danse et le cinéma, ou autres (économie, philosophie, anthropologie, écologie…)
Plus que des expositions
Parallèlement aux expositions, le Centre d’art a mis en place une programmation autour de la performance et une résidence d’artistes, tous deux dédiés aux relations entre arts visuels et scéniques. Il imagine des projets en lien avec la scène nationale et le cinéma, ainsi qu’avec de nombreux partenaires, locaux ou internationaux. Il édite une collection de cartes postales et de carnets d’entretiens avec les artistes programmés, qui donnent accès aux coulisses des expositions. Par ailleurs, les médiatrices proposent des visites revisitées pour les adultes, des visites-ateliers pour les familles, des expos-goûters pour les enfants. Terrain d’expérimentation pour les artistes, le Centre d’art l’est aussi pour les spectateurs. Le centre d'art contemporain organise également chaque année le Festival PULP, un rendez-vous consacré à la bande dessinée.
Un lieu atypique
Les projets prennent place dans sept salles d’expositions qui s’étagent sur une surface totale de 600m2, dans la partie la plus ancienne du site, une ancienne ferme briarde du milieu du XVIIIe siècle dont les spectaculaires charpentes de bois ont été conservées. Mais ils peuvent aussi se déployer sur les plateaux de théâtre, au cinéma, dans les espaces de plein air de la Ferme du Buisson ou plus largement sur le territoire alentour.
Le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson bénéficie du soutien de la Drac Île-de-France / ministère de la Culture, de la Communauté d’Agglomération de Paris - Vallée de la Marne, du Conseil Général de Seine-et-Marne et du Conseil Régional d’Île-de-France. Il est membre des réseaux Relais (centres d’art en Seine-et-Marne), Tram (art contemporain en Île-de-France) et d.c.a. (association française de développement des centres d’art). |
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