Suite aux avis favorables à la protection donnée par les Commissions régionales du patrimoine et de l’architecture (CRPA) réunies les 19 décembre 2019, 18 février et 24 juin 2021 ont respectivement été inscrits au titre des monuments historiques la maison semi-provisoire de Vassogne dans l’Aisne, l’ancien collège Jean-Fernel de Clermont, un hôtel particulier de Senlis, l’ancienne église anglicane Saint-André de Compiègne et le domaine, parc et château du Fayel, dans l’Oise.
Département de l’Aisne
La maison semi-provisoire de Vassogne, située 2 route de Beaurieux
Édifiée en 1919 pour loger temporairement la famille Hautemont, dans l’attente de la reconstruction de leur maison détruite par les bombardements de la Première Guerre mondiale, la maison semi-provisoire de type Puchot est une construction très modeste en matériaux de remplois des décombres du village : pierre, brique, bois et tommettes. N’étant pas démontable comme la majorité de l’habitat provisoire en bois, elle est ensuite transformée en annexe pour abriter des animaux et entreposer du matériel, conservant une partie de son mobilier provisoire d’origine (armoire, cuisinière, table, vaisselle, outils etc.). Cette maison est ainsi un rare témoin de la vie provisoire qui a marqué plusieurs générations de populations des régions dévastées par la guerre. Elle marque un jalon dans le processus de reconnaissance et de patrimonialisation de cet aspect de la Première Reconstruction.
Inscription au titre des monuments historiques en totalité par arrêté du 21 février 2020
Département de l’Oise
L’ancien collège Jean Fernel de Clermont, situé rue Eugène Fortin
Pour faire face à la grande vétusté du collège, installé depuis la Révolution dans l’ancien couvent des Ursulines, le maire de Clermont Roger Bouchard décide en 1935 de la construction d’un nouvel établissement dont la conception est confiée à l’architecte Lucien Daboval. Celui-ci réhabilite le château de la Belle-Assise de l’usine Gervais et ses communs et y intègre deux ailes modernes au sein d’un vaste parc arboré. Le programme ambitieux prévoit l’accueil d’une classe de maternelle, de dix classes d’enseignement secondaire, et d’un internat pour 160 pensionnaires. Les plans, élévations et distributions intérieures des ailes modernes sont caractéristique des expérimentations de l’architecture scolaire de l’entre-deux-guerres, à la fois hygiénistes et rationalistes. Sa remarquable rotonde de style « paquebot » devient en outre un signal dans le quartier de la Belle-Assise des années 1930.
Inscription au titre des monuments historiques, façades et toitures pour les deux ailes conçues par Lucien Daboval, et en totalité pour le hall d’entrée avec les deux escaliers monumentaux dans l’aile sud par arrêté du 8 juin 2021.
Ancienne église anglicane Saint-André de Compiègne, située avenue Thiers
La St Andrew’s church est édifiée en 1868 dans le prestigieux quartier des Avenues, à l’initiative de Maria Jane Bowes-Lyon, une riche écossaise séjournant occasionnellement à Compiègne. Elle souhaite offrir un lieu de culte à la communauté anglaise établie à Compiègne, attirée par les «Séries» de Napoléon III et Eugénie et par les courses hippiques. Sur les plans de l’architecte écossais Robert Thornton Shiells est bâti un édifice singulier dans le corpus des églises néo-gothiques du Nord de la France par son parti pris architectural anglais, caractéristique du gothic revival. Celui-ci est toutefois rehaussé d’un décor néo-gothique réalisé par George et Guérin, des artistes français travaillant sur le chantier de restauration du château de Pierrefonds, qui s’approprient des motifs britanniques dans une facture tantôt très naturaliste, tantôt plus stylisée, mêlant les inspirations médiévales archéologiques, pittoresques et plus créatives. La profonde homogénéité entre structure, décor et mobilier, dans un idéal d’art total, fondent la qualité de cette architecture. L’église est aussi un lieu de mémoire de l’amitié franco-britannique née sous les augures d’une cour impériale très anglophile dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle recueille les prières des soldats et officiers anglais lors de la Première Guerre mondiale et devient, dans les années de Reconstruction, un mémoriel de l’alliance des deux pays.
Inscription au titre des monuments historiques de l’ancienne église anglicane en totalité, ainsi que du mur bahut et de la grille fermant la parcelle par arrêté du 17 septembre 2021.
