Dans le cadre de la réfection de la flèche de la cathédrale de Rouen, la DRAC de Normandie vous propose de suivre l'avancée des travaux.

 

Cathédrale Notre Dame de Rouen en vue aérienne par drone

Avec l’aimable autorisation de la société drone-malin

Présentation de la flèche :

Le 15 septembre 1822, à 5 heures du matin, la flèche de la cathédrale construite par Martin Desperrois et Robert Becquet entre 1540 à 1544 sur la tour-lanterne (suite au premier incendie de la flèche médiévale en 1514), disparait à nouveau dans un incendie consécutif à la foudre. Les progrès techniques de la sidérurgie normande amènent l’architecte Jean-Antoine Alavoine à proposer la reconstruction d’une flèche de style néo-gothique entièrement réalisée en fonte et s’élevant à 151 mètres du sol. L’édification de cette nouvelle flèche démarre en 1825, les travaux s’interrompent en 1834 à la mort d’Alavoine et sont ensuite poursuivis par intermittence jusqu’en 1844. L’ouvrage n’est achevé avec sa lanterne qu’en 1876 par la pose de sa croix et de son coq sommital. La flèche de la cathédrale de Rouen devient alors la plus haute d’Europe. Entre 1881 et 1884, celle-ci est complétée par l’édification des quatre clochetons en métal et en cuivre construits par le ferronnier Rouennais Ferdinand Marrou. Les constructeurs de l’époque ne pouvaient malheureusement pas préjuger du comportement dans le temps de la fonte - nouveau matériau prometteur en 1825 - qui se révèle dans le temps cassant et insuffisamment souple pour répondre aux sollicitations des intempéries. Dès 1939, d’importants désordres sont observés sur la flèche en fonte, mais les bombardements de 1944 viennent donner d’autres priorités aux projets de sauvegarde de la cathédrale. En 1974, après des études statiques poussées, des travaux de consolidation de la structure de la flèche sont engagés avec un doublement interne de la flèche en fonte par une nouvelle structure en acier autopatinable E36, dit « Corten ». Le programme mis en œuvre n’est cependant pas conduit à son terme ; le projet de couverture et d’étanchéité du tabouret reste différé et les structures en fonte sont laissées nues sans protection de surface. Le Corten, matériau nouveau pour l’époque, considéré comme assurant son oxydation naturelle, ne sera ni peint ni traité.

La restauration de la flèche :

Aujourd’hui, 40 ans plus tard, la flèche, structurellement stabilisée, présente cependant un état de conservation très préoccupant, avec le décrochement récurrent et la chute d’éléments en fonte la composant. Devant cet état sanitaire qui s’aggrave, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie (DRAC) a engagée dès 2009, une étude préalable à la restauration définitive de la flèche qui a mis en évidence les causes des dégradations et leurs origines précises. 


A la suite de la restauration des clochetons achevée en Novembre 2013, la DRAC a donc décidé d’engager la restauration définitive de la grande flèche d’Alavoine. Ce programme prévoit :

- la restauration des éléments de structures et de décors en fonte, avec le remplacement à neuf des éléments cassés, le remplacement de tous les boulons de fixation en fonte et la réparation des éléments en fonte partiellement dégradés ;

- la restauration de la structure en acier Corten (y compris son tabouret), avec la suppression de toutes les retenues d’eau, le renforcement voire le doublage de pièces au droit des pertes de matières significatives ; les reprises ou remplacements ponctuels d’ouvrages excessivement dégradés et la vérification de tous les boulonnages en acier Corten et le traitement des pénétrations des pieds de la flèche dans la tour lanterne ;

- la réfection des liaisons d’assemblage entre les deux ouvrages, avec la vérification, la purge et le nettoyage de tous les assemblages en place, la restauration de tous les assemblages défectueux ; la restauration des colliers de fixations de la fonte sur la structure ;

- les traitements de protection de la flèche par application d’une peinture appropriée : la protection par mise en peinture de l’ensemble de la flèche et son entretien régulier constituent une préconisation majeure. En effet, tous les grands ouvrages d’Art métalliques font l‘objet d’une protection entretenue de cette nature (Tour Eiffel, ponts...). Une restauration qui n'intégrerait pas cette donnée serait vaine. Par ailleurs, les vestiges de la dernière peinture appliquée en 1914, présentent un taux de plomb nécessitant une phase de déplombage avec mise en œuvre de tous les process de protections des personnels et traitement règlementaire des déchets. Ce déplombage impose un décapage de la fonte et un nettoyage du Corten qui doivent faire l’objet d’essais en place pour validation préalable par les organismes de contrôle de l’Etat. L’ensemble des traitements de protections et système de peinture, comprend : la mise en place des protections étanches, (confinements, sas de décontamination, équipements règlementaires, matériels, etc.) ; le traitement de déplombage général avec décapage de peintures et décalaminage des éléments en fonte ; les traitements surfaciques de la fonte (masticage, bouchage, etc.), et enfin la mise en peinture de l’ensemble des éléments en fonte et de la structure en Corten.

