1.0820 - Prado Parc
le 8e arrondissement, bord de mer au sud de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0820, p15. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Prado Parc
411 avenue du Prado, quartier de Saint-Giniez 13008
Lambert 3 : lat.3. 04861 ; long. 43.2677
Accès : métro 1 : La Timone - La Rose , métro 2 : Bougainville - Sainte-Marguerite
bus n° 19 : métro Castellane - Montredon, bus n° 83 : métro rond-point - Joliette
propriétaire : Syndicat des Copropriétaires
programme : Groupe d'habitations de 245 appartements, ensemble de 6 immeubles.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1958. Achèvement des travaux de 1960 à 61.
Maîtres d'ouvrages : Perrin et Laville, constructeurs.
Jean Rozan, Faure-Ladreyt & Fernand Nemoz, Henri Poullaillon, architectes.
Entreprise, Perrin et Laville, constructeurs.
site : Sur le lit majeur de l'Huveaune, près du grand Saint-Giniez, le long de l'avenue du Prado dans sa partie vers la mer. Terrain en légère pente vers le nord-ouest, altitude entre 5,70 et 7,33 m, superficie de 3,6 ha. Secteur d'habitation D (Projet d'ensemble, faible emprise) sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Plan maintenant l'allée et un bosquet de l'ancien parc. Villas urbaines sur l'avenue, barre cintrée de grande ampleur et tour vers l'intérieur.
Épannelage entre R+2, R+7 et R+10.
bâti : Immeubles en ossature de béton armé, entrées très vitrées, parement de pierre de Brouzé. Très grands appartements. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 11 (37.512), 165 W 203
L'habitat collectif, n° Spécial de la Revue de la Chambre de Commerce, 1960
Contexte :
Le début des années soixante marque un tournant dans la généralisation des typologies urbaines et architecturales produites au cours de la décennie précédente, et destinées essentiellement aux logements de masse. Les ensembles comme l'Ile de France et, sur l'avenue du Prado, Prado Parc sont l'illustration de ce phénomène. Dès la fin des années vingt, la situation des beaux quartiers évolue avec la mobilité des grandes familles marseillaises sur le territoire de la ville. Ainsi, passent-elles des quartiers centraux, lieux actifs du pouvoir et des représentations, vers le sud, et plus notoirement vers les quartiers de Saint Giniez sur la partie méridionale de la rue Paradis et le long du second Prado. Ces nouveaux beaux quartiers naîtront de l'alliance de la cohésion familliale et de la concentration résidentielle.
En 1960, la revue de la Chambre de Commerce publie un numéro spécial sur les nouveaux ensembles de logements de Marseille, ville alors considérée comme un des plus grands chantiers de France. Lucien Cabaniol, qui dirige l'IRES - Insitut de recherches économiques et sociales - y déclare que le groupe d'habitation est devenu la solution la plus raisonnable ; il consacre la généralisation des modèles d'habitat moderne.
L'étude compare un certain nombre de groupes d'habitations depuis les logements de première nécessité jusqu'aux logements de luxe en passant par les HLM, les Logeco ou les opérations dites de confort, au regard des unités de voisinages qu'elles représentent.
Description :
Naturellement, Prado Parc s'implante sur le site d'une villa, la Villa Tergeste qui sera démolie à l'occasion, mais dont il demeure les grilles de clôture, le portail, l'allée d'arbres ainsi que le rond-point de l'entrée principale. Trois éléments dominent le plan de masse, une ample barre cintrée de 135 m d'ouverture ; une tour et une barre, l'ensemble culminant entre 7 et 10 étages. En bordure de l'avenue du Prado, derrière la clôture, deux villas urbaines de deux étages reprennent l'alignement de l'avenue et cadrent le portail d'entrée.
Si la structure des immeubles est en béton, le confort acoustique est particulièrement soigné avec une dalle flottante qui est aussi un plancher chauffant. Les appartements sont bien sûr largement dimensionnés, on y trouve des living-rooms, des petits salons, des deshabilloirs et chaque cuisine possède un office, avec parfois un accès indépendant. Le programme d'origine prévoit une cinquantaine de chambres de bonne : les attributs de l'appartement bourgeois sont ici présents.
La barre cintrée, qui compte quelques penthouses sur le toit, est relativement épaisse, elle oppose une façade sud toute en balcon, à une façade nord organisée par les bandeaux d'allège et des trumeaux réguliers plaqués de pierre pelliculaire de Brouzé.
La tour de la même hauteur que la barre cintrée est un bon exemple de distribution acclimatée au midi. Avec quatre appartements par étage, elle oriente les séjours de façon à ce qu'aucun d'entre eux ne donne au nord. Les balcons sont au sud, à l'est ou à l'ouest. Ce type de distribution fera école auprès des architectes marseillais qui, pour la plupart, éviteront les implantations et les distributions nord ou nord-ouest trop défavorables en raison du mistral.
Au rez-de-chaussée, les halls d'entrées sont généreusement aménagés, jouant de la séparation des espaces de présentation avec les pièces de services par des claires-voies de béton opposées aux grandes parois vitrées sans menuiserie.
Enfin les sols en continuité des appartements de rez-de-chaussée sont privatisés ce qui a rendu possible parfois l'implantation de piscines.
Auteur :
Jean Rozan (1887- 1977)
Ce marseillais choisit à 21 ans des études d'architecture aux Beaux-Arts de Paris dans l'atelier Pontremoli.
La guerre interrompt ses études, il achève son diplôme en 1919. Installé à Marseille en 1920, il réalise les bureaux de la Compagnie Paquet, ceux de la Compagnie de Navigation Mixte et la caserne de gendarmerie du Cap Janet.
En 1936, avec la nationalisation de l'aéronautique, il construit les Usines Vertes de la S.N.C.A.S.E autour de l'Étang de Berre, avec la participation de Jean Prouvé.
Il réalisera aussi le relais de TSF du Réaltor, la Soufflerie du laboratoire de Mécanique des Fluides ainsi que l'Institut de Biochimie de Saint-Charles.
Lauréat, avec Castel, Allard, et Gensollen du concours pour le pavillon de la Provence (Exposition Internationale de 1937), il devient architecte de la Chambre de Commerce puis, en 1948, architecte du Comité Interprofessionnel de Logement des Bouches-du-Rhône.
Après la guerre, il refait le socle de Notre-Dame de La Garde, partiellement détruit pendant les combats.
À partir des années cinquante, il réalise d'importants programmes de logements à caractère social, voire très social, parmi lesquels :
La Blancarde, 80 logements pour le CIL, 1952,
La Marine Blanche, 120 logements avec B. Martin Chave, 1953,
Lou Trioulet, 257 logements pour l'OPHLM départemental avec P. Faure Ladreyt, 1954,
La Paquerette, 1956, la Résidence les Rosiers, 727 logements pour le CIL, 1957,
Mazargues, 300 logements pour l'OPHLM départemental avec P. Faure Ladreyt, 1957,
Les Tilleuls, 391 logements pour l'OPHLM départemental, 1958,
Les Olives, 431 logements pour l'OPHLM départemental, 1960.
Comme chef de groupe du Secteur Industrialisé :
La Marine Bleue, 788 logements, 1958,
Campagne Lévêque, 806 logements, 1959,
Les Aygalades, 598 logements pour l'OPHLM départemental, 1965.
Fichiers associés :
- Carte du 8e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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