L’hôtel particulier à Senlis situé au 16 rue Bellon
Construit vers 1705, l’hôtel de la rue Bellon est l’unique exemple à Senlis d’un hôtel particulier entre cour et jardin, dont les façades classiques se caractérisent par la symétrie de la structure, la rigueur des lignes et la discrétion des éléments de décor propre à la « manière simple » qui prédomine à la fin de règne de Louis XIV. Suite au percement d’une nouvelle voie royale en 1753, projet d’urbanisme d’une grande modernité, qui borde désormais le flanc ouest de l’hôtel, l’acquisition de parcelles voisines permet d’accroitre le jardin et de l’aménager en un vaste parc arboré en cœur de ville. Epargné par les importants incendies de 1914, l’hôtel devient la résidence du Maréchal Foch, d’où il part, avec le Général Weygand, imposer l’armistice le 11 novembre 1918. Cet évènement lui confère pour finir une dimension mémorielle majeure pour l’histoire de la ville de Senlis au XXe siècle.
Inscription au titre des monuments historiques de l’hôtel particulier, façades et toitures, et des deux escaliers intérieurs de l’hôtel, ainsi que de la cour avec sa clôture de mur et son portail monumental, et de l’emprise foncière du parc comprenant la portion de jardin actuel avec ses murs de clôture par l’arrêté du 20 juillet 2021.
Le domaine, parc et château, du Fayel
Le domaine tel qu’on le connaît aujourd’hui est fondé par Philippe II de La Mothe-Houdancourt, Maréchal de France, vice-roi de Catalogne et duc de Cardone. Celui-ci fait appel, au milieu du XVIIe siècle, à Jacques Bruant pour édifier un nouveau château et à André Le Notre pour concevoir un parc à vocation d’agrément mais aussi agricole et économique. La très riche documentation conservée dans les fonds privés du château permet d’attester qu’il s’agit d’une réalisation précoce d’André Le Notre, qui constitue de ce fait un nouveau jalon dans la carrière du jardinier en particulier, mais aussi dans l’histoire des jardins plus généralement. Les générations qui se succèdent à la tête du domaine poursuivent pendant près de deux cent ans le dessein d’André Le Nôtre, entretenant les alignements d’arbres, perçant de nouvelles allées, enrichissant les parterres aux abords du château. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que le parc de Le Nôtre est transformé en parc paysager irrégulier par Alice-Marie de Walsh-Serrant et son époux, Aimé Maurice Artus Timoléon, comte de Cossé Brissac. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les propriétaires du domaine s’engagent dans la restauration du parc d’André Le Nôtre, tout en préservant pour partie les modifications effectuées au XIXe siècle, mais également dans celle du château et de ses importantes collections de mobiliers, d’objets d’art et de peintures. Préserver le domaine du Fayel, c’est aussi préserver le grand paysage qui l’entoure. Les deux entités entretiennent un dialogue étroit, par les allées monumentales qui sont orientées selon la topographie des lieux et qui relient des éléments structurants, par les perspectives et points de vue créés dans le petit parc ou encore par le maintien d’essences végétales d’une grande diversité.
Inscription au titre des monuments historiques du château pour les parties suivantes : les cuisines et arrière-cuisines au sous-sol, le vestibule et son escalier d’honneur ainsi que les six pièces d’apparat au rez-de-chaussée (salon Trévise, salon de la Mothe Houdancourt, salon Héricy, chambre du Maréchal Mortier, Boudoir de la Compagnie des Indes et chambre Vaudreuil), les trois pièces d’apparat du premier étage (salon, salle de billard, chambre) et la bibliothèque au deuxième étage autour du lanternon qui surmonte le vestibule ; du petit parc en forme de cœur avec ses murs de clôture et sa grille d’entrée, la chapelle, la fabrique fontaine et la croix de Saint-André ainsi que les deux allées nord-sud et est-ouest qui le traversent ; du bois de Gansoive et de l’emprise au sol des anciens parcs à pommes et à blé ainsi que de l’emplacement des anciennes allées qui relient le grand parc au petit parc ; du lieu-dit de la fontaine blanche - source et fontaine, de l’emprise au sol du système hydraulique et de la mare, par l’arrêté du 2 décembre 2021.
La procédure de protection
La demande de protection au titre des Monuments Historiques d'un monument est formulée par toute personne y ayant intérêt (propriétaire, association, …). La protection des immeubles, motivée par un intérêt d’art et/ou d’histoire, intervient après avis consultatif de la CRPA et prend effet après signature des arrêtés par le préfet de région. Les immeubles inscrits au titre des monuments historiques font l'objet de dispositions particulières pour leur conservation afin que toutes les interventions d'entretien, de réparation, de restauration ou de modification puissent être effectuées en maintenant l'intérêt qui a justifié leur protection. Les monuments protégés bénéficient d'un suivi par la Conservation régionale des Monuments historiques (DRAC).
Partager la page