Le label Architecture contemporaine remarquable a été créé par la loi LCAP de juillet 2016. Il vise à désigner des architectures de moins de 100 ans reconnues comme remarquables par la Commission régionale de l'architecture et du patrimoine.
Trois nouveaux label résolument contemporains
Les trois édifices labellisés par arrêtés de la préfète de région (18 et 26/07/2022) sont le Musée Valmy 1792, imaginé et réalisé par l'architecte Pierre-Louis Faloci en 2015 ; l'Hôtel du département de la Meuse, conçu par l'architecte Dominique Perrault en 1994, par ailleurs auteur de la Grande bibliothèque de France ; et la Cité manifeste Pierre Zemp, réalisée en 2005, par cinq architectes différents, dont trois Pritzker price : Jean Nouvel, Anne Lacaton - Jean-Philippe Vassal et Shigeru Ban.
Le Musée Valmy 1792 - Valmy (Marne)
imaginé et réalisé par l'architecte Pierre-Louis Faloci en 2015
Le centre historique de Valmy est situé à la sortie ouest du village de Valmy, sur un point culminant d'une plaine vallonnée, occupé par un ancien moulin à vent, devenu le symbole de la victoire des troupes françaises contre l’armée prussienne en 1792. Démoli puis reconstruit à plusieurs reprises, le moulin de Valmy est classé monument historique depuis 1957.
La réalisation de l’architecte Pierre-Louis Faloci peut être décomposée en deux éléments ayant chacun leur géométrie propre : un cheminement public « architecturé » permettant d’accéder graduellement au moulin, à pieds, depuis la route et une construction qui abrite le programme du Centre. Profitant de la pente du terrain, le cheminement et la construction sont enfouis sous le niveau du terrain naturel.
L’architecture du Centre historique de Valmy est profondément déterminée par la topographie du terrain dans lequel elle s’implante et par l’objet focal de ce paysage : le moulin. Vu de l’extérieur, le bâtiment est peu perceptible. On devine les lignes brisées des pans de béton noir dont les arases sont revêtues de couvertines de tôle satinées noires et qui affleurent dans la prairie en suivant la pente du terrain naturel. L’architecture use de principes de composition et de techniques qui permettent de laisser la primauté à l’objet monument historique.
En effet, Pierre-Louis Faloci choisit de faire disparaître l’architecture dans sa dimension traditionnelle de système de façades érigées au dessus du sol. Pour ce faire, il enfouit les espaces qu’ils soient ouverts ou clos pour investir prioritairement leurs intériorités. Ce renoncement à faire apparaître un édifice « en plein » est renforcé par la teinte noire qui le qualifie : sols, murs et plafonds.
En revanche, dans son « intériorité », l’architecture mobilise de manière singulière et experte deux éléments qui déterminent l’expérience architecturale de l’usager : le parcours (support de cheminement) et les cadrages de vues (« moteur » du cheminement). Le cheminement « architecturé » plonge le visiteur dans un parcours à ciel ouvert prédéterminé où disparaissent et réapparaissent le paysage et le moulin au fur et à mesure de son déplacement. S’agissant du cadrage des vues celui-ci est induit par le cheminement. Ainsi le système de double parois rectilignes à pour effet de cadrer et de renforcer la mise à distance optique de telle ou telle portion du paysage.
L'Hôtel du département de la Meuse - Bar-le-Duc (Meuse)
Réhabilité par Dominique Perrault
Le bâtiment d'origine, construit à la fin du XIXe siècle pour accueillir l'école normale d'institutrice a été réhabilité en 1994 par l'architecte Dominique Perrault, par ailleurs auteur de la Grande bibliothèque de France. Il est depuis le siège de l’assemblée départementale.
Le rez-de-chaussée de l'ancienne façade monumentale, traitée en transparence pour l'alléger, s'ouvre sur un large parvis. L’intérieur de l’édifice est entièrement restructuré. L’ensemble de la structure interne a été remplacée et la distribution des locaux et des circulations a été réorganisée en cohérence avec la logique architecturale de l’édifice. Façades et toiture ont été restaurées tandis que des menuiseries en aluminium laqué à un seul vantail vitré viennent occuper les baies.
Un bâtiment moderne aux formes circulaires a été ajouté à l'arrière. Une passerelle relie les deux parties de l’hôtel du département, "l’ancien et le contemporain, le législatif et l’exécutif". L’édifice neuf apparaît en fond de perspective et se reflète dans un miroir d’eau.
Le conception architecturale de Dominique Perrault se joue dans l’épaisseur du terrain. L’architecte met à profit la légère pente du terrain pour remodeler son profil et fabriquer une succession de socles, d’émergences et d’enfouissements dans une relation évidente au paysage. On voit ainsi se dessiner très clairement la succession d’espaces architecturaux suivants : parvis (socle) – accueil-service (émergence) – miroir d’eau (socle) – salle du Conseil (enfouissement) – jardin.
Une forme d’ambiguïté est introduite par cette architecture qui perturbe le registre traditionnel de l’élévation en fondant dans un même plan la façade et la toiture. Si elle permet de reconstituer la forme naturelle du terrain, elle permet aussi de ne pas jouer sur le même registre que l’architecture pré-existante, laissant ainsi à chacune son originalité conceptuelle.
Un dialogue architectural qui dépasse la simple confrontation pour aboutir à une mise en valeur respective.
La Cité manifeste - Pierre Zemp - Mulhouse (Haut-Rhin)
Réalisée par Jean Nouvel ; Anne Lacaton - Jean-Philippe Vassal ; Shigeru Ban - Jean Gastines ; Matthieu Poitevin - Pascal Reynaud et Duncan Lewis - Block
La Cité manifeste - Pierre Zemp, du nom de l'initiateur du projet, est un ensemble de 61 logements sociaux, situé en périphérie immédiate du centre historique de Mulhouse, réalisé, par des architectes de renom, dont trois Pritzker price et inauguré en 2005.
L’ambition de cette commande imaginée par le directeur de la société HLM Somco de l’époque, Pierre Zemp, est de sortir du « fossé grandissant entre les vœux exprimés par les habitants et le « produit » qu’est devenu le logement normalisé destiné aux familles modestes ».
La coordination du projet est confiée à l’architecte Jean-Paul Robert, qui installe une sorte d’atelier commun où les équipes présentent, discutent et partagent leurs projets. Cette méthode favorise une émulation entre les architectes entrainant à l’innovation en même temps qu’elle rend plus claires les caractéristiques propres de chaque projet architectural.
Les édifices sont ainsi variés dans toutes les dimensions de leurs architectures : composition, forme, espace, structure, matériaux, usages mais présentent des dispositifs architecturaux communs qui introduisent une qualité d’usage sur l’ensemble de la Cité Manifeste.
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