André Remondet
André Remondet (1908-1998) est un architecte actif en France (métropole et Martinique), en Allemagne (Sarrebruck), en Croatie (Zagreb) et aux Etats-Unis (Washington), de 1945 à 1998.
André Remondet se forme à l’architecture à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris auprès de Roger-Henri Expert (1882-1955) dont il termine d’ailleurs certains chantiers au milieu des années 1950 (Ecole normale supérieure de Cachan, 1955 ; église Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, Metz, 1954). Etudiant brillant, lauréat du Premier Grand Prix de Rome en 1936, André Remondet séjourne à la villa Médicis de 1937 à 1939. Tourné vers le nouveau monde, il ponctue ce séjour par un premier voyage à New York (1937-1938) au cours duquel il travaille dans l’agence de Wallace Kirkman Harrison (1895-1981), architecte du Rockefeller center.
Mobilisé en 1939-1940 dans la campagne contre l’Allemagne, il retourne ensuite aux Etats-Unis où il demeure jusqu’en 1944. Entre 1941 et 1943, il travaille à New York dans l’agence d’Harrison. Engagé volontaire dans les Forces Françaises Extérieures à partir de 1943, André Re mondet suit un entrainement à Fort Benning avant de rejoindre Washington où il est attaché près de la Mission militaire française (1943-1944). André Remondet met à profit son exil américain pour approfondir sa formation : il améliore notamment ses compétences techniques au Structural institute de New York et à l’université de Washington où il suit un cours de « Mathématiques spéciales et techniques du béton armé ». André Remondet regagne ensuite l’Europe où il participe, en 1944-1945, aux combats pour la Libération comme officier de liaison auprès de la 5ème division de l’infanterie américaine, engagement qui lui vaut plusieurs distinctions militaires.
La vie professionnelle d’André Remondet, comme celle de la plupart de ses confrères diplômés à la fin des années 1930, ne commence qu’après la Seconde Guerre mondiale. Fort de son brillant cursus, André Remondet est nommé architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux (BCPN). Parallèlement, il commence une longue et fructueuse carrière d’enseignant comme chef d’atelier à l’Ecole des Beaux-arts de Paris où il succède à Auguste Perret (1874-1954) et comme directeur de l’école américaine des Beaux-arts de Fontainebleau.
Au tournant des années 1940 et 1950, André Remondet signe plusieurs ensembles d’habitation de taille moyenne en collaboration avec Jean-Louis Fayeton (1908-1968).
Ces opérations sont présentées somme des modèles d’habitation à l’Exposition internationale de l’Urbanisme et de l’habitation (Paris, Grand Palais, 1947). André Remondet participe également à la reconstruction d’Elbeuf (Seine-Maritime) et de la Sarre où il intervient sous la direction de Georges-Henri Pingusson (1894-1978), y construisant notamment une nouvelle église et la faculté des Lettres (1951-1954, en collaboration avec Richard Doecker).
Au cours des années 1950 et 1960, André Remondet prend une part active au renouvellement de l’architecture scolaire et universitaire, réalisant par exemple le lycée climatique d’Argelès-Gazost (1955), des établissements d’enseignement secondaire à Guingamp (lycée Pavie) et Chantonnay (lycée Clémenceau), des groupes scolaires à Pau, à Poitiers ou encore au Plessis-Robinson. Il construit également plusieurs établissements en Martinique, dont l’école normale de Fort-de-France. André Remondet participe au mouvement général d’industrialisation des constructions scolaires puisqu’il figure dans deux des dix neuf équipes lauréates du concours conception-construction organisé en 1962-1963 par le ministère de l’Education nationale. Les établissements qu’il conçoit à Avion, Aubervilliers, Libercourt, Molingheim et Aubigny-en-Artois entrent dans le cadre de la commande groupée qui fait suite à ce concours.
Le titre d’architecte BCPN vaut à André Remondet d’être rattaché à l’Observatoire de Paris, comme l’avait été avant lui Emmanuel Pontremoli (1865-1956). Il réalise ainsi plusieurs bâtiments dédiés à la recherche scientifique dont le cercle méridien du jardin de l’Observatoire de Paris (1951-1954, en collaboration avec Jean Prouvé), l’étonnante tour d’observation des satellites de Meudon (actuelle tour solaire, 1963-1967) ou encore l’observatoire de Saint-Maur et l’institut de parasitologie de Collioure. Il conçoit égale ment le centre nucléaire de La Hague (1967, en collaboration avec Paul Vimond, J.-P. Mariage et H. Cholet) ou, dans un tout autre domaine, le centre culturel français de Zagreb.
