1.1318 - Frais Vallon
La Rose, au sud du 13e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1318, p 33. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Frais Vallon
traverse des Durbecs, quartier La Rose 13013
Lambert 3 : latitude 3.0975 ; longitude 43.3239
Accès : métro 1 : La Timone - La Rose
propriétaire : Habitat Marseille Provence, 325 avenue de Frais Vallon 13388 Marseille Cedex
programme : Ensemble de 1 463 logements HLM - Habitations à Loyer Modéré.
Maître d'Ouvrage : Office Public d'Habitations à Loyer Modéré de la Ville de Marseille.
Ensemble de 15 immeubles, écoles, commerces, équipements sociaux, piscine, siège du logeur HMP.
dates, auteurs : Projet de 1 001 logements, secteur industrialisé, 1961.
Accord Préalable : 1963, 2e tranche 462 logements. Programme pour les rapatriés.
Architectes : A. Devin, coordinateur chef de groupe, E. Gautier, chef de groupe, E. Castel et J.M. Sourdeau, architectes d'opération.
Bureau d'étude SMET.
Entreprise, Société Auxiliaire d'Entreprise.
Réhabilitation à partir de 1977, dossier Habitat Vie Sociale.
site : Entre les contreforts de la vallée du Jarret, sous le plateau de Montolivet. Altitude entre 100,00 et 85,00 m. Secteur d'habitation discontinue E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Centré sur le tracé de la S 08 - non réalisée. Plan en 2 phases : barres et tours, puis bâtons rompus. Épannelage : R+4, R+9, R+12 et R+22.
bâti : Constructions en béton, procédé coffrage Blow Knox. Assez bon état général. Importantes transformations architecturales.
cf. notices : 1425 - La Marine Bleue - 1509 - Campagne Lévêque
sources : AD : 2071 W 17 (49.631), 165 W 550, 12 O 2219, 86 J
Contexte :
La loi du 24 mai 1951 ouvre aux politiques techniques du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme sous l'impulsion d'E. Claudius-Petit, par la création d'un plan décennal du Secteur Industrialisé. Le concours de Strasbourg, dont E. Beaudouin sera lauréat, illustre la nouvelle politique du logement : économie d'échelle avec des groupes de 800 logements, délais d'exécution de 18 mois, regroupements d'équipes (architectes, bureau d'études techniques, entreprises), et enfin procédés techniques contrôlés par le CSTB - Centre scientifique et technique du bâtiment. Un programme de prestations très précis est proposé aux 25 équipes agréées.
Parmi les lauréats du concours de 1951, l'équipe de P. Vago avec A. Dunoyer de Segonzac sera classée cinquième.
A. Dunoyer, chargé par Meyer Heine de composer le plan de Saint-Gabriel pour 800 logements, ne viendra pas à bout de son projet.
À Marseille ce n'est que la seconde tranche du Secteur Industrialisé qui sera mise en place à partir de 1952. On y retrouvera l'organisation hiérarchique de la reconstruction : architecte en chef, chef de groupe et architecte d'opération. Frais Vallon est d'abord la reconduction du programme de la Marine Bleue, avec de nouveau A. Devin comme coordinateur, E. Gauthier comme chef de groupe et E. Castel et J.M. Sourdeau comme architectes d'opération. Quant au procédé, il s'agit d'un système de coffrage Blow Knox mis en œuvre par la Société Auxiliaire d'Entreprise.
À ce millier de logements, va être ajouté en 1962, une extension au titre des programmes spéciaux de 35 000 logements destinés aux rapatriés et décidé par G. Pompidou. Une demi-douzaine de sites marseillais seront ainsi sélectionnés pour densifier ou reconduire des opérations dont les études sont alors, immédiatement réutilisables. Cette seconde tranche de 498 logements sera donc édifiée sur des terrains contigus déclarés d'utilité publique.
