La Direction régionale des affaires culturelles de Normandie a soutenu la restauration du chef d’œuvre : Edith retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings d’Horace Vernet (musée Thomas Henry, Cherbourg).

 

Afin de soutenir l'enrichissement et l’intégrité matérielle des collections dans les 87 musées de France en Normandie, l’Etat / DRAC de Normandie s’associe au conseil régional grâce au Fonds régional d’acquisition des musées (FRAM) et au Fonds régional de restauration pour les collections (FRAR).

Ce soutien paritaire permet chaque année aux établissements bénéficiant de l’appellation Musée de France d’acquérir des œuvres majeures pour le patrimoine national et de les maintenir en bon état de conservation. Une fois inscrits à l’inventaire réglementaire, ces trésors nationaux sont gérés par des personnels qualifiés (conservateurs, régisseurs, restaurateurs, documentalistes, médiateurs etc).

C’est dans ce cadre que la DRAC a soutenu le musée de Cherbourg dans la restauration de ce chef d’œuvre d’Horace Vernet, Edith retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings.


Malgré la fermeture du musée Thomas Henry, l’une des œuvres majeures du musée a pu être restaurée sur place en 3 mois par La Fabrique de Patrimoines en Normandie.
Edith retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings, tableau aux dimensions imposantes peint par Horace Vernet pour le salon de peinture de Paris de 1827, a donc retrouvé son emplacement.
 

L’étude réalisée au préalable a montré que le châssis était voilé et vermoulu, la toile avait subi des déchirures par le passé et la couche picturale avait fait l’objet de nombreuses retouches visibles et de revernissages successifs altérant les couleurs originales du tableau.

Le travail qui a commencé début novembre a été mené en plusieurs étapes. Le cadre a été restauré à Rouen par l’atelier Giordani et la lithographie enchâssée dans ce cadre par Agnès Gaudu, restauratrice arts graphiques. La restauration de la toile et de la couche picturale a été réalisée au cœur du musée. L’opération aurait dû être effectuée sous les yeux du public. Le contexte n’a toutefois pas empêché de mener à bien ce projet de restauration.
6 restauratrices se sont relayées pendant 3mois, elles ont commencé par un décrassage minutieux à l’eau, puis le dévernissage. Les parties déchirées ont étés traitées et des renforts ont étés posés.
La toile a été entièrement revernie, dotée d’un nouveau châssis et le cadre restauré.

 

Le tableau d’Horace Vernet pourra être admiré dans la salle consacrée à la peinture de Salon du XIX e siècle au musée Thomas Henry, dès la réouverture du musée. Des panneaux d’information retraçant cette restauration seront apposés près de l’œuvre pour faire revivre au public les différentes étapes et le rendu avant/après. Les étapes de la restauration ont aussi été relayées sur la page Facebook du musée Thomas Henry.

 

EN SAVOIR PLUS

Une œuvre inspirée d'un épisode de la bataille d'Hastings

Le tableau du musée Thomas Henry Edith retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings peint par Horace Vernet en 1828 s’inspire d’un épisode de la bataille d’Hastings, tel que raconté par l’historien romantique Augustin Thierry dans L’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands (1825). Au lendemain de la bataille d’Hastings (1066), qui a vu triompher les armées de Guillaume le Conquérant, des moines de l’abbaye de Waltham se mettent en quête de la dépouille du roi saxon Harold, tué d’une flèche dans l’œil, pour lui donner une sépulture décente. Après de vaines recherches, ils requièrent l’aide de la maîtresse d’Harold, Édith, surnommée « la belle au cou de cygne ». Vernet représente l’instant, intensément dramatique, où Edith reconnaît le corps de son amant mort.

L’histoire de l'œuvre : du salon de Paris au musée Thomas Henry

exposée à Paris, au Salon de 1827 (qui s’est terminé en 1828), cette peinture monumentale surprend le jury et la critique d’art par sa rapidité d’exécution. Alexandre Dumas se dit quant à lui « singulièrement séduit ». À l’issue du Salon, l’œuvre est acquise pour la somme importante de 15 000 francs par un riche fabricant lyonnais de textiles. Du fait de difficultés économiques, son propriétaire doit par la suite s’en séparer. En 1844, un marchand de tableaux dont la boutique est située boulevard des Italiens, dans un quartier parisien à la mode à l’époque romantique, achète le tableau. En 1870, cette peinture entre dans la collection de Jean Polydore Le Marois, maire du Vicel et futur député de la Manche, issu d’une grande famille d’hommes politiques et de militaires très implantés dans le Cotentin. La famille possède notamment le château de Pépinvast.

Le comte Jean Polydore Le Marois fait installer l’œuvre dans l’hôtel particulier somptueux du VIII e arrondissement de Paris que son père avait fait construire par Henri Parent en 1863. Sa fille, comtesse de Ganay par mariage, hérite du tableau et de l’hôtel particulier. Souhaitant vendre sa demeure, elle décide en 1926 de proposer le tableau, dont les dimensions monumentales ne permettent pas un transport facile, à la Ville de Cherbourg. Cette dernière accepte avec reconnaissance mais le musée Thomas Henry, alors installé à l’hôtel de ville manque de place pour accueillir l’œuvre. Celle-ci est donc expédiée par train et accrochée, sans son cadre qui a dû être retiré pour permettre le passage du tableau, à la Bibliothèque de la Société des Sciences de Cherbourg !

Focus sur Horace Vernet, le peintre des batailles

Petit-fils du peintre de marine Joseph Vernet et fils du peintre de chevaux Carle Vernet, c’est tout naturellement qu’Horace Vernet (Paris, 1789-1863) embrasse une carrière artistique sous le Premier Empire. Il se fait connaître comme peintre de batailles. Il obtient de nombreuses commandes officielles sous la Restauration et la Monarchie de Juillet. Il réalise notamment une suite de grandes peintures de batailles pour le musée historique de Versailles du roi Louis-Philippe. Son style, un peu raide et théâtral, lui vaut les foudres de certains critiques d’art, à l’instar de Charles Baudelaire, qui le qualifie de « militaire qui fait de la peinture », ou de Théophile Silvestre, qui le surnomme le « Raphaël des cantines ».

Horace Vernet est perméable aux idéaux artistiques de son temps et partage avec les peintres de la génération romantique un intérêt pour de nouvelles périodes historiques, comme le Moyen-âge.