Si André Remondet aborde ponctuellement les programmes religieux (églises au Plessis-Robinson, à Poitiers, à Pau, à Bayonne), culturels (maison de la Culture de Pau, maison des jeunes de Gradignan et de la Porte-de la-Chapelle), sportif (piscine municipale d’Avignon, 1966) et touristiques (country club, villages de vacances, hôtels), l’essentiel de sa production concerne le logement. Bientôt, dans un contexte de croissance urbaine, de massification des besoins de la société en matière de logement et d’industrialisation de la construction, André Remondet travaille à l’échelle de la ville, sur des projets d’urbanisme et d’aménagement : il est notamment l’architecte en chef des Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP) d’Avignon, Cavaillon, La Défense, Limoges, Poitiers, Vitry-sur-Seine. Dans ces mêmes villes, ainsi qu’à Paris et en banlieue parisienne, à Bayonne, à Pau, à Rouen ou à Rennes, il réalise de nombreux groupes d’habitation dont certains atteignent près de 1 000 logements. Une liste de références dressée par l’architecte au milieu des années 1960 fait état de 14 000 logements (achevés, en cours de construction ou à l’étude) qui font d’André Remondet une figure majeure de la production du logement de masse, en France, pendant les années de croissance. Son agence, qui se trouve n°79 avenue des Champs-Elysées, figure d’ailleurs parmi les plus actives de la capitale. Elle attire de nombreux jeunes praticiens parmi lesquels figure Frank O’Ghery (né en1929) qui y travaille en 1961.
Les années 1970 sont marquées par sa collaboration avec les architectes Paul Nelson (1895-1979) et Claude Parent (né en 1923). Avec le premier, André Remondet conçoit le centre de santé d’Arles (1965-1974, en collaboration avec Paul Nelson et Pierre Devinoy) tandis qu’avec Claude Parent, à la demande de la SNCF, André Remondet étudie plusieurs opérations qui, bien qu’ambitieuses, restent toutes sans suite : le réaménagement de la gare des Batignolles (Paris, 1970, en collaboration avec Claude Parent et Raymond Leyrie, non réalisé), de la gare centrale de la Part-Dieu (Lyon, 1974, en collaboration avec Claude Parent, Charles Delfante et René Gagès, non réalisé) et de la gare de Dijon (1974, en collaboration avec Claude Parent, non réalisé) ; la réutilisation des emprises urbaines de la SNCF (Paris, 1970, en collaboration avec Claude Parent et Raymond Leyrie) ou la couverture des voies de chemins de fer (Paris et Bois-Colombe, 1974-1975, en collaboration avec Claude Parent et Raymond Leyrie) ; la construction d’une tour de bureaux gare d’Austerlitz (Paris, 1971-1972, en collaboration avec Claude Parent et Raymond Leyrie, non réalisé). Si leur projet pour l’hôtel de ville de La Baule (1974, en collaboration avec Claude Parent, non réalisé) ne prend pas non plus la voie de la concrétisation, André Remondet et Claude Parent réalisent ensemble le siège parisien de la Direction des Affaires sociales du ministère de la Santé (Paris, 1971-1975).
En 1980, André Remondet est élu à l’Académie des Beaux-Arts où il succède à Urbain Cassan (1890-1979) au cinquième fauteuil de la section architecture. Sa dernière réalisation importante est l’ambassade de France à Washington (1982-1984, en collaboration avec George Hyman).
Sources
Archives
- AM Arles M 65.
- Centre d'archives d'architecture du XXe siècle, Fonds Nikos Chatzidakis, Fonds Jean-Louis Fayeton, Fonds Paul Herbé, Fonds Emile Aillaud, Fonds Eugène Beaudouin, Fonds Henry Bernard, Fonds Paul Bigot, Fonds Joseph Bukiet, Fonds Dumail Félix, Fonds Roger-Henri Expert, Fonds André Hermant, Fonds Jacques Kalisz, Fonds Pierre Vago, Fonds François Vitale.
Bibliographie
- Davoigneau Jean, Le Guet-Tully Françoise, « L’inventaire et le patrimoine de l’astronomie. L’exemple des cercles méridiens et de leurs abris », In-Situ, n°6, septembre 2005.
- Monnier Gérard (dir.), ABRAM Joseph, L’architecture moderne en France. Tome 2 : du chaos à la croissance (1940-1966), Paris, Picard, 1999.
- Resendiz-Vazquez Aleyda, L’industrialisation du bâtiment. Le cas de la préfabrication dans la construction scolaire en France (1951-1973), Thèse de doctorat sous la direction de Sabine Barles et André Guillerme, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, 2010.
Sources imprimées
- L’Architecture d’Aujourd’hui n°30 (1950), n°32 (1950), n°34 (1951), n°45 (1952), n°47 (1953), n°53 (1954), n°57 (1954), n°58 (1955), n°77 (1958), n°113-114 (1964), n° 133 (1967), n°150 (1970).
- Remondet André, Aubin Tony, Discours prononcé lors de la réception d’André Remondet à l’Académie des Beaux-Arts, Paris, Institut de France, 1980.
Bases de données
- Mérimée, Ministère de la culture.
- Archiwebture, Cité de l’architecture et du patrimoine.
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