1.1509 - Campagne Lévêque
Saint-Louis dans le 15e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1509, p 44. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Campagne Lévêque ou Groupe Saint-Louis
boulevard Ledru-Rolin, quartier Saint-Louis 13015
Lambert 3 : latitude 3.01901 ; longitude 43.3435
Accès : bus n° 25 : Bougainville - Saint-Antoine, bus n° 26 : Bougainville - Sainte-Marthe, bus n° 70 : Canebière Bourse - Saint-Exupéry
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, 13234 Marseille Cedex 4, 04 91 12 71 00
programme : Groupe d'habitations de 806 logements HLM.
Maître d'ouvrage : Office Public d'HLM départemental des Bouches-du-Rhône.
Ensemble de 5 immeubles. Écoles.
dates, auteurs : Exempté de PC. Travaux : 1957-1959.
J. Rozan, architecte en chef, R. Egger architecte chef de groupe, L. Poutu et L. Olmeta, architectes d'opération.
Bet SMET.
Entreprises, Chagnaud, Travaux du Midi, Caillol.
Lenclos, coloriste.
site : Butte de Saint-Louis, au sud du bassin de Séon, et du lycée Saint-Exupéry, ancienne bastide dominant les abattoirs de P. Coste. Altitude entre 72,00 et 52,00 m. Secteur d'habitation G sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Articulé sur la prise de site d'une barre monumentale de 17 cages. Deux barres en épis sur le plateau, barres plus courtes dans la pente. Épannelage: R+11 à R+13.
bâti : Bâtiments industrialisés, grande portée (5,40 m), panneaux préfabriqués. chemin de grue. Assez bon état général. Réhabilitation 1982-87.
cf. notices : 1318 - Frais Vallon - 1425 - La Marine Bleue [plans identiques]
sources : AD : 2071 W 8 (28.606), 165 W 36, 12 O 294-295, 1750, 7 ETP 339-345, 65 J 10, 113 J 61
Base de données RCF
TPFE T42
Revue Marseille n° 37
Contexte :
La loi du 24 mai 1951 ouvre aux politiques techniques du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme sous l'impulsion d'E. Claudius-Petit, par la création d'un plan décennal du Secteur Industrialisé. Le concours de Strasbourg, dont E. Beaudouin sera lauréat, illustre cette nouvelle politique du logement : économie d'échelle avec des groupes de 800 logements, délais d'exécution de 18 mois, regroupements d'équipes : architectes, BET, entreprises, procédés techniques contrôlés par le CSTB. Un programme de prestations très précis est proposé aux 25 équipes agréées.
Parmi les lauréats du concours de 1951, l'équipe P. Vago avec A. Dunoyer de Segonzac sera classée cinquième.
A. Dunoyer sera chargé par Meyer Heine de composer le plan de Saint-Gabriel pour 800 logements. Retenu sur son projet de Saint-Domingue, il ne poursuivra pas sa mission, J. de Mailly réalisera en 1953 un plan de détail sur le site.
À Marseille ce n'est que la seconde tranche du Secteur Industrialisé qui sera mis en place à partir de 1952. On y retrouvera l'organisation hiérarchique de la reconstruction : architecte en chef, chef de groupe et architecte d'opération. Une seconde opération sera engagée sur les terrains de la Marine avec les mêmes plans mais avec un chef de groupe et des architectes d'opération différents.
Description :
Sur un fond de grande propriété bastidaire dévalant la pente et sans doute dévalorisée après la construction des abattoirs de Pascal Coste terminés en 1851, les reprises du plan de masse indiquent l'évolution depuis l'amplification d'une opération moyenne vers la solution réalisée autour d'une barre monumentale de 40 m de haut et 275 m de long posée juste sur la bordure sud du plateau de Saint-Louis Les Aygalades. Cette prise de site était sans doute voulue par J. de Mailly, l'architecte du ministère, qui projetait de très grands bâtiments pour ses plans de détail. À ce titre, le secteur G du Plan directeur d'urbanisme préconisait de grands espaces libres et une densité de 100 logements à l'hectare avec des réserves pour les équipements scolaires. D'où cette composition à très grande échelle qui inaugure des situations qui se retrouveront dans les années soixante avec X. Arsène Henry comme architecte conseil (La Rouvière).