Description :
Ces parties successives, définies "au nom de l'urgence" vont marquer la physionomie de Frais Vallon. La première tranche est encore apparentée à la Marine Bleue ou à Campagne Lévêque par la présence de barres très longues, elle en diffère par la présence de trois tours qui ponctuent un plan de masse en extension. La prévision d'une voie rapide - la S 08 - va induire la composition en deux parties, nord et sud, distinctes mais équilibrées et également équipées. La seconde tranche bien que réduite de moitié, occupe un espace assez important et ne comporte aucune tour. Ce sont essentiellement les immeubles à coursives relativement denses qui dominent, organisés en motif de bâton rompu. L'arrangement des immeubles est moins hiérarchique et semble avoir abandonné le principe de la composition et la clarté des tracés.
Les types d'immeubles sont très différents : barres, tours et immeubles épais à coursive centrale. Les barres constituées d'appartements traversants sont très peu épaisses. Conçus comme leurs modèles sur une trame de voiles de 5,30 m de pas, ils poursuivent le regroupement des pièces servantes - cuisine, salle de bain et toilettes, autour d'une petite loggia formant un séchoir. Les façades arrière (au nord) sont réalisées en béton alors que les élévations sud ont une faible épaisseur (0,12 m) réalisées en panneaux de terre cuite. Les barres les plus longues marquent des difficultés d'implantation dans les pentes du site, formant de puissants décrochés qui accentuent leur dimension monumentale. Les façades de ces grandes barres jouent sur des rythmes de percements qui se développent sur trois étages, renforçant le registre colossal d'échelle dans lequel s'inscrivent les bâtiments eux-mêmes.
À l'inverse, les tours de quelque vingt étages semblent assez élancées, sur une embase réduite en taille de guêpe grâce à un faisceau de poteaux sur deux étages. Les façades sont finement tramées et marquées par de grands pleins ; les pignons sont affinés par un retrait profond. Le tout est couronné d'un bandeau d'attique. On peut sans risque en attribuer le dessin à A. Devin, auteur de quelques belles tours marseillaises.
Le dernier type d'immeuble qui va constituer l'essentiel de la seconde tranche est relativement épais, constitué d'une coursive centrale qui distribue des logements en duplex montants et descendants de trois et cinq pièces. Cet agencement sur trois plans n'est pas sans évoquer la Cité Radieuse de Le Corbusier : il regroupe un grand nombre de logements, ce qui forme une densité à l'origine de problèmes d'entretien.
Frais Vallon sera une des cités stars nationales à qui l'on va appliquer toutes des procédures de réhabilitations urbaines et sociales (à commencer par Habitat et Vie Sociale en 1977) qui en feront une des cités les mieux desservies (métro), les mieux équipés de la ville (centre social, maison de quartier, centre Léo Lagrange, trois écoles maternelles, deux primaires et deux collèges et une piscine). Une quinzaine d'architectes travailleront aux réhabilitations successives et malgré l'implication du logeur, l'image de la cité, victime avant tout de discriminations, ne sera pas changée. Avec Frais Vallon c'est l'impossible dimension urbaine qui semble au cœur de la question : 1 463 logements à la même adresse, et un seul logeur !
Auteurs :
André Devin (1905-1983),
diplômé en 1928, dans l'atelier Bigot. Après-guerre, il participe à la reconstruction du Vieux-Port réalisant par la suite à Marseille des immeubles de logements et les grands hôpitaux de la ville. Il formera plusieurs générations d'architectes dans son agence. Il laisse à Marseille et dans le domaine du logement, une œuvre de première importance.
Ello Castel,
fils de Gaston Castel, œuvre avec l'agence de son père.
Jean-Marie Sourdeau,
fils de Jean-Louis Sourdeau, auteur de l'église Saint-Louis à Marseille, est né en 1922, il est diplômé en 1953 et travaille avec son père à Aubagne, La Ciotat, à Marseille pour Campagne Lagarde en 1966, il disparaît relativement jeune.
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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