Trois phases de travaux
Les journalistes ont découvert, en présence de Denis Robin, préfet du Pas-de-Calais, Marie-Christiane de La Conté, directrice régionale des affaires culturelles du Nord-Pas-de-Calais et Etienne Poncelet, architecte en chef des monuments historiques, la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d'Arras, actuellement en restauration. Cette cathédrale est classée monument historique par arrêté du 30 octobre 1906 et propriété de l'État.
D'un montant de 5 millions d'euros financé à 100% par l'État, l'opération,consiste à terminer la restauration des couvertures en ardoises naturelles en restituant les lucarnes et les chéneaux en plomb de manière traditionnelle.
Les parties hautes des maçonnerie, frontons, arc-boutants et culées correspondantes seront restaurées selon 3 tranches. Une première tranche concerne trois travées du bas-côté Nord et quatre travées du bas-côté Sud de la nef. Une deuxième tranche regroupe les frontons des deux façades du transept, deux travées du bas-côté Sud de la nef ainsi que deux travées du collatéral Ouest du transept. Enfin, une troisième tranche rassemble le chœur et ses chapelles basses, dont le campanile.
A terme, cette nouvelle restauration aura nécessité un mois de préparation et huit mois de travaux par tranche, soit 27 mois au total. Le démontage de l'échaffaudage est programmé pour fin février 2015.
Un édifice classé Monument Historique au passé tumultueux
Reconstruite sous Louis XV par les architectes du roi Labbé et Contant d'Ivry, l'abbatiale Saint-Vaast devient cathédrale en 1805. Les architectes Verly et Letombe terminent l'église qui est consacrée en 1833 sous l'invocation de l'assomption de la Vierge et de saint Vaast. Incendiée en 1916, l'église est restaurée et partiellement reconstruite de 1919 à 1934. Après de nouveaux dommages de guerre, elle est progressivement restaurée par le service des monuments historiques.
Depuis 17 ans, la cathédrale connaît des travaux de restauration presque tous les ans. En 1997, des travaux urgents ont été effectués sur dix baies. De 1998 à 2003, ce sont les vitraux de la nef, du transept, du chœur, de la chapelle axiale et de la sacristie qui ont fait l'objet de restaurations. En 2006 ont été rénovés les toitures des trois premières travées des bas-côtés Nord, les arases du pignon du transept Nord et trois arcs-boutants. Puis en 2007 ont été prises en charge les couvertures des chapelles basses du chœur; en 2009 l'emmarchement occidental et les parties hautes de la façade occidentale jusqu'à la corniche; et enfin en 2010 le chevet, avec les maçonneries et la couverture du dôme.
Le statut juridique des cathédrales en France
En 1801, Napoléon instaure le régime concordataire afin de réconcilier les Français. L'État est alors propriétaire des cathédrales non détruites pendant la Révolution, tandis que les autres églises sont dévolues aux communes. Ces églises sont gérées par un établissement public du culte qui garantit une propriété légale des biens meubles et immeubles nécessaires à son exercice. La loi du 9 décembre 1905 met fin à ce régime en assurant la séparation de l'Église et de l'État. Dans le même temps, cette loi supprime les établissements publics du culte et le ministère du même nom. Les cathédrales sont alors transférées au ministère en charge des monuments historiques par la loi du 17 avril 1906 et le décret du 4 juillet 1912.
Les cathédrales sont aujourd'hui placées sous la surveillance des architectes des bâtiments de France qui en sont les conservateurs, et qui sont responsables de leur sécurité. La loi protège la destination des cathédrales qui sont laissées librement et gratuitement à la disposition des affectataires pour les besoins de leurs pratiques religieuses. C'est ainsi que le clergé peut toujours s'opposer à un usage non cultuel de l'édifice. Le clergé n’a pas de responsabilité dans le domaine de la conservation, mais toute intervention de sa part susceptible d’affecter les monuments nécessite l’autorisation préalable de l’administration. C’est lui qui, par sa présence sur les lieux, alerte le plus souvent l’architecte des bâtiments de France dès qu’il constate un problème de conservation.
Associations cultuelles et État : la répartition des charges
La loi de 1905 prévoyait que les associations cultuelles devaient prendre en charge l’entretien des édifices du culte mais, celles-ci n’ayant pas été constituées pour ce qui concerne la religion catholique, une loi de 1908 a prévu que la collectivité publique propriétaire pouvait financer les dépenses d’entretien et de conservation et devait même le faire dans le cas des cathédrales, étant entendu que la République laïque ne finançe aucun culte, les dépenses engagées ont pour seule finalité la conservation de la cathédrale et non pas son usage. Concrètement, la répartition des charges se fait selon une base voisine de celle en usage dans les relations entre propriétaires et locataires. C’est ainsi que l'État prend en charge tout ce qui correspond notamment aux structures tandis que le clergé doit financer ce qui correspond aux installations secondaires. A quelques exceptions près toutefois: les lustres présents dans la cathédrale depuis 1905 restent propriété de l'État.
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