17.0603 - Le Méditerranée
quartier de Lodi, 6e arrondissement centre de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0603, p 9. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2006.
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Le Méditerranée
60-102 avenue de Toulon, quartier de Lodi 13006
Lambert 3 : latitude 3.05245 ; longitude 43.2842
Accès : métro n° 2 Saint-Charles - Castellane
À pied par l'avenue Cantini
propriétaire : Syndicat des copropriétaires du Méditerranée
Syndic Uffi Urbania, 9 rue Sainte-Victoire, 13006 Marseille, 04 91 13 36 00
programme : Ensemble mixte bureaux, commerces, logements.
Maître d'ouvrage : Société d'Études et de Gestion Immobilière.
Programme de 547 logements. Ensemble de 7 immeubles (A à G).
Locaux commerciaux : 24 dont une station service.
Stationnement : 1182 places construites à l'origine. Équipement : crèche privée.
dates, auteurs : Avant-projet : 1962. PC : 1964, 66, 69, 70.
Réalisation par tranches, la tour est livrée en 1973.
Auteur : Atelier 9 ; J. Agopian, P. Croux, G. Daher, F. Guy, R. Inglésakis, G. Lefèvre, G. Magnani, E. Sarxian, architectes DPLG,
Entreprise générale : Société Auxiliaire d'Entreprise.
site : Proximité de Castellane ; bordure des avenues de Toulon et Cantini, accès à l'autoroute est. Ancien terrain des Forges et chantiers de la Méditerranée, déplacés vers Le Canet. Parcelle 4,7ha à l'origine. Altitude : 21,20 à 32,83 m. Secteur Habitation B du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Constitution d'un îlot urbain, s'ouvrant, à l'origine du projet, au Sud sur la tour. Traversée d'un espace à caractère public, le square Cantini. Le cœur d'îlot est divisé en divers espaces traités en dalle plantée, terrasse ou place à arcades.
bâti : Immeuble d'habitations en bande, avec appartements traversants. Hauteur de R+4 et R+7 pour les immeubles de second rang, de R+12 pour la périmétrie. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 26 (72.724), 165 W 641, 113 J 46, 102, 122
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M. H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Revue Prado n° 9
Revue Technique & Architecture n° 6, 1968
Contexte :
Les projets d'urbanisme d'avant-guerre et le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949 envisageaient la sortie est de Marseille comme un élément essentiel du développement urbain. Le plan Greber prévoyait alors pour ce secteur un tracé de parkway sur la vallée de L'Huveaune.
C'est dire l'importance stratégique du site, à proximité de la Gare de l'Est entre le Rouet et Menpenti, occupés jusqu'au milieu des années soixante par un tissu industriel varié : huileries, brasseries, métallurgie.
Le nom même de l'opération vient de la présence sur ce terrain des Forges et Chantiers de la Méditerranée qui ont été transférés vers les zones industrielles du Canet. Ce mouvement se poursuit aujourd'hui encore avec le quartier du Rouet : la transformation de la Gare de l'Est en jardin public et le lotissement Panofrance.
Le projet est initié dès 1962 par autorisation préalable, et s'articule autour de l'idée d'une tour signal "la plus haute d'Europe" qui devait surpasser la tour Pirelli de Gio Ponti à Milan haute de 33 étages.
Malgré des changements notables (programmes, maîtres d'ouvrages), le principe de mixité habitats, bureaux, commerces est conservé. En fait, à partir de 1966, les logements sont les premiers construits (en plusieurs tranches) puis sont suivis par la tour terminée en 1972.
La permanence des architectes est à l'origine du groupement Atelier 9, rassemblé autour de la personnalité de Georges Lefèvre. Après 1963, les architectes français sortent de la pure libéralité et s'associent à la fois entre eux et avec d'autres professions. Ces associations font de l'Atelier 9 un actif lieu de rénovation du métier d'architecte.
Description :
Avec la création de la nouvelle voie, l'avenue de Corinthe, le projet découpe un îlot complet. Le plan de l'îlot est ouvert vers le sud où est placée la tour. La déclivité du terrain entre avenue de Toulon et avenue Cantini, de l'ordre de 12,00m, permet de recréer un étagement en amphithéâtre autour du signal urbain.
Plus bas, un parvis est comme creusé dans l'îlot et prolonge les commerces de pied d'immeuble. Une suite de terrasses intermédiaires bordées de petites activités permet de traverser le cœur de cet îlot à caractère plutôt résidentiel. Sur l'avenue de Toulon, bordée de commerces, une station-service s'est installée sur une rupture de la continuité des immeubles à l'alignement.
Le bâti distribue trois espaces intérieurs étagés dans la déclivité nord-sud : grande dalle-jardin, terrasses avec jardinières, parvis sur l'avenue Cantini. Sous les terrasses, plusieurs niveaux de parc de stationnement totalisent plus de 1000 places, ce qui est considérable pour la période.
Les immeubles de premier rang forment le contour de l'îlot, et règnent à R+12 en bordure des voies urbaines. Deux immeubles R+4 à R+7 subdivisent les espaces intérieurs. Leur connexion avec le bâti périmétrique se fait par des articulations particulières, en L ou en T, de cages de circulation d'angle.
Les logements sont bâtis sur une structure de refends porteurs en béton de 2,85m et 4,10m de portée qui autorise l'organisation d'appartements pour la plupart traversants.
Parmi les équipements, on compte une garderie sur la dalle-jardin, des bureaux en cœur d'îlots, et des commerces de pied d'immeuble sur les faces externes des immeubles.
Le contraste entre l'extérieur et l'intérieur de l'îlot est souligné par des parois sur rues. Celles-ci, peu ouvertes, jouent avec le revêtement de grès beige en petits carreaux de finition éclatée et avec des baies horizontales continues, des menuiseries en bois et des volets roulants ocre jaune.
L'intérieur, en revanche, offre un sentiment d'ouverture grâce aux allèges de balcons transparents redivisées par des montants verticaux.
La coloration très vive (orangé, jaune, vert et bleu) est obtenue par une fine distribution des teintes de stores selon le niveau ou l'exposition. Enfin, on notera que l'ensemble n'a fait l'objet d'aucune résidentialisation ; le principe de l'îlot ouvert y est toujours actif sous la forme du square Cantini.
De plus, cet ensemble de 547 logements marque un stade dans l'accès des classes moyennes marseillaises au grand ensemble urbain : loin des résidences en grandes propriétés du sud de la ville, il marque l'évolution vers un style de vie moderne.
Auteurs :
Atelier 9
Fondé en 1965 autour de Georges Lefèvre, l'Atelier Neuf est un des premiers groupes pluridisciplinaires constitués à Marseille à cette période.
Aux premiers associés G. Daher (Prix de Rome), A. Guien et R. Inglésakis, P. Croux et G. Magnani viennent se joindre J. Agopian, E. Sarxian puis G. Géri. En 1969, F. Guy remplace G. Lefèvre qui se tourne quant à lui vers des activités de paysagiste.
La première équipe est fondée autour de l'opération de logements du Méditerranée dont R. Inglésakis semble avoir été la cheville ouvrière.
On retrouve l'Atelier 9 pour les projets :
Les Cigalons, 1963,
La Bastide et Les Petites Magalones, 1967,
La Résidence Flotte, 1972.
L'Atelier reste actif dans la période d'après 1975 avec le groupe URBAME, créé par G. Daher, dans le domaine de l'urbanisme et des premières réhabilitations des logements sociaux notamment.
Aujourd'hui, l'Atelier 9 est constitué par G. Daher, F. Guy et F. Betoulaud.
Fichiers associés :
- Carte du 6e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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