10.1133 - La Pomme Expérimental
La Pomme à l'ouest du 11e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1133, p 28. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : La Pomme B ou Pomme Expérimental
avenue du Pontet, quartier de la Pomme 13011
Lambert 3 : latitude 3.3.11075 ; longitude 43.2835
Accès : bus 18 : Préfecture - Le Bosquet, bus 15 : Sainte-Marguerite Dromel - Les Escourtines
métro 2 : Bougainville - Sainte-Marguerite Dromel
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, Marseille 13004, 04 91 12 71 00
programme : Groupe d'habitations de 48 logements dans le cadre d'opération expérimentale.
Maître d'ouvrage : Office Public d'HLM départemental des Bouches-du-Rhône.
2 immeubles : barres en équerre, 5 cages.
dates, auteurs : Permis de Construire 1952, conformité 1954.
Louis Olmeta, architecte.
Entreprise Chauvet.
site : Site en contrepente au nord de la chaîne de Saint-Cyr, sous le parcours du canal de Marseille et voisin de la Cité HBM Michelis. Altitude entre 65,00 et 66,50 m. Zone d'habitation ordre discontinu, Secteur E du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : mmeuble isolé, aligné sur l'opération expérimentale voisine. Épannelage : R+4.
bâti : Ossature poteaux-poutres en béton armé. Planchers poutres métalliques et hourdis. Façades remplissages et contre-cloisons. Bon état général.
Cf. notices : 1418 - Le Canet
sources : AD : 2071 W 5 (20.161), 165 W 19, 27, 35, 12 O 318, 7 ETP 254-259
Contexte :
La réussite notoire de l'opération du Canet en 1951 amène le Conseil Général des Bouches-du-Rhône à réitérer l'expérience. Il demande alors une série de logements plus nombreux à la même maîtrise d'œuvre. Le caractère expérimental de ce nouveau projet est défini par sa non-assimilation des normes HLM. L'architecte, Louis Olmeta, et l'entreprise Chauvet, voient ainsi leur mission reconduite.
Le site choisi sera La Pomme, sur le terrain de la Cité Michelis de G. Castel, tandis qu'une opération expérimentale similaire sera réalisée simultanément à Salon-de-Provence.
La vallée de l'Huveaune, de tradition ouvrière, reste un domaine d'expérimentation en matière de logement social et de mise en œuvre de nouveaux modèles en quantité limitée. Après la cité HBM Michelis de 1934, l'opération expérimentale ici présentée, la première opération de type Million lancée par l'Office Départemental d'HLM verra le jour en 1955 sur le même site.
Description :
Implantés en continuité de la cité-jardin, les 48 logements sont limités à un immeuble linéaire qui se termine au sud par un élément en retour d'équerre relié au bâtiment-mère par des loggias.
La construction reprend le système poteaux-poutres en trois files déjà présent avec le projet du Canet. Les façades sont réalisées par un remplissage qui passe en partie devant les poteaux et doublé à l'intérieur par une contre cloison formant une isolation par un vide d'air. Les baies sont toutes formées par des cadres saillants préfabriqués et relativement épais. La toiture est plus traditionnelle, en tuile ronde.
La distribution des appartements reprend là aussi les principes du Canet. Une distribution non conventionnelle : la cuisine, équipée d'un évier et d'un coin repas, est commandée par le séjour. Celui-ci est séparé du palier par un petit sas d'entrée lui-même délimité par un placard. Chaque pièce en est d'ailleurs pourvue.
Les pièces humides qui donnent sur le dégagement d'accès aux chambres s'ouvrent sur une loggia qui leur amène éclairage et ventilation naturelles. La salle de bain, distincte des WC, et dont les murs sont revêtus de faïence, comporte un lavabo, une douche et un bidet. En vis-à-vis de la salle de bains (équipée d'un chauffe-eau), on trouve un calorifère rayonnant vers le séjour et les chambres. Ce dispositif de chauffage individuel longtemps utilisé dans ce pays réputé chaud, sera abandonné suite à l'hiver 1956.
Il convient évidemment de comprendre ces standards de confort en rapport avec ceux qui sont pratiqués dans les appartements "trois-fenêtres" marseillais, les plus courants à l'époque. De même, n'oublions pas les conditions économiques sévères sévissant au temps du projet.
À la différence du Canet où la tonalité architecturale jouait sur un certain modernisme constructif à la façon d'Auguste Perret, le bâtiment s'essaie ici à un double registre. D'une part le système de division entre soubassement, plein corps et couronnement s'allie à une grande répétition des travées verticales de fenêtres. Celles-ci sont définies par des rythmes réguliers plutôt classiques, à l'image des immeubles de la cité-jardin Michelis, sans présenter les décrochements pourtant pittoresques dans l'architecture populaire d'avant-guerre. D'autre part, n'ayant ni le plissé des façades, ni les modénatures de l'architecture de G. Castel, L. Olmeta amplifie le relief des cadres de baies pour leur donner une présence plus forte. De plus, il distribue de façon aléatoire balcons et loggias sur la façade.
Les balcons sont le prolongement des cadres de baie, dont la partie inférieure aurait été comme extrudée formant un U fermé par une serrurerie. Aux portes-fenêtres, s'ajoutent trois ou quatre balcons saillants qui ponctuent la façade.
Quant aux loggias, elles participent à une recomposition de l'ensemble de la façade comme de véritables motifs : une forme carrée englobe trois étages d'espaces extérieurs, un rectangle horizontal d'un seul niveau, comme une boite ouverte sur une face, joue avec les loggias liant avec la partie angulaire du plan masse.
Tout cela suffit à donner une réponse à la question qui taraude l'architecture française du troisième quart du XXe siècle : répétition et variété architecturale. Une remarque est néanmoins à formuler quant à la réinterprétation colorée de l'immeuble : elle fragmente intensémement la lecture du projet malgré l'emploi d'une tonalité qui se voudrait indûment joyeuse.
Auteur :
Louis Olmeta
est né en 1906 à Marseille, il collabore avec P. Tournon.
Il réalise en 1950 les opérations expérimentales du Canet et de la Pomme et participe activement au programme de Logements Économiques Provisoires Normalisés dit de l'Abbé Pierre à Saint-Théodore, Campagne Larousse, la Madrague-Ville et au Vallon des Tuves.
Il construit dans d'autres villes du département :
Salon, Carry-le-Rouet, en 1962 avec Robert Nougue,
et Istres en 1964.
En 1955, il termine l'Espéroun,
en 1957, il est associé sur la Pauline,
en 1959, il réalise les logements de Bois-Lemaître.
Parmi ses réalisations, on note son association avec G. Candilis sur la Viste, avec G. Gillet au Roy d'Espagne.
Fichiers associés :
- Carte du 11e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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