1.1422 - Campagne Larousse
Le Canet, sud-ouest du 14e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1422, p 40. 2005
Label Patrimoine du XX° siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Campagne Larousse
boulevard Larousse, rue Edmond-Jaloux, rue du Muret , quartier du Canet 13014
Lambert 3 : latitude 3.0445 ; longitude 43.3302
Accès : bus n° 89 Canebière - Le Canet
propriétaire : Marseille-Habitat, Espace Colbert, 10, rue Sainte-Barbe, 13001 Marseille
Christian Gil, directeur
programme : 390 logements, stationnement collectif, garages couverts, séchoirs en terrasses. École et centre commercial. Présence de Logements Économiques Provisoire Normalisés sur le site.
Maître d'ouvrage : Société Anonyme Marseillaise pour le Développement du Logement (SCIC).
dates, auteurs : PC : 1956. Achèvement de travaux : 1958. Conformité : 1962.
André Devin, J.-L. Sourdeau, M. Scialom, architectes,
A. Arbus, conseiller technique.
Entreprise Chauvet GO.
site : À l'est du Canet, village industrieux, avant le chemin de Gibbes. Terrains Brunet, 7 ha. Flanc septentrional de colline, altitude entre 48,00 et 33,00 m. Secteur d'habitation d'ordre discontinu, E du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Organisé en blocs de R+4 formant des cours et des alignements et des barres dont une de R+10. Le plan inclus les équipements, le franchissement de la Rocade. Les espaces extérieurs sont aménagés.
bâti : Structure béton mixte : poteaux dalle, refends et voiles porteurs. Façades avec parements de pierre. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 9 (32.093), 165 W 78-79
Revue Marseille n° 29, 37 et 58
Technique et Architecture 19e Série, n° spécial SCIC
Contexte :
Le Canet, un village créé au début du XXe siècle, va se développer avec la croissance industrielle : raffineries de soufre, brasseries, huileries Valabrègues et Régis sur le chemin de Gibbes. Après la guerre, l'Huilerie Nouvelle s'y installera. Ces activités en font un quartier ouvrier et, entre Le Canet et Saint-Barthélémy, les campagnes deviennent un lieu de regroupement d'habitat précaire qui fera l'objet de multiples programmes de résorption.
Dès 1953, J. de Mailly donne un plan d'urbanisme entre Saint-Gabriel et la Campagne Larousse, là où J.L. Sourdeau réalise, en 1954, les premiers Logements Économiques Provisoires Normalisés (LEPN). C'est sans doute pour cette raison que J.L. Sourdeau apparaît dans certaines publications sur l'opération.
La Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts est créée cette même année 1954, avec pour ambition de réaliser des ensembles sociaux qui évitent l'effet cité dortoir. Urbanistes et ingénieurs cherchent à programmer et aménager un véritable cadre de vie. Les architectes de ces opérations sont sélectionnés pour leur expérience dans le domaine : André Devin fera partie de ceux-là. Le programme de Campagne Larousse est mis en oeuvre par la SAMDEL, émanation de la Ville et de la SCIC, expérimentée dans l'intégration des logements et des équipements.
Description :
L'ensemble des 390 logements de Campagne Larousse est constitué de blocs limités à R+4 associant deux cages d'escaliers et de barres pouvant atteindre R+10. Aucune tour dans ce plan, à cause d'une servitude liée à l'hypothétique terrain d'aviation de Sainte-Marthe. Le plan de J. de Mailly qui prévoyait ici des barres monumentales ne sera pas mis en oeuvre.
Le plan de masse est plutôt inclusif englobant par de petites unités les logements précaires. Mais le passage de la Rocade entre la Madrague Ville et La Rose sépare l'opération en deux. Elle sera franchie par une passerelle piéton qui était prévue au droit de l'école ; mais sera réalisée sur la limite ouest de l'opération, ce qui déséquilibre la composition. En effet, un cheminement nord-sud reliant les deux parties de l'ensemble longeait l'école pour aboutir aux logements provisoires.
Au sud, le plan compose avec les logements existants qu'il recadre autour d'un groupe scolaire et d'un centre commercial par des îlots ouverts. Cet ensemble, bien équipé dès l'origine, est fait de petites unités distinctes où peut se développer la vie extérieure propre au midi de la France : promenades plantées, terrasses ou jeux de boules. La présence d'André Arbus comme Conseiller Technique pour la ville, est sans doute à l'origine de la bonne qualité du traitement des espaces extérieurs : plantations généreuses, fontaines et compositions décoratives sont encore en place sur le site.
Les immeubles de 3 à 5 niveaux, ont des toitures à quatre pentes en tuiles évoquant encore la facture HBM (cf. la Marine Blanche). Pourtant la conception des logements est de très bonne qualité, avec notamment le regroupement de la cuisine et des sanitaires autour d'une loggia formant séchoir, le tout masqué par une paroi de claustras béton.
Si on évoque au sortir du Canet une ambiance villageoise, l'ensemble prend une toute autre dimension sur la partie septentrionale, avec deux barres de 4 et 11 niveaux. La façade sud, en béton revêtu de pierres de taille, répète un schéma qui condense les pans de verre des ouvertures (séjour, chambre) et loggias alternées avec des pleins de travée. Les 3e et 11e étages ont des balcons filants dessinant comme autant de registres d'attique et de soubassement. On peut y voir une parenté avec les tours urbaines du Havre (A. Perret, 1956).
Sur la façade nord, le dispositif des sanitaires et de la cuisine est repris, l'espace d'usage donne une forme particulière à la façade.
La bande éclairante est soulignée par des claustras de béton clair, sur laquelle la fenêtre de la cuisine semble posée sans solution de continuité.
La structure est constituée de segments de façades porteuses alliées à un réseau de trois files de poteaux, dont une au milieu des 8,60 m de l'épaisseur du bâtiment et sur un entre-axe de 3,50 m laissant une large flexibilité. Le cloisonnement est léger, parfois doublé ou triplé sur certains séparatifs.
L'état des constructions et de l'environnement est très bon, les photographies des blocs figurent en bonne place dans les images du patrimoine de l'actuel logeur.
Auteur :
André Devin (1905-1983)
est diplômé en 1928, dans l'atelier Bigot. Avant-guerre, il travaille avec E. Chirié puis Y. Bentz. Après-guerre il participe à la reconstruction du Vieux-Port réalisant par la suite à Marseille des immeubles de logements et les grands hôpitaux de la ville. Il formera plusieurs générations d'architectes dans son agence.
Concernant le logement, on retiendra :
les tours de Sulfur City, 1954 (n° 0504),
Le Pharo, 1956 (n° 0707),
la Résidence Beausoleil, 1959 (n° 0402),
Le Saint-Nicolas, 1958,
Les Cyprès (n° 1368) et Paul Trompette (n° 1369), 1968.
Il participera aux grands programmes du Secteur Industrialisé :
La Marine Bleue, 1958 (n° 1425),
Consolat Mirabeau, 1962,
La Rouguière, 1963 (n° 1121),
et Frais Vallon, 1964 (n° 1318).
Il est surtout connu pour quelques immeubles dans les beaux quartiers comme La Palazzine de la rue Jean Mermoz (1965).
Fichiers associés :
- Carte du 14e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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