- les travaux d’accompagnement : couverture du tabouret, éclairage…, avec la mise en œuvre des éléments techniques nécessaires à l’entretien ultérieur et à l’accessibilité à l’ouvrage (planchers d’accès, anneaux d’accroche, etc.), la restauration de l’épi sommital du flècheton, la restauration du réseau paratonnerre de la flèche, la couverture en cuivre de la dalle du tabouret en pied de la flèche, et les travaux d’éclairage de mise en valeur de la flèche.

Méthodologie et phasage de mise en œuvre :

L’exceptionnelle élévation de l’ouvrage et la complexité d’accès et d’intervention imposent la mise au point d’une méthodologie et d’un mode opératoire tout à fait spécifique. 
En effet, la difficulté majeure de ce projet n’est pas tant dans les prescriptions de restauration, mais dans leur réalisation in situ, l’ouvrage ne pouvant faire l’objet, ni d’une dépose générale, ni d’un échafaudage complet toute hauteur qui constitueraient une charge trop lourde pour l’édifice. Ces conditions tout à fait particulières ont imposé une réalisation en deux opérations distinctes, mais successives, compte tenu des échafaudages et installations de chantier monumentales nécessaires à ces travaux. 

La première opération, préparatoire, comprend deux phases annuelles programmées sur deux exercices, avec pour objet :

- la mise en place des installations de chantier depuis le sol et jusqu’à la base du tabouret à 67 m, puis l’échafaudage de la partie basse de la flèche jusqu’à 87m ;
- la mise au point des protocoles d’intervention in situ pour le déplombage de la flèche ;
l’ensemble des tests, essais nécessaires à la définition des protocoles d’interventions des lots peinture et charpente métallique intervenants en seconde opération ;
- la dépose d’un exemplaire de chaque élément typologique en fonte pour fabrication des moules des fontes à remplacer à neuf ;
- la fabrication en fonderie de toutes les pièces en fonte à refaire à neuf (pour la lanterne et le flècheton, la fabrication en fonderie des pièces est prévue en phase 6) ;
- la consultation des lots charpente métallique et peinture pour la restauration effective.

La deuxième opération d’exécution, programmée en 5 phases annuelles a pour objet :

- le déplombage des ouvrages sur la hauteur considérée, puis la restauration par le métallier des éléments des décors en fonte, de la structure en corten et de leurs assemblages ;
- l’ensemble des traitements et peintures à réaliser sur la fonte et l’acier Corten sur la hauteur considérée de la phase en cours ;
- le déplacement successif des échafaudages, ascenseurs et protections à l’avancement avec mise en œuvre des platelages intermédiaires de supports.

Pour cette seconde opération, le découpage par phases (3 à 7) a trouvé sa justification par la capacité de l’ouvrage à supporter les échafaudages et platelages à mettre en œuvre, de leur charge sur l’édifice et de la prise au vent que leur volume engendre. 
Au total, ce sont donc 7 phases successives de travaux qui sont programmées pour la restauration de la flèche :

Phases préparatoires : 

Phase 1 : Installations de chantier et échafaudages, travaux préparatoires, mise au point des protocoles en partie basse de la flèche : niveaux 67 à 85 (18 m)
Phase 2 : Fabrication des fontes en atelier, consultation des entreprises pour les phases de restauration et d’exécution (phases 3 à 7)

Phases d’exécution :

Phase 3 : Restauration de la partie basse de la flèche : niveaux 67 à 85 (18 m)
Phase 4 : Restauration de la partie intermédiaire de la flèche : niveaux 85 à 103 (19 m)
Phase 5 : Restauration de la partie haute de la flèche : niveaux 103 à 129 (26 m)
Phase 6 : Restauration du lanternon et du flècheton : niveaux 129 à 151 (22 m)
Phase 7 : Restauration du tabouret et travaux d’accompagnement niveaux 52 à 67 (15 m)