La grande barre posée, seuls les deux immeubles à l'équerre et situés au nord créent un espace cadré, entouré de falaises. Les autres immeubles suivent la pente, un peu isolés du reste de la composition. Un grand ensemble se crée sur les hauteurs de Saint-Louis avec pour unique équipement le très important groupe scolaire. L'innovation n'est pas dans le programme urbanistique, mais dans le système constructif, résultat de la politique technique que visait explicitement le Secteur Industrialisé.
En effet, les immeubles de Campagne Lévêque seront réalisés avec une structure de voiles-béton dont la portée de 5,40 m est tout à fait inaccoutumée pour ce type de programme de financement HLM ordinaire. Pour mesurer cette évolution technique, les portées courantes étaient proches des constructions en bois, c'est-à-dire de l'ordre de 4,50 m, si on excepte le projet de reconstruction du Havre (1948, 1958) dont la trame de 6,24 m du Havre fut régulièrement critiquée parce qu'elle logeait difficilement trois chambres de taille raisonnable. Les opérations marseillaises de La Marine et de Campagne Lévêque utiliseront une trame unique de 5,40 m avec des refends de 0,20 m d'épaisseur ce qui est favorable pour l'acoustique des appartements. Avant de retrouver ces dimensions il faudra attendre les années soixante-dix et les modèles innovation pour en voir la généralisation. Cependant, leur rendement sera médiocre du fait de l'étroitesse des bâtiments et des ventilations des pièces centrales (avant la généralisation des ventilations mécaniques, tardives à Marseille).
L'autre valeur technique consiste en la préfabrication intégrale des façades, constituées de panneaux légers nervurés avec une paroi de 0,04 m dont les alvéoles sont remplies de plâtre expansé, relativement léger et isolant pour l'époque. Les appareils de levages restant rares, ils se déplacent le long des plans dits en chemin de grue. De plus, la largeur des panneaux n'excèdera pas 1,20 m, multipliant les joints de pose et les risques de malfaçons.
Auteurs :
Jean Rozan, architecte, (1887-1977),
élève de Pontremoli, diplômé en 1919, réalise les Bureaux de la Compagnie Paquet. En 1936, il construit les Usines Vertes de la SNCASE puis des édifices scientifiques et techniques tels le relais TSF du Réaltor ou la Soufflerie du laboratoire de Mécanique des Fluides. Il participe à l'Exposition Internationale de 1937 et devient architecte de la Chambre de Commerce puis en 1948 celui du Comité Interprofessionnel de Logement. Après-guerre, il réalise beaucoup de logements sociaux :
Les Rosiers (n° 1427),
Les Tilleuls (n° 1326) ou
Les Aygalades (n° 1518).
René Egger, architecte,
né en 1915, est diplômé en 1941, il est associé à F. Pouillon de 1944 à 1953 et sera remarqué par sa conduite du chantier des usines Nestlé. Architecte BCPN, il sera jusqu'en 1968 architecte conseil du ministère de l'Éducation Nationale.
Louis Poutu architecte
est inscrit dès 1941 à l'Ordre des Architectes. Chef de groupe sur la reconstruction du Port, il réalise des programmes sociaux industrialisés associé à J. Lajarrige.
Louis Olmeta, architecte,
né en 1906 à Marseille, réalise en 1950 les opérations expérimentales du Canet (n° 1418) et de La Pomme (n° 1133) et les logements dit de L'abbé Pierre, en 1955. On notera son association avec G. Candilis sur La Viste (n° 1521), avec G. Gillet sur le Roy d'Espagne.
Fichiers associés :
- Carte du 15e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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