Paul Quintrand
Paul Quintrand (né en 1929) est un architecte DPLG actif à partir de 1958 en France, principalement en Provence.
Parallèlement à son activité de praticien, il a joué un rôle fondamental dans le renouvellement des pratiques pédagogiques et le développement de la recherche en architecture.
Né à Saint-Fortunat (Ardèche) le 25 juillet 1929, Paul Quintrand effectue ses études secondaires à Arles d’où était originaire son père. Sa vocation repose sur la découverte d’un numéro spécial de Technique et Architectur e consacré à Auguste Perret, revue donnée par sa mère qui l’avait elle-même découverte de manière fortuite sur la banquette d’un train et qui, soucieuse de l’avenir de son fils, la lui avait transmise. La découverte de l’oeuvre de Perret ouvre de nouvelles perspectives à Paul Quintrand qui trouve dans l’architecture un moyen de réaliser son aspiration à exercer un métier de création (il pratiquait alors la peinture).
Paul Quintrand se forme au sein de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (atelier Roger-Henri Expert et Pierre Vivien) dont il est diplômé en 1958 (sujet : Projet d’arènes pour la ville d’Arles ) au terme d’un honorable cursus (Prix Maréchal en 1951, Lauréat du concours Laloux en 1956, Prix Paulin en 1958).
Parallèlement à ses études, entre 1952 et 1960, il travaille comme collaborateur puis comme assistant dans l’agence de Pierre Dufau (1908-1985). Responsable notamment des projets de l’ambassade de France au Cambodge (1956-1957) et du siège parisien de la société Dunlop (1958-1959), il y apprend son métier dans la réalité concrète de l’agence et du chantier.
En 1961, Paul Quintrand ouvre une agence à Aix-en-Provence où il mène ses premiers projets personnels, essentiellement des équipements publics : piscine olympique (1962-1966, en collaboration avec J.-L. Durand, J. Durand, Rival, Duchateau) ; aménagement de la place des Cardeurs et du parking souterrain du même nom (1964, en collaboration avec J.-L. Durand) ; école primaire de La Pinette (1966) ; réhabilitation de l’Hôtel de Caumont pour y installer le Conservatoire nationale de musique (1967- 1972). Paul Quintrand réalise également des programmes de logement, notamment des immeubles d’habitation : immeuble Bellegarde (boulevard Aristide Briand, 1965) ; Clos Cangina (1965-1968) ; immeuble avenue Pasteur (1965-1968).
Paul Quintrand est également actif à Arles où il construit de petits ensembles résidentiels (Les Alpilles, 1964 ; Les Ormeaux, 1965-1968) et des maisons individuelles (villa Merland, 1964-1965 ; villa Vaché, 1965-1966) qui témoignent de son évolution vers une écriture architecturale plus personnelle. Il en est de même pour le Yotel-Club (Saint-Tropez, 1965) qui renouvelle les typologies habituelles de l’architecture de la villégiature.
Très intéressé par la question de la préfabrication, Paul Quintrand met au point au cours des années 1960 un modèle de maison individuelle évolutive appelée « Maison Meccano » ou « 355 » dont il décline deux versions – l’une en béton (procédé Pico), l’autre associant acier et bois (procédé Jossermoz) – faisant l’objet de dépôts de brevets et de réalisations. Pour le procédé béton, une villa témoin est construite à Ventabren en 1967 (détruite) et neuf villas sont présentées à Village-Expo à Vitrolles en 1969. Pour le procédé bois-acier, trois villas sont construites : une première à Annecy en 1973 (villa Pontoise, villa témoin lauréat au concours Jeu de construction) ; une seconde au Puy-Sainte-Réparade en 1974 (villa Labrot) ; une troisième à Eguilles (villa Raguin).
La décennie 1960 correspond donc à l’affirmation de Paul Quintrand en tant que maître d’oeuvre mais, au-delà, elle marque aussi la naissance du chercheur, du théoricien et de l’enseignant.
Dans le cadre des premières universités permanentes d’architecture et d’urbanisme (UPAU) qu’il fonde en 1964, Paul Quintrand organise un atelier d’été à Aix-en-Provence en 1965. Cela lui donne l’occasion d’approfondir sa réflexion sur les nouveaux enjeux de la création architecturale et la nécessité d’une approche pluridisciplinaire (il favorise par exemple les échanges avec le laboratoire de Sociologie d’Aix-en-Provence dirigé par Granet).
L’étude d’aménagement de la Côte Bleue (AMEROVE, 1966-1967) permet à Paul Quintrand de se confronter aux problématiques soulevées par l’urbanisation de nouveaux territoires et déjà, de s’interroger sur les spécificités de l’habitat en milieu méditerranéen. Il réalise deux projets : l’un de ville nouvelle, inspiré du projet de Le Corbusier pour Alger ; l’autre d’aménagement touristique, inspiré de la promenade de bord de mer de Nervi (Italie).
Concomitamment, avec Roger Dabat (1927-1985) et Jacques Chirié (né en 1929), Paul Quintrand participe à l’étude sur le Caractère méditerranéen de l’habitat (OREAM-GAMU, 1969), qui découlera sur la création du laboratoire de recherche ABC dont les activités porteront sur le thème de l’adaptation de l’habitat au milieu physique. En tant que maître d’oeuvre, Paul Quintrand inscrit sa démarche dans cette dynamique de renouvellement des pratiques architecturales. Il élabore en effet une méthodologie du projet basée sur la concertation avec tous les acteurs du projet et, en premier lieu, avec le maître d’ouvrage. Quand il reçoit une commande, il prévient son client que la construction ne commencera qu’au terme d’un an, année pendant laquelle il instaure une série d’échanges, notamment au moyen d’un cahier de renseignements que le commanditaire doit compléter. Outre l’émergence d’un véritable programme des besoins, cela permet à Paul Quintrand – qui, pendant un an, ne fait aucun plan – d’élaborer mentalement sa réponse architecturale qu’il présente ensuite sous forme de maquettes puis d’esquisses.
Enfin, Paul Quintrand joue un rôle moteur dans le renou vellement des pratiques pédagogiques – il est professeur à l’Ecole d’architecture de Marseille-Luminy de 1967 à 1994 – et de recherche – il y fonde le GAMSAU en 1969, laboratoire de recherche pionnier en matière d’utilisation des outils de conception assistée par ordinateur en architecture.
Au tournant des années 1970, pour se rapprocher de l’Ecole, Paul Quintrand transfère son agence à Marseille, où il partage des locaux avec Roger Dabat. Ensemble, ils participent au concours pour la ZAC de la Rousse de Miramas (1970).
Paul Quintrand accède alors à des commandes plus importantes, notamment dans le domaine du logement social (ZUP 5 de Martigues : 700 logements réalisés en deux tranches, 1966-1970 et 1972-1978 ; 47 villas, opération «Mer et soleil», 1970) et d’équipements publics (centre des Impôts d’Aix-en-Provence, 1972). En 1977, il réalise le Centre de l’enfance d’Istres, structure expérimentale comprenant une halte-garderie, une école primaire, un centre de loisir conçu pour être largement ouvert sur l’espace urbain.
A partir de 1976, Paul Quintrand cesse progressivement son activité de maître d’oeuvre pour se consacrer essentiellement à l’enseignement et à la recherche.
Correspondant de l’Académie d’architecture à partir de 2001, il en devient membre titulaire en 2003.
Sources
Sources orales
- Entretiens avec Paul Quintrand (2009-2010).
Archives
- AP Paul Quintrand.
- Académie d’architecture, Dossier de Paul Quintrand.
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